Au soir du tirage au sort, si l’on avait annoncé que le grand Liverpool se déplacerait à Marseille avec l’obligation de l’emporter pour se qualifier et que l’OM pourrait se contenter d’un nul pour accéder aux huitièmes de finale, nous aurions tous signé. Mais avec un départ quasi parfait et la victoire à Anfield, se retrouver dos au mur et devoir défendre un point précieux contre les Reds paraît un avantage bien faible. Dans le football comme ailleurs, les vérités du jour ne sont que rarement celles du lendemain.
Les hommes de Benitez en sont la preuve. Moribonds après les matchs aller, ils viennent de coller une volée à Porto (4-1) et surtout une rouste historique au Besiktas Istanbul, un huit à zéro qui a rendu les fesses turques écarlates. Comme ils l’ont démontré lors de la deuxième mi-temps de leur dernière victoire continentale, les Reds sont des coriaces.
Il n’y aurait pas à rougir d’une élimination, tant les adversaires sont pétris de talent, au regard des sommes folles dépensées sur les rives de la Mersey, où les dirigeants se sont saignés pour attirer un Torres qui n’a pas déçu jusqu’à présent. Mais il faut rayer le mot défaite de son vocabulaire à grands coups de feutre carmin. L’OM joue bien assez rarement la Ligue des Champions et connaître à nouveau le grand frisson des matchs à élimination directe ne se représentera peut être pas de si tôt. Les Olympiens se sont en effet mis dans le rouge très tôt dans la saison en enchaînant les matchs de piètres niveaux et remonter sur le podium de L1 sera bien difficile. Mais les récentes victoires à domicile contre Metz et surtout Monaco ont remis les hommes de Gerets sur de bons rails. La route vers les objectifs de début de saison ne sera pas drapée d’un tapis rouge, mais elle n’est pas non plus inaccessible.
Ces 90 minutes sont cruciales pour les deux équipes, mais la pression est sur Liverpool. Rafa Benitez aurait d’ailleurs déjà vu rouge en cas de défaite contre Porto, mais l’espagnol est toujours debout et il a repris sa muleta vermillon pour retourner dans l’arène. Son récent discours teinté d’arrogance n’a dupé personne, il a clairement la pression du résultat. Il a certes les armes pour battre une équipe olympienne inférieure sur le papier, mais il aurait une mémoire de poisson rouge en sous estimant la capacité qu’à l’OM de se sublimer dans les grandes occasions. Il suffit de demander à ce clown d’Aulas et à son nez rouge, si Mamadou Niang et ses coéquipiers ne savent pas répondre présents quand il le faut.
Quel bonheur au final, cette Ligue des Champions. Elle permet de rompre avec le quotidien d’une Ligue 1 morose et livre toujours des affiches dont on se souviendra encore longtemps. Si le feu rouge se dresse devant nous ce soir, indiquant la fin du chemin, il nous restera à être digne de cette Coupe UEFA qui fait rêver le personnage de cirque mentionné plus tôt. Mais elle a un goût de reviens-y, un goût de fruit rouge sucré que l’on aimerait goûter à nouveau très bientôt. Peut être que le plus célèbre homme en rouge, celui avec la barbe blanche et le traîneau, saura récompenser les supporters qui sont resté sages cette année, malgré un palmarès qui ne vaut toujours pas un radis.
Une qualification ce soir, et tout Marseille s’embraserait. La joie et la fierté d’avoir sorti le finaliste et d’accéder dans la cours des grands seraient d’immenses récompenses pour le travail remarquable de Gerets et pour tous les supporters qui continuent de croire en cette équipe. En cas de défaite contre plus forts, nous lèverions notre verre à la santé de nos vainqueurs en leur souhaitant le meilleur parcours possible. Mais je vous rassure, dans ce verre, une tomate uniquement. Le vin rouge de Bordeaux, c’est pour dimanche !