En traitant ses joueurs d’enfants il y a quelques semaines, José Anigo avait bien choisi son qualificatif. Car question maturité, les membres du vestiaire phocéen semblent autrement plus proches d’un Justin Bieber que d’un Franco Baresi. A quelques exceptions près, ils paraissent effectivement plus à l’aise dans les soirées huppées des boîtes de nuits aixoises que sur les pelouses (ou plutôt les terrains parsemés d’herbe) du championnat de France de Ligue 1. Qu’on ne s’y trompe pas, les jeunes ne sont pas les seuls visés. Preuve d’un mental friable, face à Monaco, Souleymane Diawara, pourtant l’un des guerriers les plus aguerris de notre effectif, a sombré. Visiblement découragé, l’international sénégalais a passé son match à regarder le sol, baissant les yeux comme une victime face à son bourreau. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’a pas retrouvé dans son attitude la détermination et l’orgueil qui l’habitait il y a encore quelques semaines. Tout n’est évidemment pas de la faute des joueurs. De nombreuses maladresses ont été commises ces derniers mois.
Le rajeunissement de l’effectif en question
Vincent Labrune est un homme intelligent qui, il faut bien l’avouer, tient des discours assez singuliers dans ce milieu aseptisé. Le redressement opéré la saison dernière, lors de laquelle l’OM a surpris tout son monde en se qualifiant pour la Ligue des Champions malgré un effectif très limité, s’est révélé impressionnant. Aussi on n’oublie pas que le mercato réalisé sous sa responsabilité a été salué par l’ensemble des médias en août dernier. A l’instar de Rolland Courbis en 2000 (avec Stéphane Dalmat et Peter Luccin), l’OM semblait s’être assuré un avenir radieux avec Giannelli Imbula, Mario Lémina ou Florian Thauvin. Et l’histoire s’est répétée. Cela n’était pas imprévisible pour ceux qui se souviennent des tempêtes qui ont secoué l’OM au début du millénaire. Le bateau phocéen, qui navigue depuis bien longtemps sans véritable taulier de vestiaire, se heurte aux comportements calamiteux de certains membres de son équipage. Au diable l’envie et la solidarité, chacun joue désormais pour sa gueule. Il faudrait leur expliquer que sans coéquipiers, sans travail et sans passion, le talent ne peut rien, à Marseille comme ailleurs. Mais cela ne changerait probablement pas grand chose. Il n’y a pas grand risque à parier que certains de ces Provençaux passeront à côté de leur carrière par manque de professionnalisme.
Le licenciement prématuré d’Elie Baup
Cela faisait un peu plus de six ans qu’aucun coach de l’Olympique de Marseille n’avait été remercié en cours de saison. En son temps, Pape Diouf avait parfaitement assimilé une règle qui lui avait permis de durer à l’OM : fuir toute décision susceptible de mettre en péril la stabilité du club. Si les supporters et journalistes ont paru dans un premier temps bien accepter le limogeage d’Elie Baup, il faut bien avouer que le sentiment est désormais bien différent. Vincent Labrune est habituellement si calculateur (car il a un plan pour le club parait-il) que l’on ne l’imaginait pas sans solution pour la suite. La nomination temporaire de José Anigo, en attendant de retrouver un véritable remplaçant d’ici quelques semaines, n’avait également rien de farfelue. Mais, autant on pourrait trouver ce dernier plutôt cohérent dans ses choix de directeur sportif ces dernières saisons, autant son bilan comme entraîneur s’avère calamiteux. Mentalement, les Olympiens ont lâché prise. Et tactiquement ce n’était déjà pas la panacée, c’est désormais la catastrophe.
Le projet de Vincent Labrune est certainement à longue échéance car l’apprentissage met beaucoup de temps. D’autant que l’exploit de 2012-2013 a peu de chance de se reproduire maintenant que Monaco est en Ligue 1.
Supporters : les médias en font-ils trop ?
