Quand on parle de coupes européennes, on a tout de suite en mémoire les matchs contre des ténors. Les rencontres à couteaux tirés face à une kyrielle d’internationaux, de matchs qui se jouent sur des détails, et d’un public en fusion.
Mais tout ça se mérite. Soit par un parcours régulier en championnat pour avoir un ticket pour la Ligue des Champions, soit en jouant des tours préliminaires, des tours qualificatifs, des poules absurdes, pour enfin accéder à un tableau final avec des vrais matchs. Ce soir, l’adversaire n’a pas un nom connu, nous sommes encore bien loin des rencontres décisives du printemps, et le championnat nous ferait presque oublier l’utilité de cette Coupe UEFA. Mais le Mlada Boleslav va nous livrer un vrai match ce soir. Il ne faudra pas se cacher derrière de faux semblants…
Le football que l’on joue dans la cours de récréation ou sur les terrains du quartier, celui qui est une fête avec ses potes et où on peut rêver d’être Zidane, est une idéologie d’enfants. La triste réalité du business, bientôt couronnée par l’entrée des clubs en bourse, ne doit pas nous faire oublier les réalités du ballon rond. 11 contre 11, le respect de son adversaire, et donner le meilleur pour marquer plus de buts que l’équipe d’en face. A l’heure du tirage au sort de ce premier tour, c’était plutôt un large sourire qui dominait sur les visages des supporters olympiens. Un club tchèque, absolument anonyme, c’est la qualif assurée. Ca serait bien vite oublié le Zenit et ses internationaux russes, et les déplacements périlleux que peuvent réserver ces équipes sorties de nulle part. Sachant que le Mlada est leader du championnat tchèque, et que l’équipe nationale regorge de joueurs comme Nedved, Rosicky ou encore Baros, cela prête à réfléchir. Le sentiment d’euphorie qui suit la victoire au Parc des Princes ne doit pas faire oublier qu’un match se gagne d’abord sur le terrain.
Mais la dynamique de victoires que connaissent Albert Emon et ses joueurs semble être un gage de réussite. Une défense qui, avec parfois un peu de chance, ne prend que très peu de buts, et une attaque où Franck Ribéry et Mamadou Niang sont en totale confiance, ont deux garanties. Et si la situation se débloque rapidement et que le Vélodrome joue à plein son rôle de locomotive, il serait même bien de tuer rapidement tout espoir de renversement de la situation au match retour. Heureusement, une part d’incertitude nous donnera, comme toujours, des moments de frissons et de doute. C’est aussi ça le foot !
Après avoir instauré la victoire à 3 points, qui ne donne ni plus ni moins de buts qu’avant, les instances du football ne savaient plus quoi inventer pour créer du spectacle… La suppression des passes au pied pour le gardien de but, la suppression du hors jeu de position ou encore des ballons de plage cousus main par des gosses indonésiens, tout a été étudié dans les plus hautes sphères de la FIFA. A l’heure où l’on envisageait d’agrandir les cages ou de cloner Jérémy Gavanon pour le faire jouer dans les buts de toutes les équipes professionnelles, la Ligue Professionnelle de Football a innové. Non contents d’avoir pondu un absurde challenge de l’offensive (qu’il n’est plus la peine de suivre, il suffira juste de faire une copie du classement final de la Ligue 1 pour offrir un chèque au vainqueur), voici venu la jurisprudence Yepes.
Pour assurer un taux flatteur de buts par match, rien de tel que de siffler un penalty absurde ou de faire retirer une tentative ratée. Mais le défenseur colombien et le virtuose du sifflet Stéphane Bré ne seront pas de la partie ce soir au Vélodrome. Et Frédéric Thiriez ne pourra pas sortir de sa moustache magique une nouvelle ineptie censée améliorer le spectacle. Un vrai match, avec des luttes physiques, de l’engagement et des gestes techniques, cela suffira à notre joie de spectateurs.
Quand on voit le superbe début de saison réalisé par Habib Beye et ses coéquipiers, nous n’avons pas envie que cela s’arrête. Ce match, et plus encore celui de dimanche, feraient briller encore plus le bilan à court terme de l’Olympique de Marseille. D’un autre côté, qui sait si une qualification pour les groupes et ses nombreux matchs à l’autre bout du continent ne viendront pas plomber les performances des olympiens cet hiver ? Qu’importe ! Le bonheur est dans le pré, et un match ne se joue pas, il se gagne ! La solution est donc de s’imposer, de pouvoir faire souffler certains cadres au retour, et de continuer sur la lancée. Depuis un mois nous vivons un rêve. Ne nous réveillons pas trop tôt !