« Il était une fois la magie de la Coupe d’Europe… ». Ce lancement célèbre de diverses fables, romans, ou récits, adapté au football colle parfaitement à Marseille. Ah, l’OM, que serait l’histoire de club centenaire sans la ferveur des folles affiches continentales, devant un Vélodrome en incandescence ? L’Olympique de Marseille a construit une grande partie de son prestige à travers les joutes endiablées face à Milan, Manchester United, l’Ajax Amsterdam et bien d’autres prestigieuses formations du Vieux Continent. La victoire n’a pas toujours été au rendez-vous, mais l’engagement que met traditionnellement l’OM dans ces rendez-vous incite au rêve quand la Ligue des Champions pointe le bout de son nez. N’oublions tout de même pas que si le club phocéen n’a pas le palmarès européen des autres glorieux précités, il demeure à ce jour l’unique club français, et donc évidemment le seul Olympique, à avoir brandi la coupe aux grandes oreilles, dans la nuit de Munich, un certain 26 mai 1993.
Si ce soir de rêve, où les Boli, Deschamps, Völler, Barthez, Desailly, Pelé, ou Sauzée, sont entrés à pieds joints dans l’Histoire, ou pourrait-on dire d’un coup de tête salvateur, reste comme le plus incroyable souvenir dans la frise olympienne, d’autres moins lointains, et beaucoup moins « clinquants », resteront également à jamais dans le patrimoine des supporters marseillais. Ces derniers, comme bien souvent, pourront s’enorgueillir d’avoir « dépucelé » Anfield Road un soir d’automne 2007. On reste dans des considérations françaises, certes, mais l’OM est à ce jour le seul club hexagonal à avoir battu le grand Liverpool, fief des Beatles, et tradition de ferveur exceptionnelle, dans son antre. Ce soir-là, la grâce a touché Mathieu Valbuena, qui, d’une frappe magique, fit vaciller les Reds à lui seul (1-0). Quasiment un an plus tard, ce souvenir est toujours bien présent, ancré dans les têtes phocéennes. Et il vaudra mieux retenir celui-ci, que de se repencher dans le cauchemar du match retour qui avait vu les « boys » de Benitez venir gifler nos olympiens à Marseille (4-0).
Car ce mardi, pour sa deuxième saison de rang en Champions League, l’OM reçoit Liverpool. Un double sentiment s’entrechoque à l’approche de ce match pas comme les autres. D’un côté, le rêve. Poussé par son public, l’OM a les moyens de rivaliser avec n’importe qui. Et la musique de l’UEFA, à quelques minutes du match, rappellera à tout le monde qu’il faudra être fort, très fort. Le contexte peut donner des ailes aux Marseillais, qui, la tête dans les étoiles, pourraient nous offrir une nouvelle soirée de gala, sur la lancée de leur excellent début de saison, ponctué de onze points en cinq matchs de Ligue 1, et d’une qualification européenne avec une double victoire face à Brann Bergen. Mais, d’un autre côté, aucun supporter marseillais ne pourra affirmer qu’il ne craint pas Liverpool. La terrible démonstration du match retour de la saison passée hante encore les mémoires, et on sait les Reds, vainqueur à Manchester ce week-end, excusez du peu, capables de faire encore très mal aux hommes d’Eric Gerets, comme à beaucoup d’équipes en Angleterre et en Europe.
Doté d’une véritable armada, avec des joueurs exceptionnels dans toutes ses lignes, le club de la Mersey voit très loin cette saison. Habitué à jouer les têtes d’affiche en C1, il veut continuer à tutoyer les sommets européens, et enfin rafler la Premier League, qui lui échappe depuis tant d’années, lui le club le plus titré de l’histoire du football anglais. Gerrard, Torres, Mascherano, Babel, Benayoun, ou Kuyt, les étoiles ne manqueront pas au Vélodrome. Benitez a réussi à conserver ses cracks, et a compensé le départ de Peter Crouch par l’arrivée de Robbie Keane. Autant dire qu’il n’a pas perdu au change. Mais l’OM devra croire en ses forces, et éviter de trop exposer ses faiblesses. Quelles sont-elles ? Eric Gerets, qui avait commencé son ère phocéenne par l’incroyable victoire d’Anfield, peut s’appuyer sur une force de percussion hors du commun. Le secteur offensif fait des étincelles à toutes ses sorties. Niang, Ben Arfa, Ziani, Koné, Valbuena, Zenden… Rarement autant de pépites avaient été associées à Marseille ces dernières années. Tournant à 2,14 buts par match, toutes compétitions confondues, l’attaque de l’OM a les armes pour tenir la dragée haute aux Reds. Mais, dans le même temps, la défense inquiète. Steve Mandanda ne peut pas tout faire tout seul, et le quatuor devant lui ne présente pas tous les gages de sérénité. Marseille a encaissé sept buts en sept matchs, soit une moyenne d’un but concédé par rencontre. Il est vrai que l’ouverture de la saison à Rennes y est pour beaucoup (4-4).
Tout le monde l’aura compris, c’est un match incroyable qui se prépare. Si l’OM parvient à se hisser à hauteur de son adversaire, l’opposition pourrait faire des étincelles. Les coéquipiers de Lorik Cana ont les moyens de taquiner Liverpool, mais, comme leurs glorieux prédécesseurs, ils devront se plier au jeu. Car, en football, et plus particulièrement en Ligue des Champions, le jeu en vaut souvent la chandelle. La victoire n’est pas impérative, mais l’essentiel sera de faire honneur au maillot marseillais devant l’Europe. Et se retrouver face à Liverpool, après tous les tumultes passés, est déjà un grand succès.