OM : Labrune et les raisons d’un désamour

Humiliés par Lorient à domicile (0-3) après l’avoir été dans la même enceinte une semaine auparavant par l’Olympique Lyonnais (1-4), les Marseillais ont été bien entendu sifflés à leur sortie du terrain ce qui parait être le minimum syndical au regard du jeu proposé par l’équipe depuis quelques semaines (excepté contre Brest). Avec 11 buts […]

Humiliés par Lorient à domicile (0-3) après l’avoir été dans la même enceinte une semaine auparavant par l’Olympique Lyonnais (1-4), les Marseillais ont été bien entendu sifflés à leur sortie du terrain ce qui parait être le minimum syndical au regard du jeu proposé par l’équipe depuis quelques semaines (excepté contre Brest). Avec 11 buts encaissés et 3 buts inscrits lors des 4 derniers rencontres, l’OM est un des cancres de la L1 de ces dernières journées et ne doit son classement qu’à la médiocrité de ses concurrents. Il était donc logique que le public, s’il n’a pas épargné les joueurs, s’en prenne aussi aux autres responsables actuels du club. Cela avait le cas avec Didier Deschamps la saison passée. C’était dimanche soir le cas de Vincent Labrune qui, même s’il estime certainement que ce traitement est fort injuste, doit cependant se rendre compte que ce mécontentement n’est ni le fruit d’un complot, ni une réaction épidermique après à un rire volé. C’est au contraire la conséquence lente d’une conjonction de décisions, d’attitudes et de mauvais résultats (dont il n’est pas forcément le seul responsable). En voici quelques-unes.

Le départ de Diouf toujours mal digéré

Président de l’OM de 2005 à 2009, Pape Diouf demeure très populaire dans la cité phocéenne qui n’a toujours pas digéré son départ et ce d’autant que les difficultés actuelles du club confortent le Sénégalais dans la politique d’auto-suffisance qu’il avait su mettre en place. Président du Conseil de Surveillance de l’OM, Vincent Labrune a bataillé durant de longs mois en 2008-2009 avec le dirigeant phocéen jusqu’à ce que Robert Louis-Dreyfus décide de lui donner raison et d’écarter Pape Diouf. Pour les Marseillais, le raccourci est simple : Labrune est l’homme qui a fait tomber Diouf. Et peu importe si la réalité est en fait plus complexe. Toujours présent dans les médias, l’ancien président olympien sait depuis entretenir son histoire d’amour avec Marseille et les Marseillais en étant présent assez régulièrement dans l’actualité du club, dans les médias (cette semaine dans La Provence par exemple) et même au Stade Vélodrome en tant que « simple » supporter. « Je suis sans doute le seul président de l’histoire de l’Olympique de Marseille que l’on revoit régulièrement au stade » se plait à répéter Diouf. Bien vu. Face à lui, Labrune a donc du mal à supporter la comparaison. Mais d’autres le pourraient-ils ? On en doute.

Une communication pas très marseillaise

Bernard Tapie, Pape Diouf, Eric Gerets ont été (et le sont toujours) très populaires à Marseille notamment pour une raison en particulier : leur capacité à manier le verbe haut et à chambrer. La communication « feutrée » et la discrétion de Vincent Labrune dans les médias peinent donc à enthousiasmer des Provençaux férus de galéjade. Son étiquette de Parisien, bien élevé, beau gosse lui colle aussi à la peau et le dessert là où, dans la capitale, cela serait un atout. « Il a du charisme, mais il n’a pas le profil » expliquait Bernard Tapie à son propos il y a quelques mois. Marseille n’est pas une ville comme les autres et les codes ici sont bien différents de ceux de Paris. Cet été, Pape Diouf avait lui aussi égratigné le président olympien. « On ne peut pas se cacher, il faut se mettre devant, savoir prendre des coups et en donner. » Des coups, Vincent Labrune en prend et en donne mais de façon très différente de ses prédécesseurs. Tapie ne disait-il pas que les Marseillais réclament « du cirque, du spectacle » et que « le président doit ressembler à ça. » Sauf que Labrune n’y arrive pas ou tout du moins n’essaye pas.

Une politique d’austérité qui passe mal

« Ce soir il n’était pas sur le terrain (…). Je ne vois pas pourquoi on montre le président du doigt » s’interrogeait Elie Baup hier après la cuisante défaite que ses hommes ont concédée à domicile face à Lorient (0-3) quelques jours après en avoir pris une leçon face à l’OL (1-4). Contraint de serrer la vis par les dépenses des saisons passées (il était président du Conseil de Surveillance lors de l’onéreux mercato estival 2009), Vincent Labrune a actuellement le mauvais rôle. Il doit faire aussi bien que par le passé – c’est ce que les supporters exigent – avec moins de moyens et face à un PSG dispendieux. Une pilule que les fans ont du mal à avaler et ce d’autant que la défiance vis à vis des chefs des groupes de supporters est aussi bien réelle. Passé de 140 millions à 100 millions en une saison, le budget de l’OM a contraint Labrune à céder beaucoup de joueurs depuis un an. Et s’il n’est pas le premier responsable de cette politique, il est celui qui la met en oeuvre.

« Un président qui est quand même le responsable suprême de tout ce qui se passe, que ce soit sur le plan financier ou sur le plan sportif » s’exclamait Pape Diouf cet été. Dans une période où l’OM n’a pas d’argent et n’a pas de résultats sportifs satisfaisants (élimination en Coupe de la Ligue, en Europa League et des stats en chute libre en championnat), il est donc logique que le rôle de Labrune à l’Olympique de Marseille soit discuté. Ce dernier ne comprend pas pourquoi, avec un OM sur le podium, il est remis en cause. Doit-on lui rappeler qu’un de ses prédécesseurs (qu’il a bien connu) a été viré malgré une bonne gestion financière et une place de dauphin en mai 2009 ?