Ambiance tendue du côté de la Commanderie. Défaits sans gloire à Paname par une équipe réduite à dix et ayant disputé un match de Ligue des Champions quelques jours plus tôt, les Olympiens n’en mènent pas large. Plus que des points, c’est leur honneur qu’ils ont perdu : cette énième défaite porte à sept la série de victoires consécutives du vrai-faux ennemi parisien. Pire, les joueurs marseillais, incapables de se révolter, ont montré d’inquiétants signes de faiblesse : cette équipe n’a pas le caractère de sa devancière, sans pour autant pratiquer un meilleur football.
A qui la faute ? Des responsabilités imbriquées…
Cette défaite aura cependant eu un mérite : nous avoir fait prendre conscience de l’ampleur du problème. Oui, l’OM est à sa place en 6e position du classement. Oui, l’OM a de réelles lacunes en termes d’animation offensive. Non, enfin, les quelques progrès entraperçus face à Monaco ne sont pas suffisants pour envisager sereinement l’avenir, et une réaction de grande ampleur s’impose.
La direction ne s’y est pas trompée, annonçant une vaste auto-critique au sein du club, concernant à la fois :
– les joueurs : c’est essentiellement leur attitude qui a été visée par les déclarations présidentielles ;
– l’entraîneur : même si le président Bouchet l’assure de son soutien (comme l’an dernier avec Perrin…) ;
– et la direction elle-même.
La coutume veut que l’on désigne systématiquement un coupable unique au sein d’un groupe soumis à des troubles majeurs : un principe de réalité qui, bien que souvent injuste, a l’avantage de permettre de relancer une dynamique collective tout en ménageant la majorité des acteurs concernés…
Or dans le cas présent, difficile de faire émerger des responsabilités clairement tranchées : est-ce que les joueurs jouent mal parce que le schéma tactique est mauvais, ou bien est-ce que le schéma ne peut être appliqué en raison même des multiples défaillances individuelles ? Ces défaillances individuelles révèlent-elles une incapacité des joueurs à s’adapter à l’environnement marseillais, ou bien les limites de l’encadrement dans la préparation mentale des joueurs ? Or, joueurs et entraîneurs n’ont-ils pas été choisis par la direction ? Bref, le problème est ici collectif : les responsabilités sont tellement imbriquées et mêlées qu’il paraît pour l’instant difficile de désigner un bouc-émissaire parfait.
La réponse sera collective ou ne sera pas.
C’est pour cette raison qu’il semble que la seule réponse adaptée ne puisse être que collective. En effet, une rupture peut avoir des effets bénéfiques lorsqu’un seuil irréversible a été franchi dans les tensions internes : or Anigo bénéficie toujours du soutien de son groupe (que Perrin n’avait plus à la même époque l’an dernier), et les relations entre le terrain et la direction ne semblent pas encore brouillées. Au contraire, dans le contexte actuel, une rupture pourrait créer de nouveaux problèmes sans pour autant résoudre les anciens : un changement d’entraîneur, ou la mise au placard de certains cadres, pourrait braquer les joueurs contre leur direction, ou bien aboutir à la formation de » clans » dans les vestiaires.
Il faut donc continuer à soutenir le club, d’autant plus que des raisons d’espérer existent :
– l’effectif est de qualité, et beaucoup de talents enfouis ne demandent qu’à se réveiller ;
– José Anigo a prouvé l’an dernier en coupe de l’UEFA qu’il pouvait remporter des duels d’entraîneurs sur le plan tactique ;
– et la direction, enfin, fait un travail remarqué en ce qui concerne l’extra-sportif, qui ne pourrait être déstabilisé que par les secousses émanant du terrain.
Toutefois, pour que l’entente entre les trois parties puisse perdurer, il faudra une révolution face au PSG ce mercredi. Une révolution interne, ayant lieu dans les esprits, qui seule pourra éviter à terme une révolution de palais. A chacun de prendre ses responsabilités, sur et en-dehors du terrain, pour que la série parisienne ne se transforme en un humiliant Grand Huit…