Les lecteurs assidus du fil info d’OM Planète s’en seront sans doute aperçus, mais cela va mieux en le disant : les joueurs marseillais ont semblé enthousiasmés par le changement tactique opéré par Didier Deschamps après la défaite face à Arsenal, remplaçant le laborieux 4-3-3 (ou 4-5-1, si l’on préfère) du début de saison, par un 4-4-2.
Plus encore que le retour des résultats, c’est le plaisir pris à jouer qui revient le plus souvent dans les déclarations des olympiens. On pourrait ajouter : le plaisir pris par les spectateurs à regarder les matchs…
Des attaquants qui se régalent
Les premiers satisfaits, ce sont évidemment les attaquants, car le nouveau système permet à Loïc Rémy de ne plus être seul en pointe, offre l’occasion à Jordan Ayew de se montrer, et offre à André-Pierre Gignac la possibilité de reprendre contact avec le terrain dans un rôle qu’il affectionne : ni totalement excentré, ni seul devant.
C’est de loin Rémy qui en parle le plus et le mieux, et ce, dès l’inauguration du nouveau système, contre Ajaccio : « jouer avec deux pointes, c’est la meilleure manière de mettre la pression sur l’adversaire […] C’est bien d’avoir un joueur en point d’appui et moi qui prends la profondeur, en tout cas ça m’a fait du bien de jouer comme ça. On s’est procuré pas mal d’occasions. »
Et son opinion n’a fait que se renforcer avec le temps… « Depuis qu’on est en 4-4-2 les occasions sont là, on gagne des matches. Ce système permet de mieux nous exprimer devant, que ce soit Jordan qui aime bien fixer les défenseurs et moi la profondeur. » Il ajoute enfin : « On reprend vraiment du plaisir à retrouver ce visage qu’on avait perdu ces derniers temps.« . On allait le dire…
Des milieux qui se réjouissent
Même s’ils bénéficient moins directement du redéploiement de l’attaque phocéenne, les hommes de l’entrejeu saluent également le nouveau dispositif, à l’instar de Charles Kaboré : « avec le 4-4-2, on a plus d’occasions et plus d’attaques. En plus on marque.« .
Morgan Amalfitano est quant à lui plus réservé, comme à son habitude, mais, sur le fond, l’idée est la même : « Ce n’est pas à moi de dire si c’est la meilleure solution, mais on a eu de bonnes sensations dans ce système« . Reste à savoir si cette meilleure distribution des rôles sur le front offensif ne fragilise pas l’arrière-garde marseillaise…
Des défenseurs qui se rassurent
C’est même tout le contraire, aux yeux des principaux intéressés, les défenseurs, qui eux aussi saluent le dispositif en 4-4-2, qui a entre autres le mérite de mieux répartir les efforts sur l’aile.
Le latéral espagnol, Cesar Azpilicueta, apprécie notamment le resserrement des lignes. « Il y a plus de présence offensive avec deux attaquants. Les résultats sont là, on a marqué plus de buts, j’ai la sensation que quand on arrive près de la surface, on amène plus de danger. Dans le 4-3-3, parfois il y a trop d’espaces pour monter, mais il y a les mêmes espaces pour défendre, donc c’est plus compliqué. Là, on est plus proches, et donc il y a plus d’aide offensive et défensive. »
Moins directement concernés par ces changements, les défenseurs qui n’étaient pas titulaires ces dernières semaines, semblent eux aussi satisfaits. C’est le cas de Stéphane Mbia, qui, blessé, a pu contempler les matchs depuis les tribunes : « Il y a un système qui a été mis en place et ça porte ses fruits. Les personnes qui profitent de ce système ce sont les joueurs et je pense que le coach y est pour beaucoup aussi car c’est lui qui a changé cette donne. Nous sommes tous contents« .
De même, pour l’expérimenté Djimi Traoré, c’est par ses nouveaux choix tactiques que Deschamps a obtenu de meilleurs résultats, « en ayant changé de système et en faisant confiance à pas mal de joueurs« .
L’ambivalence de Lucho
Tout le monde est content ? Pas sûr. Si l’on n’a pas entendu Diarra s’exprimer sur ce sujet, on peut remarquer que celui qu’on désigne en général comme le grand perdant de ce New Deal tactique, Lucho, n’est pas plus enthousiaste que ça. « Le coach sait que je peux jouer à droite en 4-4-2, comme contre Nice. Je peux aussi jouer en n° 6. Peu importe la place, ce que j’aime, c’est jouer. » Il ne va quand même pas jusqu’à dire qu’il préférait l’ancien système ! Mais peut-être que pour lui, « jouer » voudra bientôt dire « jouer ailleurs qu’à l’OM »…
Deschamps sera-t-il influencé ?
L’ancien champion du monde pâtit d’une réputation d’entraîneur plutôt têtu, voire même borné ; mais il a récemment montré qu’il pouvait évoluer à la suite d’une série de mauvais résultats. Les joueurs qui parlent tactique dans la presse chercheraient-ils à en profiter et à imposer leurs préférences au coach ?
Pas forcément ; presqu’aucun ne manque de préciser, comme Amalfitano (voir plus haut) ou Rémy, que le dernier mot revient à Deschamps : « C’est le coach qui décide. Nous sommes là pour appliquer les systèmes qu’il met en place« . Lucho, lui aussi, sait qu’il dépend des ordres du technicien : « La place, c’est le coach qui décide. J’ai envie de jouer« .
Laissons donc le dernier mot à Deschamps, qui semble moins dogmatiquement accroché à son nouveau 4-4-2 qu’il l’avait été avec l’ancien 4-3-3 : « C’est intéressant, c’est encore à travailler. C’est une solution, tout dépend aussi de l’adversaire. Parfois cela peut être risqué. Je pèse toujours le pour et le contre et quand la balance penche d’un côté, je prends la décision. »
Il faudra donc attendre les prochains matchs, ô combien importants, contre Montpellier, l’Olympiakos et le PSG, pour savoir à la fois si Deschamps persévère avec les deux pointes contre des équipes censées être plus dangereuses, et s’il porte toujours ses fruits !