OM – Lyon : la contre enquête olympique

Depuis le jour où j’ai entamé mon métier de détective, je n’avais jamais eu d’autres affaires que des sombres histoires d’adultère, ou de fugues d’adolescents. Il faut dire que j’avais loupé piteusement mon bac, et ce métier de privé était une sorte de rêve d’enfant. Les temps étaient durs, pas grand chose à se mettre […]

Depuis le jour où j’ai entamé mon métier de détective, je n’avais jamais eu d’autres affaires que des sombres histoires d’adultère, ou de fugues d’adolescents. Il faut dire que j’avais loupé piteusement mon bac, et ce métier de privé était une sorte de rêve d’enfant. Les temps étaient durs, pas grand chose à se mettre sous la dent, ma carrière démarrait poussivement. J’étais en train de rouiller dans mon fauteuil lorsque le téléphone sonna. Je pensais à un nouveau job bidon, mais cette fois, c’était différent. On me confia la mission d’enquêter sur un certain club de football qui tenterait d’affirmer qu’il n’y a pas qu’ un seul Olympique en France. Direction Lyon afin d’y voir plus clair…

A mon arrivée à l’aéroport St Exupéry, je devais y trouver mon contact sur place. J’attendais dans le hall quand une voix féminine m’appela. Je me tourne alors vers elle et tout s’emballe, mon coeur en particulier. Je contemplais cette créature de bas en haut sans savoir quoi répondre, subjugué par sa beauté. Répondant au joli prénom de Céline, elle me promet de tout faire pour m’aider dans mon enquête, et propose de commencer en visitant la ville.
Le vieux Lyon, c’est charmant. Place Bellecourt, quartier République et ses petites ruelles, berges de la Saône et du Rhône, Fourvière, tout y passe. Charmant, mais très bourgeois. Difficile d’imaginer une réelle ferveur populaire embraser la cité. Peu de monde avec le maillot du club, personne ne parle de l’actualité de l’OL. Cela ne respire pas la passion, loin de là. Céline me proposa alors de nous rendre dans un troquet nommé  » Le pti bouchon « . Son patron est un supporter historique, et ce bar dont il a hérité de son père est le fief des ultras. La demoiselle préfère attendre dans la voiture, j’entre donc seul dans le bistrot. Me faisant passer pour un journaliste venu pondre un article sur le club et ses fidèles supporters, je m’assoie à une table avec le patron, tout en me tenant sur mes gardes. En effet, ce dernier à une allure de pirate. Le marcel orange, la boule à zéro et l’aigle tatoué sur son épaule justifient cette image de flibustier. J’avais vu juste, ce dernier me parle de son passé de marin qui le fit voyager dans des destinations exotiques. Djibouti, Ghana, Ile Maurice et Indonésie, entre autre. Une sombre histoire de faux et usages de faux l’envoya à l’ombre quelques temps, il perdit son affaire et se retrouva sur la paille. Son point de chute est alors ce bar, qu’il reprend en 1987, l’année où Aulas prend les rênes de l’OL. Devenir le repère des supporters ne lui apporte que quelques fidèles parmi sa clientèle. A vrai dire, trois pelés et un tondu. Mais depuis que l’OL gagne, le business est fleurissant. Son rêve ? Le jour où il payera une tournée générale pour la victoire du club en Ligue des Champions. J’explose alors de rire, lui pas. Il m’insulte, me dit que les journalistes  » ça suce l’OM et le PSG à longueur d’année ». J’ai à peine le temps de répondre qu’il me décroche un direct du droit qui m’envoie valser contre la vitrine de son zinc. Heureusement pour moi, celle-ci ne cassa pas sous mon poids. Il s’empara alors d’une bouteille qu’il ébréchait pour en faire une arme coupante. Je décide de m’enfuir, saute dans la Mercedes Benz, et ma guide démarre en trombe. Alors que les pneus crissent, je me dis que je l’ai échappé belle… Les supporters lyonnais n’aiment pas que l’on se moque de leur équipe, même si les échecs répétés en Coupe d’Europe commencent à faire un peu tâche…
Je quitte Lyon le lendemain, et je profite de mon voyage en train pour commencer mon rapport et rédiger ma note de frais d’hébergement et de repas. Mon voisin, un jeune en pleine puberté, claironne au téléphone que de toute façon, Ben Arfa, c’est le plus fort, un mix entre Cristiano Ronaldo, Quaresma et Ronaldinho. La coupe est pleine. Comment se prendre de passion pour un club qui n’existe que dans le succès, et qui rentrera gentiment dans le rang le jour où cette hégémonie sans rivalité digne de ce nom s’éteindra, à la manière d’une chanteuse de la Star académie…

A quoi sert cette enquête me demanderez vous ? 26 noms de joueurs lyonnais, anciens ou actuels, truffent ce récit. Supporters lyonnais, vous prétendez tous être là depuis des années et ne pas avoir attendu le succès pour soutenir votre club, saurez vous les retrouver ?
Cette rencontre n’a toujours pas la saveur d’une grande affiche sportive. L’OM a besoin de gagner pour espérer retrouver la prochaine Ligue des Champions. L’OL a besoin de ce match pour retrouver une atmosphère de la compétition européenne où elle ne brille pas. Les conclusions de l’enquête sont claires, il y a bien deux Olympiques. Mais une seule a l’étoile sur le maillot.