La déroute subie face à Benfica, en Ligue Europe, peut-elle avoir un effet dynamisant sur l’OM ? Une défaite, généralement, n’incite guère à l’optimisme. Mais, après une série euphorique d’invincibilité – huit matches toutes compétitions confondues (5 victoires, 3 nuls) – ce revers, aussi douloureux soit-il, va permettre une remobilisation générale. Car, Marseille n’a pas le temps de se lamenter. D’autres échéances, bien plus importantes, se profilent : Lyon, ce dimanche, pour un duel direct avec un concurrent pour le titre en Ligue 1, et Bordeaux, le week-end prochain, pour une finale de coupe de la Ligue qui peut permettre de dépoussiérer un palmarès inchangé depuis 1993. La réception de Lyon s’apparente à un test grandeur nature, où la marge d’erreur est nulle. Et où les largesses entrevues aussi bien au niveau du collectif que du staff face aux Lisboètes devront être gommées impérativement.
Face à Benfica, l’OM a oublié tout simplement de… jouer. Le cul entre deux chaises après le bon résultat décroché au Portugal (1-1), les phocéens n’ont jamais réussi à trancher dans leur façon d’aborder ce match retour. Résultat : une nervosité patente, un manque de confiance défensive, pas de création, et quasiment aucune occasion digne de ce nom. Le but de Mamadou Niang est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Mais n’aura finalement servi à rien, si ce n’est lancer les dix minutes de folie des coéquipiers d’Angel Di Maria. Mais cette triste copie est aussi, et surtout, occasionnée par les choix frileux de Didier Deschamps sur ce match. Salué, à très juste titre pour sa gestion du collectif depuis quelques mois, le Basque a raté son approche tactique. S’il tient à faire évoluer Niang en attaquant axial – sans doute son meilleur poste – il doit se résoudre à laisser Brandao sur le banc, et non à gauche, où son champ d’expression va à contre-sens. Pourquoi se priver de créateurs comme Ben Arfa et Valbuena ? Pourquoi avoir choisi de lancer Koné à la place d’Abriel, quand ce dernier a du se résoudre à sortir sur blessure ? Pourquoi ce manque d’audace à 1-1, avec l’entrée de Kaboré ? Autant d’interrogations qui peuvent s’expliquer par la proximité de la venue de Lyon. Mais qui n’excusent pas cet échec.
Face à Lyon, ces erreurs se paieront au même prix. Non pas que l’OL est redevenu la bête de compétition qui a terrassé le championnat de 2002 à 2008. Mais le Lyon actuel a des arguments. Outre Hugo Lloris, qui a l’heure actuelle fait certainement partie des cinq meilleurs gardiens mondiaux, la défense rhodanienne a retrouvé de sérieux gages de sérénité (1 but encaissé notamment sur la double confrontation face au Real Madrid) avec le recul de Toulalan aux côtés du capitaine Cris, et la bonne forme des latéraux. Dans l’entre-jeu, Makoun retrouve de l’envergure, bien aidé par des travailleurs tels Delgado, Källström ou Gonalons. Enfin, les individualités – si elles moins prestigieuses que par le passé – se nomment tout de même Bastos, Lisandro ou Govou. Au moment de la perte de son titre en 2009, l’OL de Puel était tout de même venu donner, au Vélodrome, une leçon aux Marseillais (3-1). La méfiance est donc de mise, surtout que sa qualification pour les quarts de finale de la C1 peut lui donner encore davantage de confiance.
Du côté marseillais, l’infirmerie s’est remplie après le passage de Benfica. Baky Koné, Fabrice Abriel, et surtout Benoit Cheyrou, ont rejoint Gabriel Heinze à l’infirmerie. Un problème de plus à gérer pour Deschamps qui va devoir recomposer un milieu de terrain. Privilégiera-t-il un repositionnement d’Hatem Ben Arfa en piston gauche, aux côtés de Lucho ? Ou la mise en place d’une paire de récupérateurs (Cissé-Kaboré) pour donner plus d’envergure aux responsabilités du Portugais ? Les réponses à ces questions conditionneront certainement une partie du résultat face à Lyon, et de la façon d’aborder Bordeaux, dans une semaine. Mais la meilleure manière de préparer cette finale reste de battre Lyon. Après un couac, autant rugir de nouveau aussitôt.