Les quelques idiots qui sont allés faire ce tag stupide à la Commanderie n’ont peut-être pas encore pris conscience qu’ils s’étaient tirés une balle dans le pied. Car ils sont juste parvenus à décupler les gestes de soutien envers José Anigo. L’ensemble de la presse a condamné leur intervention. Outre l’écoeurement, cette action a conduit à de nombreux amalgames. La plupart des journalistes ont effectivement mis en corrélation un édito virulent des Winners (paru la veille) et ce gribouillage. Il faudra leur expliquer les divisions qui règnent dans les rangs des supporters phocéens. Depuis Bernard Tapie, José Anigo est le premier à être parvenu à ouvrir un réel dialogue avec les groupes de supporters. Il y a fort à parier que les auteurs du graffiti n’ont pas de lien avec ces derniers.
Quant à l’édito des Winners, quel emballement pour pas grand chose. Serait-ce différent dans les autres clubs ? S’ils ont indiqué regretter leurs mots face à la déferlante médiatique qui a suivi, on avait plutôt l’impression qu’ils avaient su plutôt bien retranscrire, cette fois, le mal-être des supporters. Ces journalistes qui s’insurgent devant cette soi-disant pression mise par le Vélodrome connaissent bien mal la maison olympienne, voire le football. Outre ce tag complètement crétin, les fans se tiennent jusque-là plutôt bien.
Et si MLD passait la main ?
Depuis 2009, MLD a engrangé quelques titres. On n’ira pas jusqu’à dire qu’elle est plus compétente que son défunt mari mais elle s’est certainement montrée moins influençable. Cependant, la passion ne coule pas dans ses veines. Et si l’on peut penser qu’elle soutiendra le club en cas de difficultés face à la DNCG, elle n’ira pas jusqu’à lui offrir quelques transferts retentissant pour le sortir de sa médiocrité. Margarita n’a pris personne en traitre car elle n’a jamais fait de promesses. Néanmoins, la majorité des fans rêvent aujourd’hui de l’arrivée d’un nouvel investisseur capable de lui donner les moyens de rivaliser avec les rivaux parisiens et monégasques. En outre, à moins qu’il n’ait demandé conseil à Martine Aubry, on a bien des difficultés à comprendre qu’un investisseur puisse privilégier le rachat du LOSC à celui d’un club comme l’OM. Dans les colonnes de France Football du 4 février 2014, la mairie, par la voix de Jean-Claude Gaudin, ne s’est pas montré favorable à une vente du club. Personne ne semble de toute façon vouloir dissiper le trouble qui entoure le club et il reste la question du stade, que la ville a jusque-là refusé de lui céder. L’hebdomadaire indique aussi que de nombreuses offres de rachat sont parvenues sur les bureaux des dirigeants ces dernières années.
Près de 20 ans après l’arrivée des Louis-Dreyfus à l’OM, Margarita n’a visiblement pas l’intention de vendre.
Ce sont les résultats qui confortent ou condamnent les choix réalisés lors d’un mercato. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour le moment 2013-2014 est un flop. La fatigue causée par la participation à la Ligue des Champions est une chose, l’incapacité à déployer un jeu cohérent malgré 40 millions d’euros investis en est une autre. Vincent Labrune a choisi d’ignorer la pression inhérente à Marseille en misant sur des gosses et en minimisant l’importance d’avoir un coach de haut niveau. On en paye aujourd’hui les frais. Par ailleurs, malgré la claque prise en Afrique du Sud en 2010, les footballeurs français sont pour la plupart rebutants en termes de professionnalisme et d’état d’esprit. La prise de conscience n’a pas eu lieu et on serait bien inspiré d’aller voir ce qu’il se fait sur les autres marchés européens ou sud-américains. Il suffit de toute façon de jeter un oeil au palmarès européen des clubs, quasi-nul, pour comprendre que cela ne date pas d’hier et combien le mal est profond. A l’image de son arbitrage, de sa Ligue et de sa fédération, le football hexagonal dans son ensemble est plus proche du football amateur que du football professionnel. Marseille, malgré les valeurs autrefois incarnées par son maillot, ne fait pas exception comme l’a démontré son parcours de Ligue des Champions. On espère que les récents évènements amèneront surtout MLD à reconsidérer sa position au sujet de son avenir au club.