Après trois matchs joués et deux maigres points engrangés, l’OM navigue au rythme d’un relégable. Impardonnable pour une équipe dont l’objectif est de se rapprocher de l’ogre lyonnais au mois de mai prochain. Alors, bien sûr, on dira que c’est le début de saison, qu’il faut que les nouveaux s’acclimatent au jeu, aux particularismes marseillais, à cette pression jusqu’alors inexistante pour la plupart d’entre eux. On peut donc se dire qu’il y a de l’espoir de voir rapidement nos Olympiens plus haut dans le classement mais ces trois premiers matchs ont une réelle signification, on ne peut le nier. Et le problème n’est pas » mental » comme on voudrait nous le faire croire.
L’équipe dirigée par Albert Emon ne s’est pour le moment créée que 2-3 situations réellement dangereuses ce qui est complètement aberrant. Le jeu collectif développé est proche du néant. Alors certes Niang et Nasri, deux titulaires indiscutables sont blessés mais tout de même ! Aligner autant de joueurs offensifs et ne pas être capable de combiner et de servir convenablement Cissé n’est pas pardonnable. Les bonnes périodes de l’an dernier ont correspondu aux moments de forme de Franck Ribéry, aujourd’hui parti faire le bonheur du Bayern. Il est indéniable que le jeu collectif n’était pas fabuleux mais les individualités savaient faire la différence que ce soit à la première ou la vingt-cinquième journée. Aujourd’hui, aucune individualité ne semble avoir le talent suffisant pour déborder à elle seule une défense, Nasri excepté. Il faut donc réussir à produire un jeu d’équipe qui ne soit pas dépendant du seul Nasri.
Ce qui paraît le plus inquiétant à l’heure actuelle est de savoir que le jeu quasi tout entier de l’OM puisse dépendre d’un jeune homme de 21 ans autour duquel l’attente est énorme. Natif de Marseille, formé au club, Samir Nasri est l’emblème de l’OM. Pour combien de temps encore ? Une équipe du calibre de l’OM ne devrait pourtant pas être aussi tributaire d’un si jeune joueur. Hélas, c’est la stricte vérité. Tout le monde se réjouissait de voir le mercato olympien rapidement bouclé afin d’avoir une préparation optimale avec l’ensemble du groupe. Albert Emon a disposé de son effectif pendant près d’un mois avant le match à Strasbourg. Et pourtant, on a l’impression qu’ils commencent à peine à jouer ensemble, quel beau paradoxe ! Il est bien sûr trop tôt pour tirer un bilan de l’intersaison mais les trois premières journées laissent planer un profond doute qu’un nouveau mauvais résultat transformerait en début de crise du côté de la Commanderie. Pape Diouf peut tenter de dire aux supporters qu’il faut donner du temps aux joueurs, il se trompe, ils n’en n’ont pas. Commencer de façon difficile un championnat et cravacher pour revenir n’est pas une bonne chose et s’est rarement avéré fructueux pour l’OM ou pour un autre.
Qu’on nous dise que les nouveaux sont impressionnés, que le problème est d’ordre mental fait doucement rire. Qui ne rêverait pas d’être à leur place ? Jouer devant un public fidèle et passionné, s’entraîner à la Commanderie … quoi de mieux pour un footballeur ? Alors nous attendons tous une réaction de la part des joueurs et pourquoi pas de l’entraîneur. Il y a du talent dans cette équipe c’est indéniable mais il va falloir rapidement apprendre à jouer ensemble car, d’une part, il serait de bon ton de recoller légèrement à la tête du classement et, d’autre part, la Ligue des Champions se profile dans un mois et ramener une valise à chaque match ferait très mauvais effet pour eux comme pour nous, supporters. On en est encore loin me direz vous, de nombreux matchs sont au programme avant le début de la reine des compétitions. Mais plus tôt l’OM sera prêt, plus l’OM y fera bonne figure et c’est tout ce que l’on souhaite. Une chose est sûre, ce n’est pas encore le cas. Le match de Valenciennes a mis au grand jour des carences trop nombreuses : pas de liant entre les milieux jouant trop bas et Cissé esseulé, des latéraux hésitants, une relance calamiteuse, des joueurs perdus sur le terrain. Les fautes sont partagées. Emon n’a pas su en cours de match recadrer ses hommes mais eux n’ont pas su non plus réagir et jouer en équipe ou tenir un résultat. Le plus inquiétant étant peut-être cela, de ne pas avoir réussi à tenir l’avantage au score plus de cinq minutes.
Alors messieurs, réagissez dès ce dimanche face au leader nancéien pour que tout finisse par rentrer dans l’ordre et que la saison de l’OM commence enfin. C’est un vrai test que va passer l’OM face à l’équipe la plus en forme de ce début de championnat. Une victoire est nécessaire, impérative même. Alors, certes, l’impatience marseillaise n’est pas forcément une vertu mais au moins le soutien est toujours là. Les critiques d’aujourd’hui cachent un amour profond de ce club qui n’attend qu’à s’exprimer lors de belles et larges victoires. Cette équipe peut faire de grandes choses, il faudrait être stupide pour ne pas le voir. Mais les remises en questions doivent être faites à tous les niveaux : président, directeur sportif, coach, joueurs … Car se voir finir dans les deux premiers est une chose, le réaliser en est une autre. Les moyens sont bien là, aux Cana, Cissé, Nasri et Cheyrou de le prouver. Car ici ce n’est pas Troyes ou Nice. Ici, c’est Marseille !