OM : quand vont-ils donc s’inquiéter ?

Lors des 11 dernières rencontres, l’Olympique de Marseille n’a ramené que 2 victoires et concédé 6 défaites. Si l’analyse de ces contre-performances peut se faire à l’éclairage du peu de solutions dont dispose Elie Baup, on peut aussi parler de manque de qualité (ou des performances insuffisantes) des titulaires. Mais le plus inquiétant, c’est que […]

Lors des 11 dernières rencontres, l’Olympique de Marseille n’a ramené que 2 victoires et concédé 6 défaites. Si l’analyse de ces contre-performances peut se faire à l’éclairage du peu de solutions dont dispose Elie Baup, on peut aussi parler de manque de qualité (ou des performances insuffisantes) des titulaires. Mais le plus inquiétant, c’est que les dirigeants marseillais (et les chefs des groupes de supporters) ne semblent pas s’inquiéter de la situation. Tout se passe comme si tout allait bien à l’OM.

Les groupes de supporters en mode silence

Dans la semaine, les Winners demandaient aux supporters de l’OM de se mobiliser pour la réception de Fenerbahçe après avoir été supplantés par ceux du Borussia Mönchengladbach une semaine avant. On sait depuis ce qu’il est advenu puisque des supporters turcs sont allés jusqu’à narguer les supporters phocéens dans leurs propres tribunes. Une scène qui aurait été impensable il y a 20 ans (ou qui se serait très mal finie). Culpabilisés pendant des années par une frange extra-provençales qui disons-le est à l’ouest au niveau des valeurs et du tempérament des Marseillais, les virages se sont assagis. Trop assagis. Depuis des années, on ne demande plus la tête de l’entraineur après 3 défaites d’affilée. On ne demande plus la démission du président parce qu’il a vendu tel ou tel joueur. Seul Deschamps a échappé à ces bonnes intentions. Or en soutenant depuis des mois (voire des années pour le directeur sportif) Anigo, Labrune et MLD, les groupes de supporters ont perdu l’essentiel de ce qui faisait la pertinence de leur existence : l’adhésion de la base. Aujourd’hui, plus personne ne les suit, ne les écoute. C’est même au contraire la défiance et le soupçon qui ont remplacé l’admiration que certains éprouvaient à leur égard. A chaque rencontre à domicile, le Stade Vélodrome est donc un stade à prendre pour les adversaires. Et dire qu’autrefois les joueurs et supporters adverses tremblaient à l’idée de venir dans cette enceinte ! Pour autant, les groupes de supporters ne sont bien évidemment pas responsables de la situation mais leur complaisance et leur patience (qui actuellement s’apparente plus à une tare qu’à une vertue). On aimerait donc qu’ils se réveillent et qu’ils retrouvent la fureur de leur jeunesse.

Anigo : ne pas céder pas à l’affolement

Si prompt à porter la bonne parole lorsque l’Olympique de Marseille gagne, José Anigo se fait en général plus silencieux en cas de contre-performances. Certes l’important dans le management est de positiver les éléments négatifs pour retrouver le chemin de la victoire. Mais à force de nier les réalités, on se dit qu’il y a tout de même un souci. Par ailleurs, en tant qu’ancien entraineur, il connait bien les limites d’une équipe qui n’a que 12 titulaires potentiels, le reste étant des jeunes sans expérience et avec un talent tout de même limité. Mais selon Anigo, « il ne faut pas céder à l’affolement. » car l’effectif dont dispose Baup est suffisant. Seule la guigne est responsable actuellement des problèmes sportifs que rencontre l’OM. « Si on a moins de malchance avec les blessés, ce sera suffisant. » Est-ce qu’il existe des équipes qui n’ont pas de blessés durant la saison ? José Anigo semble le croire.
Certes lui aussi n’est pas le seul responsable de la situation mais bon nombre de supporters le désignent comme comptable de tous les maux du club ce qui pose constamment des problèmes de légitimité. Il serait d’ailleurs temps d’arrêter avec la génération des minots (ou des porteurs d’eau) qui, en étant mythiques dans la symbolique, n’ont eu ni l’expérience ni le talent pour engranger le savoir-faire suffisant pour mener un club tel que l’OM. Laurent Spinosi n’est pas Karl-Heinz Rummenigge. Henri Stambouli n’est pas Sepp Maier. José Anigo n’est pas Gerd Müller. RLD voulait faire de l’OM le Bayern du sud. Il s’est vraiment trompé de chemin. Ajoutons que le club bavarois n’est pas une exception. Fernando Morientes est entraineur du Real Madrid U19. Pep Guardiola a été entraineur des jeunes du Barça. Qui est leur homologue à l’OM ? Présent auprès de l’équipe pro depuis plus de 10 ans, qu’a apporté José Anigo à Marseille durant ces années ? Quelques jolies coups comme Valbuena mais tout de même beaucoup d’engatses et de déception (notamment d’être resté quand Diouf est parti). N’est-il pas probablement temps de passer à autre chose ?

