Prenez Pinault, Pinuche pour les intimes, le milliardaire de chez Printemps-Redoute. Depuis son arrivée à Rennes, il collectionnait les entraîneurs comme d’autres les timbres ou les petites culottes. Le stade de la route de Lorient, c’était devenu un peu le cimetière de l’éducateur sportif. Le chemin de croix du gars en survêtement tant la liste des répudiés par le PDG s’allongeait désespérément.
Voyez Bergeroo, le dernier en date. L’équipe végétait dans un état exsangue dans les catacombes du championnat et le gentil Philou se désespérait de trouver un jour le remède à ses maux. C’est alors que Pinuche le vire sans autre forme de procès et que l’on convoque à la barre un sorcier bosniaque, le vampire des Balkans, j’ai nommé coach Vahid le terrible ! Et à partir de là comme dirait Trézégoal, on ne rit plus.
Finis les remèdes de grand-maman, les thalassothérapies à Quiberon, les séjours tous ensembles à Eurodysney avec femmes et enfants pour souder l’unité du groupe, voici venu le temps de la manière forte. On passe brutalement du cocon au camp disciplinaire, du Club Med à Alcatraz. Le Dracula de la baballe en simili-cuir commence par s’offrir un coup de sang sur les joueurs.
Il clame haut et fort qu’il y a du laissez-allez dans les mentalités et que çà doit changer fissa. Bonjour la CFA pour les récalcitrants. Tais-toi et rampe ! Je ne veux voir qu’une seule tête ! Il réveille Réveillère, pique au vif Piquionne qui plante désormais but sur but comme on plante du muguet, ressuscite tout son monde et punit deux hérétiques qui jouaient à des jeux vidéos after midnight, l’heure où se met en branle le fantôme de la nuit.
Résultat of course, les Rouge et Noir alignent en championnat une série de sept matchs sans défaite avec cinq victoires consécutives. Ils remontent à la 14ème place du classement de Ligue 1. Pinuche ne jure plus que par son bosniaque et serait même prêt, si l’autre lui demande gentiment, à effectuer un pèlerinage à genoux jusqu’à Sarajevo.
C’est vous dire si y plait, le tortionnaire du côté de la capitale bretonne! On se l’arrache dans les têtes de gondole des galeries marchandes, on veut des posters de sézigue au dessus de son paddock, on aimerait même bien qui bénisse le petit dernier ! Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si une rumeur persistante ne l’annonçait l’année prochaine à Paname…
En attendant, c’est une bande de zombies totalement requinqués qui débarque mardi sur le Vieux Port. A n’en point douter, ils vont mordre dans tous les ballons et tenter de faire trembler le Vélodrome sur ses bases. Perrin, le docteur Van Helsing de la Commanderie le sait bien et a préparé la riposte. Il a d’abord retapé ses troupes une nouvelle fois victimes, en pays rhodanien, du syndrome du corner.
Puis, pour affronter la chose, il a laissé les gousses d’ail, l’eau bénite et les croix aux vestiaires. Il a plutôt privilégié le mental, l’état d’esprit. Vaincre sa peur, aller droit au but. Tel est du reste notre credo. Petits bémols, deux d’entre les braves, Leboeuf et Meïté sont suspendus et manqueront cruellement à l’arrière-garde phocéenne. En outre, le jeune loup Sytchev, que tout un peuple attend, est encore trop court physiquement.
Qu’importe, l’OM possède d’autres d’arguments. Il évolue chez lui, en son jardin fétiche, devant un public entièrement dévoué à sa cause. La terreur risque de rapidement changer de camp. Pour diriger la manoeuvre, l’homme providentiel s’appelle Fernandao. Puisse-t-il être aligné d’entrée afin d’exorciser tous nos vieux démons. Hors de question d’assister boulevard Michelet à un remake d’une nuit des mort-vivants version shorts et crampons.