Il faut parfois peu de choses pour retrouver le moral. Une qualification face aux Reds, une victoire entre Saône et Rhône, voilà qui suffit à redonner des couleurs aux plus blêmes d’entre nous. En se positionnant comme arbitre du championnat et en jouant les trouble-fête en UEFA, l’OM a renoué avec la sensation d’être important ; après avoir ridiculisé le pathétique Houiller et l’antipathique Aulas, les Marseillais sont enfin pris au sérieux : en deux temps deux mouvements, l’espérance a repris le dessus, et c’est avec optimisme que l’on envisage ce quart de finale.
Un optimisme légitime à bien des égards. L’Inter de Milan n’est en effet pas au mieux : les Lombards jouent les seconds couteaux en championnat, et c’est dans la douleur qu’ils ont vaincu nos compatriotes sochaliens. Il s’agit d’un groupe fragilisé, tant par les absences de certains joueurs clés – en l’occurrence Toldo et Recoba – que par une ambiance exécrable. Problèmes de riches : les Milanais ont appris à leurs dépends combien il était difficile de faire cohabiter une pléthore de vedettes. Demandez aux tricolores de l’équipe, Bréchet et Lamouchi, ce qu’ils en pensent…
Mais pour que l’optimisme ne mène pas à l’aveuglement, une piqûre de rappel de bon sens n’est pas superflue. Si les Nerazzuri déçoivent dans le calcio, n’oublions pas qu’il s’agit peut-être du championnat le plus relevé du monde, et que sur un match ils sont capables de battre n’importe qui : la Juve en a fait les frais lors de la dernière journée. En outre, étant définitivement distancés dans la course au scudetto, nos adversaires auront à coeur de remporter la coupe de l’UEFA, qui seule permettrait de sauver leur saison. Enfin, le poids des absences et des méformes individuelles est à relativiser : l’effectif milanais est un réservoir de talents, et l’OM aura nécessairement face à lui onze cadors. Inutile de les citer, nous entendons et entendrons suffisamment parler d’eux.
C’est donc une bête blessée mais néanmoins dangereuse qu’affrontera l’OM. Le club phocéen se présentera lui aussi amoindri : Ahmed Hossam Mido suspendu, Steve Marlet blessé, Koke non qualifié, l’attaque reposera une fois de plus sur le seul Didier Drogba, heureusement rétabli. Quant à Stepan Vachousek, sa forme encore précaire ne lui permet pas de jouer plus de 20 ou 25 minutes (dixit Anigo). Le reste de l’équipe, à l’exception de David Sommeil, non qualifié, tiendra sa place. Fabien Barthez a fait taire jusqu’aux plus acharnés de ses détracteurs, Habib Beye confirme de match en match ses bonnes dispositions en défense centrale, et Camel Meriem sera peut-être mis en confiance par ses deux buts contre Bordeaux et Lyon.
La difficulté consistera ce soir à trouver un équilibre entre enthousiasme et méfiance. L’un et l’autre seront pourtant nécessaires : l’enthousiasme, car nos hommes, objectivement inférieurs aux Milanais, auront besoin d’être transcendés, ne serait-ce que pour résister défensivement ; la méfiance, car un instant d’inattention pourrait définitivement hypothéquer nos chances de qualification.
Préserver l’espoir, tel est donc l’enjeu. Le sort de chaque confrontation européenne se dénoue au match retour ; il s’agit donc de conserver nos chances en vue de l’affrontement final. Le fait de ne pas recevoir lors de la seconde manche est peut-être – très paradoxalement – une chance pour nous : l’OM a prouvé à Lyon qu’à défaut de faire le jeu il était capable de jouer le contre, et un Inter contraint de marquer sera certainement plus fébrile que dans sa configuration défensive. A cet égard, un zéro à zéro ne serait pas une si mauvaise opération.
« La fin de l’espoir est le commencement de la mort » disait de Gaulle. Puisse le match de ce soir nous accorder un sursis !