Lors de l’été 2003, toute la France du foot est prête à s’emballer à nouveau pour l’OM. Un recrutement perçu comme réussi, une première saison auréolée de succès pour le tandem Bouchet – Perrin; il n’en faut pas plus pour se croire à l’aube d’un nouvel âge d’or. Les mots sont révélateurs : on parle de » projet « , de » stabilité « , de » long-terme « … Sus au folklore phocéen, qui n’amuse plus personne; bienvenue aux vertus nouvelles, celles de la patience et de la sagesse. Le bon sens contre l’ivresse, la folie par-dessus mer et l’engatse aux oubliettes : la révolution culturelle est en marche…
… mais il faudra peu de temps pour comprendre qu’il s’agit d’un simple écran de fumée : les belles résolutions se font aussi vite qu’elles se défont, et l’inertie reprend invariablement le dessus sur la réforme. Comme au bon vieux temps, on change d’entraîneur en orientant le discours vers des thèmes identitaires : c’est quand même plus sympa avec l’accent. Et comme au bon vieux temps, rien ne se passe. Tout change, rien ne change : tout est contenu dans la célèbre maxime. Les hommes passent, l’esprit reste, dirait-on dans d’autres circonstances.
Les bonnes résolutions sont décidément peu de choses face au diktat du court-terme. Mais quoi de plus normal, au vu du décalage entre les ambitions et les réalisations olympiennes ? L’OM s’est installé – sans doute définitivement – dans le second peloton du championnat : il faudrait finir pied au plancher et ne pas s’arrêter à l’Orange pour pouvoir rejoindre les sommets de la Ligue 1.
Autant dire que la course est perdue d’avance… Alors, que reste-t-il pour se consoler ? Exit la Coupe de France, adieu la Coupe de la Ligue; quant à la Ligue des Champions, la descence la plus élémentaire m’interdit d’en parler, tant la tâche était insurmontable. Reste un seul espoir, une seule occasion de vibrer, ou plutôt de frissonner – soyons modestes. Un espoir qui tient en quatre lettres : l’UEFA, sournoisement qualifiée de » Ligue des Champions du pauvre » par certains nantis.
Mais comme nous sommes effectivement des pauvres au sein de l’Europe du foot, loin de nous l’idée de la snober! Il s’agit au contraire d’une belle opportunité de donner un soupçon de piment à une saison bien mièvre, et de montrer à l’Europe que l’OM, s’il n’est plus un grand, n’a pas complètement disparu de la scène continentale; un quart de finale ferait en outre du bien à un indice en passe de devenir anecdotique.
Un bon coup à jouer, donc, d’autant plus qu’il n’a rien d’irréalisable : le match nul obtenu outre-manche rend possible – probable diront les optimistes – une éventuelle qualification. Les Anglais, en dépit d’un léger mieux entr’aperçu en Premier League, restent convalescents, à l’image de l’ex-Ballon d’Or Michael Owen (Et non pas Mi-cha-ël, quoi qu’en dise la fine équipe des commentateurs d’Eurosport!). Du côté marseillais, c’est la défense qui fait peur… Mais n’a-t-elle pas connu semblables déboires à Bastia, juste avant le match aller en l’occurence ? Rien d’excessivement inquiétant, donc. Cette irrégularité apparente est en fait devenu un mode de fonctionnement très régulier : l’OM d’Anigo, après avoir collectionné les nuls, enchaîne désormais les bonnes performances et les déroutes.
Un match pour une saison, donc ? Certes pas : la pillule du jeu développé et du classement est bien trop dure à avaler pour nous autres supporters. Cette saison est un échec, et un quart de finale n’y pourra rien : c’est tout un projet qui est tombé à l’eau, ni rien ni personne ne pourra le repêcher.
Parlons plutôt d’une saison pour un match. Car si nos espoirs se cristallisent désormais sur cette seule rencontre, c’est que le reste n’a été qu’échecs et désillusions. Un huitièmes de finale comme point d’orgue d’une saison, n’est-ce pas là finalement la chose la plus désespérante ?
La Coupe d’Europe est souvent perçue comme la cerise sur le gâteau. Dans notre cas, parlons plutôt d’une simple confiserie. Une confiserie qui nous laissera – qu’on se le dise – un goût amer…