L’ouverture de la plus prestigieuse des compétitions européennes offre une opposition toute particulière à l’OM. Le Milan AC se déplacera au Vélodrome mardi pour un match qui n’a rien d’anodin tant le club italien rappelle aux amoureux de l’OM les plus glorieuses années du club marseillais. L’Olympique de Marseille et l’AC Milan se sont affrontés à deux reprises à l’occasion de trois matches de Coupe d’Europe. Une première fois, en 1991, lors du quart de finale de la Coupe des Clubs Champions et bien entendu, en 1993, lors de l’inoubliable finale de la Ligue des Champions. A chaque fois, les Olympiens sont sortis victorieux de ces confrontations directes, l’occasion de raviver des moments magiques emprunts de nostalgie.
Milan AC 1-1 OM : l’OM crée l’exploit à San Siro !
6 mars 1991, Stade San Siro, Milan. L’OM fait face au grand Milan AC lors du quart de finale de la Coupe des Clubs Champions.
Les équipes respectives :
Milan AC : Pazzagli, Tassoti, Costacurta, Galli, Maldini, Donadoni, Rijkaard, Ancelotti (Simone 58ème) Evani, Gullit, Massaro (Carbone 59ème). Entraineur : Sacchi.
OM : Olmeta, Amoros, Boli, Mozer, Casoni, Di Meco, Germain, Pardo, Waddle, Papin, Pelé. Entraineur : Goethals.
Sous la pression de plus de 80 000 spectateurs, les Phocéens créent l’exploit : tenir en échec l’ogre milanais sur son propre terrain. L’entraineur olympien, Raymond Goethals, fait preuve d’un sens tactique remarquable. L’OM est composé d’une défense de fer avec le trio central Boli, Mozer, Casoni, Amoros et Di Meco sur les cotés, deux milieux défensifs (Pardo – Germain) et le trio Waddle – Papin – Pelé chargé de l’animation offensive. Une rencontre qui s’achève sur un match nul, un but partout. En effet, sur une erreur de Casoni, Gullit ouvre le score à la 15ème minute. La réaction ne se fait pas longtemps attendre, le trio magique se met en marche pour un formidable but de JPP à la conclusion d’une contre-attaque magistrale, menée par Pelé et Waddle. Un résultat remarquable tant le Milan impose sa puissance à toute l’Europe.
OM 1-0 Milan AC : l’OM terrasse les Milanais !
Match retour, 20 mars 1991, Stade Vélodrome, Marseille. Les stars milanaises ne sont pas au bout de leur surprise, le match retour au Vélodrome leur fera vivre un véritable supplice.
Les équipes respectives :
OM : Olmeta, Amoros, Boli, Mozer, Casoni, Di Meco, Germain, Fournier (Vercruysse 81ème), Waddle, Papin Pelé. Entraineur : Goethals.
Milan AC : Rossi, Tassoti, Costacurta, Baresi, Maldini, Donadoni (Simone 74ème), Rijkaard, Ancelotti (Massaro 56ème), Evani, Agostini, Gullit. Entraineur : Sacchi.
Le but de Waddle, une magnifique reprise de volée à la 75ème minute, offre la qualification à l’OM. L’Europe du football est subjuguée, un club français, jusqu’alors peu connu, a fait tomber un monument. Une véritable incompréhension s’empare des amateurs de ballon rond européens, on attache alors plus d’importance à la défaite de l’un qu’à la victoire de l’autre.
Une fois la stupeur passée, les observateurs avertis du continent remarquent l’incroyable richesse de l’effectif olympien. La vitesse et le sens du but de Papin sont désormais reconnus, Pelé a séduit l’Italie en cent quatre-vingts minutes, les cotes de Waddle et de Mozer sont revues à la hausse depuis leur Mondial italien raté, Boli impose sa puissance et Stojkovic intrigue par tant de qualités techniques.
L’OM possède avant tout, un entraineur hors norme, le légendaire Raymond Goethals. Un atout qui n’échappe pas au maitre tacticien, Arrigo Sacchi, qui rend un bel hommage au technicien belge. « Marseille est une équipe assoiffée de gloire qui possède un super tacticien qui s’appelle Goethals. Il a beaucoup apporté à l’équipe, surtout à la défense. »
Les joueurs milanais, sont tout aussi élogieux. « Ils sont surprenants » s’est exprimé Rijkaard, ou encore Ancelotti « l’Olympique est une grande équipe. S’il fallait la situer, je ne dis pas qu’elle dominerait le Championnat d’Italie, mais elle ferait certainement partie des quatre ou cinq plus grosses cylindrées. Disons au niveau de la Juventus. »
Un fait est entré dans la légende olympienne en fin de match. La panne d’un projecteur du stade Vélodrome allait provoquer la colère des Milanais, ou plutôt leur opportunisme. Dominés sur le terrain, ils tentaient alors un coup de bluff en rentrant au vestiaire puis en refusant de reprendre le match, la manoeuvre ayant pour but de faire rejouer ce match. Après quelques négociations et une incroyable confusion autour et sur la pelouse, les Milanais ne reprennent finalement pas la rencontre. Un pari qui allait couter cher à l’équipe milanaise puisque l’UEFA n’ayant guère apprécié ce comportement, leur infligea une suspension d’un an de compétition européenne et donc une exclusion jusqu’à la saison 1992-93.
Le parcours de l’OM s’achèvera en finale, face à l’Etoile Rouge de Belgrade, aux tirs aux buts. Une rencontre qui laissera beaucoup de regrets vu la supériorité olympienne. Mais le club du Sud de la France est maintenant craint et respecté dans toute l’Europe.
