Difficile de se concentrer sur le rectangle vert ces derniers temps… Démissions en série, nominations en suspens et rumeurs en cascades : dire que la semaine fut mouvementée est un doux euphémisme ! Marseille a une nouvelle fois confirmé sa réputation de club ingérable : c’est aujourd’hui que l’on prend la pleine mesure de la difficulté qu’il y a à diriger un tel club. Entre l’acharnement des mafias des virages et la rapacité des médias, prêts à jaillir sur le cadavre OM tels des vautours flairant la charogne, on comprend la démission de Christophe Bouchet autant qu’on la déplore. Une fois de plus, la connerie et la manigance auront eu raison de l’intelligence et de la probité… Mais il faudra faire avec.
La grève… de l’intelligence ?
Il faudra tout d’abord faire avec l’incroyable bêtise des groupes de supporters, qui ont décidé de prolonger leur grève ubuesque. Leur prétexte ? Le président démissionnaire a décidé de boucler les dossiers en cours avant de s’envoler vers des cieux plus cléments. Ne pas partir comme un voleur, penser d’abord à l’intérêt du club en voulant lui éviter de sombrer dans l’anarchie, préparer la transition le plus sereinement possible : voilà ce qu’on lui reproche. Les Tonini and co n’ont décidément pas peur du ridicule… Ils ne manquent pas non plus de culot : » Il n’y a qu’un seul mot pour caractériser la situation : hallucinatoire. On a en face de nous […] un président démissionnaire qui n’est pas parti et personne pour nous dire où l’on va » déplore Tonini, celui-là même qui n’a eu de cesse depuis l’an passé de réclamer la tête des dirigeants… Cohérence, bon sens et dignité : autant de notions inconnues de notre théoricien de la grève permanente.
Mission trois points pour Emon IV
Il faudra également faire avec une situation sportive dantesque, avec un club sans entraîneur piloté par l’éternel pompier de service, Albert Emon. Pour la quatrième fois de sa carrière olympienne, celui-ci assure l’interim, alors que son successeur est déjà connu, et que ce dernier a déjà réussi à imposer ses adjoints, destinant notre sauveteur à un rôle moindre à l’avenir… Difficile dans ces conditions de préparer ce match en toute sérénité, même si l’on ne peut mettre en doute le professionnalisme du fidèle Albert. Mais le bonhomme a toutefois du caractère : si celui-ci ne chamboulera pas l’équipe pour un seul match, il n’a pas hésité à prendre certaines décisions assez surprenantes, par exemple en n’emmenant pas avec lui Sylvain N’Diaye, Brahim Hemdani et surtout Peggy Luyindula. Bien qu’étant un adepte du 4-4-2, il semble par ailleurs qu’il alignera ce soir le 3-5-2 cher à Philippe Troussier, sans doute pour faciliter le travail du successeur d’Anigo.
Des canaris déplumés
Il faudra enfin faire avec un adversaire fragilisé mais néanmoins dangereux. Les Nantais déplorent de leur côté un certain nombre d’absences : l’excellent Toulalan est suspendu, tandis que le jeune Drouin, le gendre Ahamada et le talentueux Da Rocha sont blessés. Certes, avec un duo d’attaquants Pujol – Bagayoko dont la venue pourrait faire migrer prématurément une colonie de gabians, Barthez devrait passer une soirée tranquille. A moins que…
En attendant Troussier…
A moins que nos joueurs ne soient décidément incapables de se faire violence. A moins que l’ahurissante grève des supporters ne décourage leurs dernières velléités de révolte. A moins enfin que ce groupe ne soit tellement perdu et déboussolé que seule une thérapie de choc puisse le sortir de sa terrible léthargie. Dans lequel cas un sorcier, même blanc, ne serait pas de trop…