Il est loin le temps où l’OM pouvait lutter sur tous les tableaux. Il est loin le début de saison, où du côté olympien on ne jurait que par le championnat. » L’OM champion « , c’était le credo des entraîneurs de Ligue 1. » Au moins dans les trois premiers « , se contentait-on de pronostiquer rue Negresko. Presque un an plus tard, la situation de l’OM confirme que si le football est une science, elle est loin d’être exacte. L’OM est bien sous le feu des projecteurs, mais pas où on l’attendait ; détaché en championnat, Marseille est à 90 minutes d’une seconde finale en coupe de l’UEFA.
Or, pour chasser plusieurs lièvres à la fois, il faut des munitions. Beaucoup de munitions. Voilà le problème auquel notre club est confronté : si José Anigo est parvenu à édifier une équipe-type bien en place, celle-ci est incapable d’enchaîner des performances de haut niveau tous les trois jours. Non pas que nos joueurs soient des semi-avortons asthmatiques, loin de là ! Le problème vient plutôt de notre jeu qui, très physique, requiert de chacun un engagement total et constant. Un jeu qui fait merveille lors des grands rendez-vous européens, mais qui n’est pas adapté aux calendriers surchargés du football moderne. Ainsi, pour ne pas s’essouffler, l’OM doit choisir ses proies.
C’est sans doute ce que se dira le bon José au moment de composer son équipe. Alors que se profile un rendez-vous historique pour l’OM en coupe d’Europe, il serait suicidaire d’aligner ce soir le onze majeur phocéen. C’est en tout cas ce que pense notre homme, qui a annoncé une importante rotation d’effectif. Ce match sera ainsi – sauf énorme surprise – une chance (où une malchance, c’est selon) de voir ou revoir à l’oeuvre les cireurs de banc de l’ère Anigo : les Tchèques Stepan Vachousek et Rudolf Skacel, les déclassés Johnny Ecker et Philippe Christanval ; mais aussi des minots aux dents longues : Koke bien sûr, et – pourquoi pas ? – une petite surprise du chef. Des minots, en tout cas, ils en trouveront face à eux : le renouveau lorrain est en grande partie le fait des jeunes pousses grenats. Butelle, Renouard ou Gueye ont apporté au FC Metz le talent qui lui manquait, avec – de surcroît – l’insouciance et la spontanéité qui caractérisent la jeunesse.
Nos réservistes trouveront donc sur leur chemin une équipe compétitive. Pas des Ljuboja ou des Pauleta, certes, mais pas non plus des quiches, sans mauvais jeu de mot. C’est une prise de position bien tranchée que José va affirmer ce soir : en opposant ses seconds couteaux aux jeunes Messins, il confirmera on ne peut mieux qu’entre le championnat et l’UEFA, il a fait son choix. Mais pouvait-il en être autrement ? De nombreux points indiquent que non : Auxerre a de l’avance, dispose d’un calendrier relativement favorable et n’a plus que le championnat à disputer ; l’OM quant à lui n’est qu’à deux matches d’une qualification en coupe d’Europe et – surtout ! – d’une victoire historique en UEFA. En outre, si Anigo avait décidé d’aligner son équipe-type face aux Lorrains, celle-ci aurait nécessairement joué la tête à Göteborg et les jambes aux vestiaires, ce qui aurait compromis et le match de ce soir et celui de jeudi.
Alors quoi qu’il arrive, ne jetons pas la pierre à l’entraîneur marseillais. Son choix – jouer sa saison sur deux matches – paraîtrait fou dans un autre contexte, mais au vu de la situation de l’OM, il est le plus sensé.
En somme : soyons réalistes, n’exigeons pas l’impossible !