Prenez Jacky, le coach troyen. Le moins que l’on, puisse dire, c’est que sa position au sein du club est précaire, pire qu’il est assis sur un siège éjectable façon pilote de vieux coucous. Mais dans l’Aube traditionnellement on privilégie l’innovation locale. Avant le match contre Bastia, au lieu de virer purement et simplement l’entraîneur (comme il se fait partout quand un club est lanterne rouge avec une seule victoire au compteur en treize journées), on lui a collé aux basques un Romano. Pas n’importe lequel, Serge de son prénom. Il connaît bien les murs. Ni gitan ni bohémien, celui-ci était l’ancien adjoint du bon docteur Perrin avant sa migration sur la Canebière.
Cet été, ce dernier voulait d’ailleurs l’emmener dans ses valises et l’imposer à la Commanderie. A l’époque, l’opération n’avait pu se réaliser. Entre-temps, Bonnevay avait choisi José Pinot, son complice de Beauvais, pour l’assister à Troyes. Mais vu l’absence de résultats, on ressort Romano du placard et le fameux choc psychologique se produit. L’ex-nouveau coach bis pousse un coup de gueule, les joueurs à l’image de Goussé réagissent et fustigent les corses. L’ESTAC n’est plus dernier et Bonnevay sauve sa peau.
Alors, on se remémore, en l’occurrence le président Vacelet, que l’ex-joueur messin avait fait du bon boulot les années passées. Excusez-du peu, il avait tout partagé avec Perrin. Le purgatoire de la D2 jusqu’à la qualification pour l’Europe. Il connaissait bien sa méthode, son style, sa philosophie. C’était son alter-ego, son confident, son double. Avec lui, il avait maté inlassablement mille et cent vidéos, décortiqué chaque action, peaufiné chaque détail. S’il y en a un qui peut faire déjouer le système phocéen, c’est bien sézigue! Sur le bout du nez qu’il le possède son Perrin illustré…
C’est donc un drôle de cheval troyen que l’on reçoit samedi au Vélodrome. Pour ainsi dire, l’ennemi est dans la place. Souhaitons qu’à l’instar de son mythique ancêtre, il ne recèle en son sein point de mauvaise surprise. Pour ce duel quasi homérique, il nous reste à implorer les dieux de l’Olympe qu’aucun de nos guerriers ne fasse figure de talon d’Achille, un os paradoxalement proscrit dans les sports de pieds.
Heureux présage néanmoins, contrairement à l’odyssée armoricaine, le vaisseau phocéen pourra compter sur un équipage conséquent. Retour de suspension du chef de pont Celestini et, espérons-le, fin des blessures récurrentes pour Cap’tain Leboeuf. Les artilleurs Sakho et Fernandao restent néanmoins très incertains. Les oracles prédisent le retour de Runje.
Alors Romano versus Perrin, c’est un peu le remake d’Abel et Caïn. Un choc consanguin. Un authentique combat de clones. Une guerre fratricide qui vaudra son pesant de cacahouètes sur le plan tactique. Malheur au vaincu. Le premier apercevrait de plus près le spectre de la descente aux enfers, le second subirait de plein fouet la terrible humiliation d’une défaite dans ses murs…