On commence à s’y faire. Ridiculisés dans leur antre par Sochaux il y a deux semaines, les Marseillais sont allés s’imposer samedi dernier à Toulouse, et avec la manière. Asymétrie complète : il existe depuis l’arrivée de Troussier deux OM ; un OM conquérant et sûr de lui lorsqu’il voyage en terrain hostile, et un OM fade, insipide et brouillon lorsqu’il reçoit. Le monde à l’envers.
Il faudra pourtant réajuster tout ça, et par le haut si possible. En effet, tant que l’OM brûlera au Vélodrome les points glanés à l’extérieur, il maintiendra son rang dans le groupe de tête, mais aura bien du mal à franchir le cap des places qualificatives en Ligue des Champions.
L’enjeu : liquider le » syndrome du Vél’ «
C’est donc plein d’espoir et de crainte que le supporter marseillais observera la rencontre de ce soir. Espoir d’une remise en ordre et d’une liquidation du désormais célèbre » syndrome du Vélodrome « , mais crainte de voir le même scénario se répéter une fois de plus – un fois de trop dans la course au Lyon. Du côté des joueurs, l’ambivalence des sentiments vis-à-vis des supporters doit atteindre des sommets : entre émulation et peur, on ne sait pas encore si les hommes de Troussier seront transcendés ou pétrifiés par la lancinante pression du Vél’. Le supporter olympien serait-il devenu un ennemi ? Certes pas, car tous s’accordent à dire que jouer devant soixante mille personnes et dans une telle ferveur est un privilège, unique en France. Le problème serait plutôt d’ordre tactique : l’OM n’a pas une équipe pour faire le jeu, mais plutôt pour faire déjouer l’adversaire, et le contrer dans le dos. Un profil qui évidemment peut se révéler inadapté face à une équipe en déplacement jouant dans le même registre – surtout dès lors que celle-ci ouvre la marque.
A problème tactique, solution tactique ?
Un problème tactique, donc, qui pourrait très bien recevoir un début de résolution dès ce samedi, et ce grâce à un coup du sort. La semaine dernière, en effet, les forfaits conjugués de Déhu et Hemdani ont contraint Troussier à improviser un 4-4-2, très proche de celui utilisé par son prédécesseur. L’issue du match nous a appris deux choses :
– la tactique ne se résume à choisir un schéma – car cet OM-là fut bien meilleur que celui d’Anigo, pourtant organisé de manière semblable ;
– un tel réajustement, en permettant la présence de deux milieux offensifs – sans pour autant déstabiliser le bloc-équipe -, pourrait être une clé susceptible de résoudre nos problèmes à domicile, une telle organisation se prêtant peut-être mieux à la réception d’une équipe que le 3-5-2 habituel.
L’adversaire : une proie tentante
La réception de Rennes paraît en tout cas une occasion rêvée de tester les nouvelles dispositions olympiennes – et la nouvelle disposition mise au point par Troussier. L’équipe du milliardaire breton, si elle occupe une honorable 8ème place au général, est la plus mauvaise équipe de Ligue 1 hors de ses bases. Un anti-OM en quelque sorte : avec trois nuls et huit défaites en onze matches, un non-succès olympien serait bien amer à un supporter phocéen qui ne voit ses champions briller que par écran interposé… Les Rouges et Noirs possèdent pourtant certains atouts : une attaque conquérante, avec Sorlin, Monterrubio et surtout Frei ; un milieu prometteur, avec Didot (blessé ce soir), Kallstrom et le brillant Gourcuff ; et une défense où s’illustrent tout particulièrement l’international espoirs Jacques Faty et le portier suédois Isaksson.
Victoire impérative
Mais comme tous ces talents ont la fâcheuse habitude de s’évanouir loin de leurs bases, on ne peut exiger autre chose des Marseillais qu’une victoire. Surtout que l’OM ne compte pas d’absences majeures, hormis Samir Nasri, insuffisamment remis. Surtout que l’OM ne pourra éternellement compenser à l’extérieur ses ratés domestiques. A eux de nous montrer ce soir que Sochaux et Auxerre n’étaient que des accidents. A eux de nous montrer ce soir que c’est bien vers le haut qu’ils regardent : puissent-ils ne jamais se retourner.