Grand amateur de sport en général et fin connaisseur de football, Louis Nicollin a un pêché-mignon. Le propriétaire du Montpellier Hérault SC est un collectionneur invétéré. Mais pas n’importe quel collectionneur. Dans son ranch héraultais, « Loulou » empile les maillots et les clichés de ses idoles comme on expose des pièces d’art dans un musée. Les plus grands footballeurs contemporains lui ont un jour dédicacé un maillot ou apposé une signature sur une photo. Le patriarche de la Paillade, qui n’a jamais caché sa sympathie pour l’Olympique de Marseille, va une nouvelle fois pouvoir se servir ce week-end, puisque le MHSC rend visite à l’OM et sa pléiade de stars. Mais ne nous y trompons pas. À l’occasion de cette 6e journée, Montpellier vient avant tout tenter un résultat. Pour les yeux émerveillés et les sourires béats, il faudra attendre le coup de sifflet final. Paradoxalement, les Montpelliérains devancent pour l’heure les Marseillais. Et c’est un vrai match de football qui va se jouer.
Après cinq ans de purgatoire, Montpellier renoue cette saison avec l’élite. Au bord du gouffre il y a deux ans – le club se sauvant d’une rétrogradation en National dans les dernières journées – Montpellier a été remis sur les rails par Rolland Courbis. Poursuivi par ses ennuis juridiques (dans l’affaire des transferts frauduleux de l’OM), le bouillonnant marseillais a cédé sa place à René Girard, Nîmois pure souche et heureux de reprendre du service en club. La transition n’a pas été trop dure puisque les Montpelliérains sont invaincus en cinq journées et devancent même l’OM, leur prochain adversaire. Habile mélange de jeunesse locale (Jourdren, Ait Fana), de professionnels pas médiatique pour un sou mais au talent évident (Costa, Montano, Camara), et de vieux briscards toujours performants (Delaye, Jeunechamp, Pitau), le collectif du MHSC bouscule la hiérarchie. Et débarque au Vélodrome sans appréhension. Loulou Nicollin, sevré de grandes émotions, se paie une seconde jeunesse avec ces gars qui le font de nouveau » bander « . Tout un jargon, toute une histoire.
Du côté marseillais, le tableau n’est pas bien le même. Les résultats sont là, aussi, en Ligue 1. Mais, l’érection est moins puissante, du fait du manque de buts. L’OM produit des matchs intéressants mais peine à trouver le chemin des filets et à enflammer ses supporters. Onze points en cinq matchs, c’est plus qu’honorable. Mais on en demande toujours plus. Surtout quand le match succède à un camouflet face à Milan (1-2). L’espoir habitait chacun à l’entame de la Coupe d’Europe. Inzaghi l’a étouffé en quatre-vingt-dix minutes. Un match sous la pluie pour doucher tout le monde, et le triste constat que l’OM va devoir avant tout se donner en championnat. Rajoutons à cela, le sale malaise né de la bouche de Jean-Claude Dassier, on en vient donc tout logiquement à espérer un récital de football pour lever le mal de tête et éteindre l’incendie naissant. Dans cette optique, Didier Deschamps a reconduit le même groupe qu’en Ligue des Champions. Et ce seront les mêmes hommes qui seront chargés de faire trembler les filets du talentueux Geoffrey Jourdren.
Ne faisons pas d’un rocher une montagne. Montpellier reste Montpellier. Une équipe sympa, mais qui ne doit pas poser de problème à la machine à gagner que tend à être (ou devenir) l’OM. Mais dans les circonstances actuelles, elle pourrait poser plus de soucis qu’elle n’en a l’air à cet OM encore en rodage. Espérons que la machine de stars se mettra véritablement en vitesse de croisière. Et que ces stars-là puissent distribuer avec un sourire béat leur maillot au très sympa Loulou Nicollin. Recevoir c’est tout un art.