Ces dernières années, le tableau de l’Olympique de Marseille se résume bien souvent en un ciel bien sombre. Après un départ en fanfare cette saison, on a retrouvé les travers qui ont fait la faiblesse du club sous l’ère Dreyfus : son inconstance, sa malchance et sa reconstruction éternelle. On va finir par croire que cet homme, en plus de sa présence fantomatique, nous porte vraiment la poisse ; que c’est notre chat noir ! Pour ce dernier match avant la trêve on retrouve les Verts de Saint-Étienne, les mêmes qui nous avaient battus à plate couture en Coupe de la Ligue cette saison. N’en voulons pas aux Stéphanois dont les supporters sont régulièrement cordiaux. Leur état d’esprit est généralement louable et ils se consacrent uniquement au domaine du sportif, ce qui semble rare de nos jours. Il faudra donc, pour ce match, surtout espérer que nos joueurs trouveront les ressources nécessaires pour effacer cette baffe infligée récemment.
En début de saison, tout semblait bien rose. L’équipe jouait presque bien mais surtout les résultats suivaient et les retours de joueurs comme Cissé ou Valbuena laissaient présager un avenir radieux à la vue de ce croquis déjà intéressant. La méforme de Ribery restera une excuse facile et toute trouvée puisque son envie de départ était déjà justifiée par le manque de grands joueurs à ses côtés pour ne pas lui laisser une nouvelle fois une grosse partie du poids de l’équipe sur ses épaules. Nos dirigeants le savaient et leurs discours pleins d’emphase ou de déclarations remplies d’auto persuasion, selon les intéressés, n’ont pas convaincus grand monde. Il reste tout de même une flanquée de peintres qui n’ont d’artiste que leur faculté à viser juste les gabians osant errer encore avec courage près du Vélodrome ou bien préférant rêver en regardant le ciel plutôt qu’à se concentrer sur le marquage.
Cette équipe est jeune, bien jeune, trop jeune. Il manque tout de même ce genre de joueur qui par son expérience certaine est capable de recadrer ces bleus pour leur demander de ne pas vouloir tabler dans le chef-d’oeuvre de suite, malgré leur talent. Cette même catégorie qui demande aux jeunes de canaliser leur fougue en recommandant un coup de crayon bref mais sûr. On constate que ces grands frères qui regardent chaque dessin avec un oeil expérimenté manquent cruellement dans cet effectif. Les Barthez, Lamouchi et même Dehu font défaut par moments. Se dire que le gros pécule de points accumulé en joker en début de saison a fondu comme neige au soleil d’un gros coup de fusain par un simple manque de maturité nous prouve qu’avec cette fin des matchs aller, la saison ressemblera aux précédentes : longue et laborieuse…
On les a crus un moment enterrés ces Stéphanois. Embarqués dans de profondes galères ou d’histoires et bannis en dehors de la division d’élite, le retour à la lumière des Verts semblait être un labeur long et compliqué. La touche pastel de cette nouvelle donne donnait l’impression d’être encore un brin faiblarde pour reprendre rapidement sa marche en avant et s’inscrire sur la durée dans les hautes sphères des galeries d’expositions. Ils s’en sont finalement bien sortis. Capable déjà d’affirmer que leur renouveau n’est pas un simple coup de dés ou une simple toile réussie voire chanceuse qui fait vendre pour un seul et unique trait de génie. La direction sportive, depuis un moment, construit un groupe homogène et concerné par le même objectif : progresser pour travailler sur le long terme afin d’obtenir de meilleures teintes d’années en années dans sa palette de couleurs. Lorsque son retour dans la première division est arrivé, on se doutait que le travail effectué porterait tout de même ses fruits, mais qu’il ne fallait pas sans cesse recommencer à zéro ; que le projet était déjà d’assurer des bases et de ne pas partir à l’aventure en dressant de juvéniles esquisses pour sauver les meubles comme l’a fait l’Olympique de Marseille depuis une dizaine d’années.
Sa venue au Vélodrome sera un grand test pour cette formation, puisque à défaut de pouvoir priver les Olympiens d’un très léger bol d’air, elle permettrait à la formation stéphanoise de pouvoir sereinement aborder le début de l’année avec un matelas confortable de points. Mais les Marseillais ont également envie de mettre leur coup de pinceau sur ce match car le bilan de mi-saison reste un critère important et les derniers mois de la formation phocéenne qui ont été bien rudes, ressemblant plus à du pique-assiette qu’au respect du maillot blanc et ciel qui représente la fierté de la ville et donc de la croix.
Bien finir l’année, c’est la volonté de tous les supporters. Qu’importe, si le barbouillage de peinture à l’eau de nos jeunes pousses suffit à battre cette équipe de Saint-Étienne. Elle est largement à la portée de la formation marseillaise si lors des moments importants les joueurs concernés par le club apportent leur gouache. On parle de beaucoup de choses en ce moment, comme de la revente du club, sujet qui revient régulièrement lorsque le bilan n’est même pas concevable en peinture et qui fera toujours beaucoup de succès dans les media motorisés. Surtout si les rumeurs sont fondées. Mais ce match est à jouer et l’extra sportif n’est à priori pas du domaine des joueurs. Alors, étant donné que la saison sera une nouvelle fois blanche en titre, pour obtenir les objectifs, messieurs les joueurs, respectez et portez haut nos couleurs.