L’OM affronte Lorient ce soir. Bien implantés sur le podium de la Ligue 1, en chasse derrière Lyon, relancés en Ligue des Champions, tout va bien à l’heure actuelle pour les Marseillais. Une victoire face aux Merlus serait une avancée crédible de plus dans le tableau de marche menant au titre. Non pas que Lorient soit terrifiant. Mais c’est un match à gagner, ni plus ni moins. Le premier de deux au Vélodrome. Après Lorient, viendra Lille. Six points à prendre. L’OM en a glané sept en trois matchs depuis sa défaite face au Paris Saint-Germain, qui reste la seule cette saison en championnat. Si le plus connu des anciens de Lorient évoluant à Marseille, Baky Koné, est forfait, l’autre Olympien a avoir porté le maillot orange sera bien présent face à ses ex-coéquipiers. Il s’agit bien sûr de Karim Ziani. Incapable d’aligner trois passes, fréquemment blessé et en incompréhension avec certains membres du staff, l’Algérien a vécu une saison galère pour ses débuts en Provence. Il a depuis retrouvé son niveau, au plus grand bonheur de tous.
Ziani, c’est avant tout l’histoire d’une deuxième chance. Un joueur de talent. Tout le monde le savait. Mais l’adaptation aura été longue. Une saison de contre-performances, sifflets, blessures, incompréhensions, coups de gueule. L’Algérien aura tout connu à Marseille depuis son arrivée. Peu de coups d’éclats, beaucoup de mal-être. En manque de confiance, il aura traîné son corps comme un boulet sur les terrains de Ligue 1. Payé plus de huit millions à Sochaux, le milieu de terrain ne justifiera jamais pareil tarif. Utilisé tour à tour en attaquant de couloir dans un 4-3-3 ou créateur excentré dans un 4-5-1, il n’aura finalement jamais eu sa chance dans l’axe, là où il réalise finalement ses meilleurs matchs. Le point de non retour sera même atteint face à Carquefou avec cette altercation devenue légendaire dans les vestiaires avec son entraîneur Eric Gerets.
À Lorient, tout allait pourtant pour le mieux pour ce créateur doué. Formé à Troyes, où il passe six ans sous les ordres d’Alain Perrin, il est prêté à l’automne 2004 à Lorient. Âgé de vingt-deux ans, il s’agit d’un nouveau départ après un début de carrière prometteur dans l’Aube. Auteur d’une saison remarquable sous la houlette de Christian Gourcuff, il est définitivement transféré dans le Morbihan à la fin du championnat. Capable d’évoluer en relayeur, en meneur de jeu ou même légèrement excentré, il devient une pièce clé du dispositif lorientais. La seconde saison est celle de la confirmation. Remarquable d’un bout à l’autre, il est le grand artisan de la remontée de Lorient en Ligue 1. Elu meilleur joueur de Ligue 2, il conclut avec brio cette expérience de deux ans. Celle-ci l’a forgé comme professionnel et lui a donné conscience de ses capacités. Il peut aller loin, très loin. À Sochaux, puis à Marseille.
Se rappelant de ce récent passé de réussite, il se remet profondément en cause cet été. Pas de départ, surtout pas. Quitter Marseille sur un échec, il n’en veut pas. Il n’ose même pas y penser. Il a cette envie de s’imposer au plus profond de lui. Pour faire taire les détracteurs, mais surtout pour s’épanouir dans un club au sein duquel il rêvait de jouer. La réconciliation avec Gerets est rapide. Le Belge sait qu’avec lui il possède une cartouche supplémentaire de talent. Et c’est banco. Le début de saison de Ziani valide la persévérance de chacun. Celle du joueur pour se remettre au niveau. Celle du staff, qui a multiplié les efforts et les concessions morales pour le garder. Il est aujourd’hui un élément essentiel du dispositif marseillais. En relayeur droit aux côtés de Cheyrou ou en créateur excentré dans un 4-5-1, il semble enfin heureux. Il ne marque pas de buts spectaculaires ou n’enflamme pas le stade. Ce n’est finalement pas son rôle. Il fait son job. Servir le collectif. Délivrer des bons ballons. Et même défendre. Quatre mois après ce retour au plus haut niveau, plus personne n’ose tirer à boulets rouges sur Ziani, tant son implication et son niveau de performance sont désormais compatibles avec les objectifs du club. À savoir aller le plus haut possible.
Samedi, face à Lorient, Karim Ziani aura sûrement un pincement au coeur au moment de croiser de nouveau la route de Merlus qu’il connaît si bien. Christian Gourcuff, cet entraîneur qu’il respecte tant. Fabrice Abriel, ce coéquipier technique avec qui il a tant combiné. Et bien d’autres. Mais, le temps ne sera pas à la fête. Du moins, pas pendant le match. Le boulot avant tout. Ziani et l’OM doivent prendre ces trois points. Il sera temps après d’évoquer le bon vieux temps et de mesurer les progrès accomplis. Son rêve était de s’imposer à Marseille. Il l’a vu paradoxalement s’éloigner l’an dernier. Il est désormais en plein dedans.