Qui se souvient qu’à la trêve hivernale, l’En Avant pointait gaillardement sa trogne en troisième position du classement général à seulement un point de notre OM ? A l’aise dans leurs sabots, les paysans bretons avaient réussi leurs travaux d’automne et la culture de la victoire inculquée par Marchand, l’ex-sorcier de Thouars, avait porté ses fruits.
Oui mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts et l’hiver se montra terrible avec les belous d’Armorique. Quand la bise fut venue, ils se trouvèrent fort dépourvus et, pour le supporteur celtique, le film de janvier-février ressembla plus à « On n’achève bien les chevaux » qu’à « Fantasia chez les ploucs ».
Excusez du peu. Huit défaites en neuf rencontres et le terrible épouvantail de la descente aux enfers venait bientôt hanter les esprits rouge et noir. Bon, depuis deux matchs, papa Nono est revenu aux affaires, après trois mois de break pour raisons de santé. Hasard ou coïncidence, les attaquants du cru ont enfin stoppé leurs vendanges à rallonge et la défense locale n’a pas pris l’eau depuis lors.
Çà rassure un tantinet. Les catastrophes naturelles, c’est pas leur bol de lait cru aux ruraux. On a jamais aimé les inondations à la cambrousse. Faut dire que les bons laboureurs possèdent quand même l’arrière-garde la plus perméable du championnat derrière les sangliers ardennais. 44 buts encaissés, à ce niveau-là, on parle plus de passoire mais carrément d’entonnoir.
Loin des pratiques rustiques de nos amis du Roudourou, Perrin, le gentleman-farmer de la Commanderie, continue son inlassable labeur. Lui, il prône les techniques modernes, l’élevage intensif et pas seulement de chèvres, la culture hors-sol ou plutôt hors-pelouse. Un homme de son temps, l’Alain! La preuve, la vidéo, c’est son dada. A ceusses dans les rangs phocéens, qui voulaient prôner l’attaque contre la bande à Loulou, il a répondu niet.
Il leur a repassé en boucle le film d’horreur OM-PSG et leur a foutu les jetons. D’après sézigue, on n’a pas les joueurs qu’il faut pour emballer un match. Donc on fait « Tous derrière et lui devant » avec Baka dans le rôle du petit cheval blanc… Prudence est mère de sûreté rappelle le vieil adage.
Diantre, çà manque un poil de panache mais d’aucuns diront que çà permet de se maintenir au contact des mignons du prince. Eux, par contre, du côté du Rocher, point de vue offensif, ils sont complètement euphoriques, quasiment en état de grâce (et pas seulement de Monaco).
M’enfin, pour la venue samedi des souffleurs de biniou, va falloir concocter une partition ad hoc. Surtout pas de fausse note mais bel et bien un jeu haut de gamme. Là c’est au Vélodrome et on va pas encore jouer les pisse-froid. Marre des mélodies en sous-sol, on veut du tempo et du lyrisme aussi. « De la musique avant toute chose » disait Verlaine. « Il faut être prudent mais non pas timide » ajoutait Voltaire…