La dernière fois que l’OM avait fréquenté les mignons du prince, çà se passait au Vélodrome à l’approche de l’hiver, à l’occasion d’une rencontre somme toute cruciale du championnat gaulois. Ce jour-là, les ébats s’étaient achevés par un résultat nul qui n’avait finalement contenté personne.
A l’époque, la belle équipe rouge et blanche, fierté de la maison Grimaldi, malgré ses difficultés financières, était à deux doigts de s’abandonner aux charmes sibyllins des nouveaux magnats russes et de succomber corps et âmes à leur sirène aussi envoûtante que sonnante et trébuchante.
Mariage de raison plutôt que d’amour monstre, la chose semblait irrémédiablement acquise quand, dans un ultime acte de lucidité, le vieux souverain Rainier, tel un patriarche old style, avait refusé de livrer la promise aux mains d’un des nababs slaves pour cause de soupçons mafieux sur ses activités…
L’entremetteur Campora renié par ses pairs, avait rongé son frein et sentait désormais l’odeur âcre et néanmoins résineuse du sapin. Le moment où la page se tourne irrémédiablement, l’heure où l’on tire sa révérence, l’instant pathétique où l’on abdique résigné et où l’on voit poindre à l’horizon la douce horreur de la retraite…
Le problème est que la dette du club court toujours et qu’on est pas prêt de la rattraper. 53 millions d’euros, excusez du peu, çà ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval, encore moins dans une pochette surprise. Jean-Louis a eu beau annoncer qu’il avait déniché un repreneur et que tout serait réglé le 10 avril, le supporter monégasque -c’est une expression, rassurez-vous il n’y en pas qu’un- est comme sœur Anne. Il n’a rien vu venir et il attend toujours le nom du pigeon argenté.
Pendant ce temps-là, les impitoyables rond-de-cuir de la DNCG, font à nouveau planer au dessus du Rocher, la terrible menace d’une rétrogradation à l’étage inférieur. Le comble pour une formation qui dispense actuellement un jeu chatoyant et qui reste encore dans la course au titre malgré son récent revers face au coffre-fort niçois.
Qu’importe les affaires, la motivation de tout un chacun pour le match de mercredi atteint son paroxysme. Au bout du compte, y’a quand même un passeport pour la finale de la coupe à Nono et son pactole de brouzouf. D’autant que pour le sacre du champ’, monégasques et phocéens risquent bien d’être cocufiés par un troisième larron, rhodanien celui-là.
En ce jour mémorable de réception princière, on attend que la garde du commandeur Perrin soit mobilisée comme un seul OM. Qu’elle ne laisse surtout pas l’armada offensive de son altesse sérénissime déployer ses troupes. Qu’elle arrête de douter rongée par le stress et qu’elle prenne enfin des risques. Qu’elle soit conquérante et non plus résignée.
Que Gafour et sa technicité soient à la manœuvre. Que le vent de la révolte souffle alors sur le Vel. « On respecte un OM qui se respecte lui même » disait Balzac… Bon, avouons-le, il y a vraisemblablement une faute d’orthographe dans la citation de ce cher Honoré mais l’idée reste la même. »La peur paralyse le cœur et l’esprit » rappelait Rivarol…