La crise… A force de l’invoquer à tort et à travers, cette notion a fini par se diluer jusqu’à perdre sa signification. Une crise est un accident, pas un état chronique ; ainsi, la récurrence de son évocation suffit à en infirmer la pertinence. L’OM, grosso modo, va mal depuis une dizaine d’années. Dix ans, ce n’est pas une temporalité à l’échelle d’une crise. Disons plutôt que l’OM est à sa place, et qu’il n’y a rien d’accidentel là-dedans. L’OM est devenu un club moyen : reste à déterminer les causes et les responsables de cette médiocrité chronique.
Les joueurs ? Non seulement ils changent tous les ans, mais en outre le temps a de nombreuses fois oeuvré à réhabiliter leur talent – ainsi Marcelinho, meilleur joueur de Bundesliga l’an passé. Les entraîneurs ? Peu nombreux sont ceux à être restés en place une saison entière. Quant aux différents dirigeants, ils ont eux aussi valsé à une cadence infernale, parfois au déni de toute rationalité. Seule constante : la présence de Robert Louis-Dreyfus à la tête du club. Constat simpliste, me dira-t-on ; mais les évidences brutes et le bon sens valent mieux que les sophismes raffinés. Sans rentrer dans les explications, voire les accusations, il est plus que temps de dire clairement que RLD n’est pas fait pour l’OM – et vice versa.
Ainsi, au regard de cette longue période de médiocrité, la période actuelle ne mérite pas d’être qualifiée de » crise « . D’une part parce que les résultats actuels, de par leur irrégularité et leur insuffisance, ne détonnent pas de la tendance globale de l’ère Dreyfus. Et d’autre part, parce que parler de crise après deux journées de championnat, alors qu’une qualification en UEFA est encore possible, est parfaitement prématuré. Nous parlerons de crise quand nous aurons perdu nos trois prochains matches de Ligue 1 – pour l’instant, contentons-nous d’espérer. D’autant plus que tout n’est pas si sombre, à l’orée de la nouvelle saison…
En effet, pour la première fois depuis très longtemps, l’OM possède en ses rangs des joueurs offensifs capables de faire rêver. Talent, technique, vitesse et vista : autant de qualités parfaitement incarnées en la personne du virevoltant Franck Ribéry et, par intermittence, de Wilson Oruma. Quant à Mamadou Niang, si son efficacité laisse encore à désirer (malgré ses deux buts en Intertoto), ses capacités de percussion et de provocation sont impressionnantes, et devraient enfin apporter la fameuse » profondeur » qui manquait à l’attaque olympienne l’an passé.
Le match de ce soir contre Lyon sera pour ce dernier l’occasion de débuter sous ses nouvelles couleurs en Ligue 1. Un match qui aura des allures de couperet : une troisième défaite de rang apporterait de l’eau au moulin des prophètes de la » crise « . Une énième défaite à domicile face au club rhodanien ne ferait que raviver rancoeurs et frustrations, même si l’OL de ce début de saison est encore loin de sa vitesse de croisière : entre Rhône et Saône, on s’inquiète d’un jeu poussif, de dissensions internes vivaces que des résultats pour l’instant flatteurs peinent à dissimuler. Mais en dépit de la relative méforme de l’adversaire, la partie n’est pas perdue d’avance : l’OM affichera complet, comme face à la Lazio – avec le résultat que l’on connaît…
Alors, au lieu d’hurler à la crise, contentons-nous de supporter l’OM, et de laisser le temps aux joueurs et à Jean Fernandez de mettre en place la meilleure équipe possible ; briser le cercle vicieux de l’échec et du changement se nourrissant mutuellement est la condition sine qua non d’un dépassement de la médiocrité dans laquelle l’OM se trouve depuis si longtemps. Plus que jamais, il est urgent de ne rien faire…