Les dirigeants nous ont annoncé une saison de transition. Jamais depuis le départ de Diouf ils n’ont été aussi proche de la vérité. A moins de dix journées du terme du championnat, le spectacle et le fond de jeu sont lamentables, l’équipe d’Elie Baup s’apprête à perdre sa place sur le podium. Quelques-uns nous répètent que tout va bien, d’autres nous annoncent la fin du monde. Qui croire ?
Finances ou ambitions, il faut choisir
Certains reprochaient à Pape Diouf d’avoir fait exploser la masse salariale du club, de 2004 à 2009. Or quand on y regarde d’un peu plus près, on se rend surtout compte que la progression des rémunérations des joueurs était proportionnelle aux résultats du club. Lors des premières années du Sénégalais à la tête du club, l’OM accrochait tout juste la qualification pour la Coupe Intertoto. La masse salariale du club était d’environ 35 millions d’euros (tous les chiffres de cet édito sont basés sur ceux de la DNCG). A son départ, il était solidement ancré sur le podium de Ligue 1, enchaînant les participations à la très lucrative Ligue des Champions. Elle se montait à 75 millions d’euros pour la saison 2008-2009. C’est donc bien après qu’il soit parti qu’elle a explosé (92 millions d’euros en 2009-2010, 101 en 2010-2011 et 98 en 2011-2012), même si cela a coïncidé avec l’obtention des seuls titres depuis 1993. Pour certains, l’équation est facile à établir : meilleurs sont les résultats et plus gros sont les risques de déficit.
Mercato : « les stars c’est fini »
On avait presque cru, lors de l’été 2009, que l’OM était revenu dans la cours des grands. Quelques semaines après le départ de Diouf, le club recrutait Fernando Morientes, Gabriel Heinze, Lucho Gonzalez, Souleymane Diawara, Stéphane Mbia et quelques autres. Fermant par la même occasion le clapet de tous les mécontents du départ de Pape Diouf (dont nous étions). L’année suivante, André-Pierre Gignac et Loïc Rémy étaient achetés à coup d’indemnités de transferts colossales au regard de leur niveau. Des folies qui avaient aussi provoqué les plus gros déficits depuis le début des années 2000. Sur trois saisons, les pertes s’élevaient à 58 millions d’euros et ce qui devait advenir arriva… Les trois ou quatre derniers mercatos sont assez révélateurs du changement de politique des décisionnaires phocéens. Vincent Labrune a de toute façon prévenu : « nous pourrons investir la saison prochaine sur un marché de jeunes joueurs français, entre vingt et vingt-cinq ans, qui nous permettront, en L1, de rester a minima dans le haut du tableau et d’exister sur la scène européenne. » L’heure n’est ainsi plus aux paillettes et aux stars. La priorité est désormais à la formation, voire à la post-formation comme au début des années Diouf et comme à Lorient, en somme.
Des virages domptés ?
Les virages du Vélodrome, si fiers jusque-là de leur singularité et de leur résistance au formatage UEFA, sont-ils rentrés dans le rang ? En d’autres temps, les deux défaites concédées en terres parisiennes en moins d’une semaine auraient assuré un accueil « chaleureux » aux joueurs à leur retour dans la cité phocéenne. Mais, comme paraissent notamment l’indiquer les éditos hebdomadaires des South Winners, les révolutionnaires d’autrefois sont aujourd’hui soucieux du confort des protagonistes de l’OM, tout au moins quand ça les arrange. On peut donc penser que les dirigeants olympiens sont parvenus à endiguer les « excès » et se mettre, d’une manière ou d’une autre, les chefs des groupes de supporters dans la poche. Cela permet probablement aux joueurs de bosser dans la sérénité. Néanmoins, il n’est pas certains que tous les adhérents des groupes goûtent à ce changement d’attitude, tant l’ambiance du stade est terriblement déclinante. Quelques prises de position ont à coup sûr favorisé les divisions entrevues ces dernières saisons chez les fans. Les années passent et certains capos quadragénaires n’ont peut-être tout simplement plus les mots pour motiver les troupes.
Un jeu qui fait rêver les supporters
Après les soirées soporifiques (mais victorieuses) de la deuxième période Didier Deschamps, Elie Baup était arrivé avec la volonté d’améliorer le spectacle sur la pelouse du Vélodrome. Outre des débuts en fanfare lors desquels il faut bien avouer que la réussite frisait l’insolence, on peut effectivement affirmer que cette équipe fait rêver… à des temps meilleurs (et si possible à venir rapidement). L’OM n’a plus gagné un match par deux buts d’écart depuis le 4 novembre à Ajaccio (2-0). Pire, il n’a inscrit que 19 buts en 14 rencontres à domicile en Ligue 1, même s’il reste celui qui tire le plus (407 tirs pour 155 cadrés). Aussi, les matchs réunissent systématiquement un concours de centres stériles et un festival de coups de pied arrêtés rendus à l’adversaire. A tel point que les observateurs se demandent s’il s’agit de consignes du staff ou d’initiatives de la part des joueurs. Le jeu est de toute façon famélique et le coaching quasi-inexistant. Et comme d’habitude quelques joueurs oublient la notion d’effort collectif. L’absence de concurrence donne à certains un statut d’intouchable qui ne favorise ni l’hygiène de vie, ni les performances.
Faire, défaire, pour mieux faire, ou pas. A Marseille comme ailleurs de nombreux actes dépendent d’égos, d’intérêts personnels et d’influences. Certains s’interrogent sur la motivation de Margarita Louis-Dreyfus à garder un club pour lequel elle ne semble pas avoir de passion véritable. D’autres essaient de comprendre l’attitude extrêmement agressive des dirigeants vis à vis de leurs détracteurs plutôt que de chercher à renouer un dialogue. L’histoire olympienne nous a appris une chose : quand certains commencent à plus se soucier de leur propre sort que de celui du club, la dynamique se brise. Il faut rappeler aux joueurs, dirigeants et supporters que la star c’est l’OM et non les hommes qui le composent. Comme la précédente, cette saison devrait laisser de nombreuses cicatrices.