Labrune en mode serein

La plupart du temps absent des médias tout au long de la saison (au contraire de ses homologues de L1 qui s’y invite hebdomadairement), Vincent Labrune a porté la bonne parole du groupe Louis-Dreyfus sur deux des plus importantes radios françaises cette semaine : RMC et RTL. Le président de l’OM a tenté de nous convaincre que tout allait bien et que nous vivions une époque formidable. Un véritable exercice de style quand on connait les résultats de l’équipe phocéenne depuis plus d’un mois avec notamment une élimination en Ligue Europa et en Coupe de la Ligue. Pour lui, le problème d’effectif est juste « conjoncturel » et il n’y a pas de problème de leadership au sein du club. Pourtant quand on met Steve Mandanda capitaine (sans lui faire injure, il a autant de charisme que Jean Fernandez), on se dit qu’il y a tout de même un problème d’autant que placer un gardien de but capitaine reste une aberration.
Daniel Riolo était d’ailleurs très critique envers le président de l’OM. « Il nous explique très clairement, avec moultes détails, pourquoi il n’y a pas d’argent, pourquoi ceci, pourquoi cela. (…) La situation actuelle est quand même due à sa gestion (ndlr : celle de Labrune). (…) Cette situation-là qu’il a créée. C’est à lui qu’il faut demander des comptes. C’est lui qui a mis le club là où il est. » Riolo pointe ensuite « des salaires de malades à des joueurs qui ne le méritaient pas« , des dirigeants qui ont « merdé le recrutement » et « creusé le trou » (ndlr : financier). Riolo cible notamment un Labrune qui ne semble pas prendre à sa charge les erreurs de gestion qui pourtant lui incombent puisqu’il est aux manettes depuis l’éviction de Jean-Claude Dassier, voire de Pape Diouf.
Quand l’OM n’est pas capable d’acheter un joueur de 2.5 millions d’euros, Romain Alessandrini, on est effectivement en droit de se poser des questions sur l’engagement de l’actionnaire, sur les choix de management du club et donc sur les personnes qui le dirigent depuis des années en faisant semblant que c’était hier. Questionné par Luis Fernandez, Vincent Labrune a avoué sur RMC miser sur la formation depuis 7-8 mois. Doit-on lui rappeler que les Louis-Dreyfus sont au club depuis 15 ans et que lui y est depuis 2008. A force de faire endosser les responsabilités aux autres (Dassier, la crise, l’actionnaire), on y perd en crédibilité. Certains ont dit que les critiques envers Fabrice Apruzesse étaient injustes et « dégueulasses » (ce qui est vrai) mais n’étaient-elles pas plutôt tournées vers le triumvirat du club (Anigo, Labrune et MLD) ? Derrière le sarcasme, il y a souvent un brin de vérité.

Certes sur le tableau de marche du club en Ligue 1, les résultats parlent pour les dirigeants olympiens. « Si on gagne nos deux prochains matchs on sera en tête » estimait d’ailleurs le président de l’Olympique de Marseille après la défaite face à Fenerbahçe. Pour autant, si on regarde plus loin que le prochain match, il y a lieu de s’inquiéter. Car l’excuse des blessures « conjoncturelles » ne tiendront plus quand Kaboré, André et Jordan Ayew seront absents pour la CAN 2013.