On dira ce qu’on voudra, mais c’est vraiment un drôle d’oiseau, cet aiglon rouge et noir. A l’été, il était considéré comme exsangue pour cause de manque de blé. Les vautours de la DNCG lui avaient rogné les ailes et l’avaient rétrogradé dans le bourbier du National. Après moult tergiversations, l’animal en voie de disparition avait été finalement autorisé à fréquenter la cour des grands mais en catimini.
S’en était suivi, promenade des english, une arrivée massive de migrateurs en short rejetés par leur club respectif et plus ou moins prêtés au miraculé azuréen. Et là, tel un phénix renaissant de ses cendres, le voilà soudainement qui survolait sans vergogne le paysage d’automne de la Ligue1. Les savants ornithologues du quotidien l’Equipe n’en croyaient pas leurs plumes mais n’auraient toujours pas parié un kopeck sur les chances de survie en altitude du jeune volatile.
Pourtant, durant l’hiver, la créature diurne ne se trouva pas dépourvue quand la bise fut venue. Pis, du haut des cimes des prétendants au titre, elle continue à nous proposer son ramage. N’en déplaise aux Nostradamus en pyjama-charentaises, l’heure du chant du cygne n’a toujours pas retenti pour Gernot, le fauconnier teuton. Vaille que vaille, il perpétue son oeuvre protectrice en faveur de cette espèce rare à rayures stendhaliennes.
Au mercato, il a recueilli un piaf moralement blessé en la personne de Mionnet, l’oublié de Sedan après son accident. Dans la récente couvée de la CFA, il a trouvé le dénommé Cherrad qui remplace depuis peu un autre grand meurtri Meslin, Poussin pour les intimes, un sobriquet logique pour un ovipare. Ces deux-là en tout cas viennent s’ajouter à une volerie fort peu huppée mais parfaitement organisée.
Le coach allemand possède en Eric Roy, un vieil hibou expérimenté qui veille devant sa défense. Notre Grégorini s’est imposé comme l’indiscutable gardien des cages. Everson a tout sauf la frappe d’un perdreau et Diawara n’a jamais autant marqué depuis sa première communion. Tout baigne donc pour Rohr si l’on excepte les éliminations des deux coupes qui laissent à penser que Nice a quelquefois du plomb dans l’aile.
Bon récemment, lors de Nice-PSG, Gernot a eu une prise de bec, le long de la ligne de touche, avec Luis le Bossu. Ils se sont traités de noms d’oiseaux et ont même failli se voler dans les plumes. Enfin, une hirondelle ne fait pas le printemps et on peut raisonnablement penser que ce genre d’incidents fâcheux ne se répétera pas avec le très courtois Perrin.
Il est pourtant remonté comme une pendule suisse, notre manager général. Faut dire que les cartons du père Bré et les élucubrations du Bossu, çà lui file des varices. En plus, huiler les mécaniques usées par les combats du Parc, c’est un drôle de turbin. Qu’importe, du haut de la tour de contrôle de la Commanderie, il prépare son plan de vol anti-rapace.
Du sérieux, rien que du sérieux. Pas de loopings improbables façon meeting post-soviétique mais des figures connues, inlassablement répétées au training. Sous le ciel bleu profond du Vélodrome, on rêve quand même d’assister mardi au décollage immédiat d’un chasseur moscovite. On piaffe d’impatience de savoir si on a enfin déniché l’oiseau rare…