OM 1-0 Milan AC : l’OM entre dans la légende
Les deux clubs se retrouvent en 1993, cette fois lors de la finale de la Ligue des Champions. Marseille fait face au club le plus craint d’Europe, le Milan AC, qui a remporté les 10 matchs les séparant de cette finale. Il va falloir beaucoup de vertus aux Olympiens pour venir à bout de cette équipe là.
26 mai 1993, Stade Olympique, Münich. L’OM crée l’exploit, un club français remporte la plus prestigieuse des coupes d’Europe. Le seul à ce jour à avoir réalisé cette prouesse.
Les équipes respectives :
OM : Barthez, Angloma (Durand 61ème), Boli, Desailly, Di Meco, Eydelie, Sauzée, Deschamps, Boksic, Völler (Thomas 78ème), Pelé. Entraineur : Goethals.
Milan AC : Rossi, Tassotti, Costacurta, Baresi, Maldini, Donadoni (Papin 55ème), Albertini, Rijkaard, Lentini, Van Basten (Eranio 85ème), Massaro. Entraineur : Capello.
Le Milan AC a une revanche à prendre, il n’est plus question de sous-estimer le petit club français. Dès l’entame de la rencontre, les joueurs au maillot rouge et noir font l’étalage de leur maîtrise.
Marco Van Basten est au sommet de son art et sert plus d’une fois Daniele Massaro qui a l’occasion de crucifier les Marseillais à plusieurs reprises. Dès la 6ème minute, l’attaquant italien gâche une occasion en or, sa reprise de la tête frôle le montant gauche des buts marseillais. Fabien Barthez ne bronche pas. Il sait qu’il sera victime d’attaques répétées côté transalpin, le jeune gardien français va faire étalage de sa classe et de son culot. Un véritable rempart qui va écoeurer les attaquants milanais. A la 20ème minute, Massaro hésite, finit par donner à Van Basten, qui frappe d’instinct.
Barthez repousse le tir de la star néerlandaise. Il aura ensuite un autre arrêt-réflexe pour repousser de la paume de la main toute la rage de Massaro. Les Olympiens doivent leur salut à leur gardien de but qui semble imbattable sous la chaleur munichoise.
L’OM souffre, mais ne cède pas. Il faut alors montrer aux stars milanaises que la partie sera disputée, à la moindre opportunité, les Marseillais tentent de mettre à l’épreuve la défense italienne.
Il reste à peine quelques minutes en première période, Abedi Pelé s’active sur le flanc droit, et met au supplice Paolo Maldini. Le défenseur italien ne sait plus comment contenir le petit génie africain qui danse sous ses yeux effarés. Il pense réussir à le stopper en le repoussant en dehors du terrain et concède un corner, injustifié à la vue du ralenti. Mais Pelé n’en avait pas fini, il tire le coup de pied arrêté au coeur de la surface milanaise. Basile Boli, venu apporter son soutien, monte haut vers le ciel. Franco Baresi essaie de le retenir, Frank Rijkaard lui apporte son aide, mais rien y fait. Le défenseur phocéen s’élève au dessus de tout le monde et place une tête imparable au second poteau. Une image entrée dans la légende. L’hystérie s’empare de tout un peuple, Marseille fait chavirer de bonheur des millions de supporter de part le monde ! Après coup, Boli aura ces mots : « elle n’était peut-être pas très belle, ma tête. Mais je l’ai dosée pour qu’elle dépose le ballon là-bas, au deuxième poteau. Je ne l’ai pas vue partir dans le but de Milan, mais dans l’histoire. Et j’ai pensé aussitôt : j’espère qu’elle va y rester, dans l’histoire ! » Nul besoin de préciser que ce coup de tête a marqué l’histoire du football français.
L’OM a fait le plus dur, ouvrir le score, le combat change complètement de physionomie. Le grand Milan se fait rattraper par ces vieux démons, ceux déjà rencontrés en 1991. Les joueurs olympiens sont impitoyables et ne laissent aucun répit aux artistes qui composent l’effectif milanais.
Capello ne sait réagir au défi imposé par Goethals. Il fait entrer Papin, l’icône marseillaise, qui a rejoint les rangs milanais. L’amitié n’a pas sa place ce soir là, comme en témoigne l’altercation entre le Ballon d’Or français et Marcel Dessailly, à la suite d’un choc entre JPP et Barthez. L’attaquant de l’équipe de France sait que ses anciens coéquipiers ne lâcheront rien.
Cette fois-ci, c’est certain, les Italiens ont laissé passer leur chance. L’OM est champion d’Europe ! La France entière est inondée de bonheur.
Il est alors temps d’admirer le grand Basile se diriger vers le public marseillais, faisant signe que cette fois, il ne pleure pas, pas comme à Bari. Ce soir seule la joie et la fierté ont droit de présence. Impérissable souvenir que celui du capitaine Deschamps, soulevant avec honneur la coupe aux grandes oreilles. Impossible d’oublier les larmes du président Tapie ou encore le sprint de folie de Raymond Goethals, vieux monsieur de 72 ans, qui semble retrouver toute sa vigueur… L’OM entre dans la légende, et devient dès lors le club le plus aimé de France, un amour toujours intact aujourd’hui.
OM-Milan, 15 septembre 2009, le début d’une nouvelle aventure ?
Voilà tous les sentiments qui vont automatiquement se révéler à l’approche de la rencontre de ce mardi 15 septembre, un match qui a une saveur toute particulière. Le capitaine Deschamps est aujourd’hui à la barre du navire marseillais. Nous lui souhaitons autant de réussite que par le passé, éloigné de plus de 15 années, mais toujours aussi intact dans nos mémoires !