Après de longues années de maigres moissons, il n’en fallait pas beaucoup pour que le supporter marseillais pense enfin à changer ses menus et goûter à autre chose que les traditionnels rutabagas. Bien sûr, il y avait autre chose à se mettre sous la dent ces dernières années ; mais les carottes promises chaque saison se sont régulièrement avérées être bien cuites avant l’heure. C’est en position de véritable outsider de ce championnat que les Phocéens reçoivent l’équipe du Mans. Méfiance, concentration et ambition seront donc au programme.
Il ne faut pas oublier que l’année dernière lorsque les joueurs marseillais se sont pointés chez les Manceaux, ils ont affichés un manque d’envie évident qui s’est soldé par une correction en bonne et due forme de la moissonneuse-batteuse mancelle. Cette déconvenue doit servir de référence en humilité. Avant de se faire respecter sur ses terres, il faut apprendre à respecter l’adversaire. A domicile ou à l’extérieur. Pour cette réception, la pelouse devrait servir de nouvelle donne encore. L’ancienne semblait être en jachère perpétuelle malgré le dur travail de supporter que nous, pauvres paysans, tributaires des dirigeants, ont effectués. Car ce n’est pas faute d’avoir essayé, nos pousses même fanées sont supportées encore et toujours. Au niveau artistique, on ne peut pas dire que les 11 fleurs souvent aperçues sur l’herbe cherchaient l’élégance d’un jardin anglais. Il serait plus sage de dire que c’est surtout un patchwork dreyfusien qui a été affiché crânement. La Bonne Mère servant de machine à coudre. Lourdes subit une défaite sur ce point. Il faudrait plus qu’un miracle pour s’en sortir du côté de la bulle marseillaise. Un label officieux, l’Appartenance Originelle de la Connerie fait figure de bannière et est présent sur le maillot. Au moins on ne pourra pas se plaindre de manquer d’un 9 d’expérience. On peut juste regretter le débit insuffisant. A quand le dégroupage ?
Labourer, surveiller, planter sont des termes que nos dirigeants et en particulier notre entraîneur doivent continuer à s’ancrer dans le crâne. Le groupe doit comprendre que ramasser deux ou trois radis par saison est plus qu’insuffisant ! Que dire de plus ? Les tomates sont bientôt mûres et pourraient ne pas finir en salade… Le Vélodrome doit redevenir une forteresse imprenable, comme une citadelle de Vauban, mais avec cette fois-ci les canons pointés vers l’extérieur. Nos dirigeants nous ont promis de la continuité, dans l’effectif on constate que c’est plutôt le cas. Dans le jeu on surfe encore sur la vague de l’année dernière avec l’état d’esprit inculqué par Jean Fernandez, le dispositif offensif qui convient parfaitement à notre devise et la bonne habitude prise qui consiste à régler le cas des personnes qui piétinent nos champs. Malgré le fait que certaines de nos brebis sont mises dans un enclos à part et que certaines d’entre elles tardent à partir en transhumance, le groupe est plutôt clair et ne devrait malheureusement subir que de légers coups d’engrais. En espérant que tout fonctionne à merveille et que les meules de foin ne vont pas s’accumuler encore. L’effectif est jeune, il parait que les plantes vertes aiment bien la musique et en général plutôt du classique. Admettons ! Le classique marseillais subit un embouteillage en déconvenues, maladresses et erreurs de casting. La récolte pourrait bien être bonne cette année, les étés sont traditionnellement orageux sur l’effectif phocéen. Cette fois-ci, il n’en est rien malgré l’aguichage permanent du plus fieffé des menteurs qui pense faire la pluie et le beau temps de l’agriculture footbalistique française. L’équipe du Mans aura beau faire l’étalage de ses produits sur la pelouse, il en faudra un peu plus pour contrecarrer les plans de l’équipe marseillaise, désormais sûre de sa force.
Ce match de championnat est la meilleure des occasions de prouver que l’Olympique de Marseille aura son mot à dire dans ce championnat si faible. Le supporter depuis des lustres paye rubis sur l’ongle sa dîme ingrate et n’a que faire des chèques signés par la main tremblante de l’actionnaire qui afin de s’absoudre de sa présence fantôme règle la gabelle. Les supporters n’attendent qu’une chose, une seule : redevenir une grande coopérative capable de titiller les plus grosses exploitations agricoles françaises ou européennes. Car il faut le rappeler si une seule graine était à planter pour garnir notre jardin, ce n’est pas une valise douteuse enterrée 2 mètres sous terre ou des chrysanthèmes vu qu’il y a overdose, c’est bien ce qui nous manque pour enfiler les titres : la culture de la gagne !