OM – Sochaux : On r’met ça ?

Les matches se suivent et se ressemblent depuis l’arrivée de Philippe Troussier. Le même scénario se répète, intangible, de semaine en semaine, à l’image de ces séries policières dont la chute est devinée dès la scène d’ouverture. La scène d’ouverture, justement, est toujours la même : l’OM marque, vite, avant même que l’adversaire n’ait eu […]

Les matches se suivent et se ressemblent depuis l’arrivée de Philippe Troussier. Le même scénario se répète, intangible, de semaine en semaine, à l’image de ces séries policières dont la chute est devinée dès la scène d’ouverture. La scène d’ouverture, justement, est toujours la même : l’OM marque, vite, avant même que l’adversaire n’ait eu le temps d’espérer quoi que ce soit. A peine commencé, mais déjà trop tard… Car derrière, ça cadenasse : avec un Déhu dont on se dit qu’il aurait mérité une autre carrière, et ses fidèles lieutenants Méité, Beye voire Ecker – qui a montré dimanche qu’il pouvait rendre de précieux services – les cages de Barthez prennent des allures de forteresse imprenable. Une pièce en un seul acte, sans élément perturbateur et sans le moindre rebondissement, avec des acteurs programmés comme des automates : si l’OM était une troupe de théâtre et Troussier un dramaturge, Molière se retournerait dans sa tombe. Mais comme il s’agit de football, l’ivresse du résultat suffit amplement au supporter olympien, lui qui a si souvent donné dans le football d’opérette ces dernières années…

Une fin de saison relancée
Mais le suspense, s’il est inexistant dans le déroulement des matches de l’OM, est bien réel, mais à une autre échelle ; après leur défaite chez les Dogues lillois, les Gones, que l’on croyait partis pour une longue échappée solitaire, voient revenir sur eux tout un peloton de poursuivants : Lille, bien sûr, mais aussi Monaco, Auxerre et… Marseille ne sont plus qu’à quelques points. Or, dans ce groupe de tête, une seule équipe, privée de Coupe d’Europe et précocement éliminée des coupes nationales, n’a plus que le championnat comme objectif unique : l’OM. Il s’agit à n’en pas douter d’un avantage de poids, comme vous le confirmeront les Monégasques, eux qui à courir tous les lièvres à la fois sont revenus bredouilles l’an dernier. L’OM semble également avoir mangé son pain noir niveau blessures, ce qui n’est pas le cas du leader lyonnais, toujours privé de Wiltord, Abidal, Caçapa ou Ben Arfa ; or, quand on se souvient de l’impact des blessures de Pedretti ou de Déhu, on se dit que l’acharnement du sort sur les Lyonnais pourrait être un autre élément décisif. L’OM, enfin, a connu sa période creuse – que chaque équipe connaît tôt ou tard dans une saison – et semble lancé sur une irrésistible dynamique positive. Bref, la fin de saison sera haletante, et l’OM pourrait bien y jouer les tous premiers rôles.

Confirmer, encore et toujours
A condition toutefois que le soufflé ne retombe pas aussi vite qu’il est monté. Cinq ou six matches, ça fait une belle série, mais pas une saison. Ainsi, jusqu’à ce que le renouveau soit définitivement confirmé par une autre série de bons résultats, Troussier et ses hommes seront systématiquement attendus au tournant par des adversaires désireux de ramener à la raison des olympiens revigorés… C’est sans doute ce que les Sochaliens sont en train de se dire alors qu’ils s’apprêtent à défier les Marseillais dans leur antre du Vélodrome. Récents et larges vainqueurs de Bordeaux, ceux-ci auront également à coeur de confirmer l’embellie, et surtout de recoller aux basques d’un peloton de tête qui pour eux s’éloigne dangereusement. Les Lionceaux, même en l’absence de leur meneur Wilson Oruma, ont en leur faveur des arguments sérieux : des hommes de base fiables et solides – Richert, Pitau ou Lonfat – et de jeunes joueurs promis au plus grand avenir, comme Menez ou Mathieu.

Un standing à assurer, un statut à assumer
Mais la récente déculottée infligée aux Girondins ne doit pas faire illusion : ce 4-0 doit autant – sinon plus – à l’effondrement de Bordeaux qu’au talent de Sochaux. Les Lionceaux, s’ils forment une bonne équipe de Ligue 1, n’en sont pas pour autant des cadors, et c’est en position de favori que l’OM débutera la rencontre de ce soir. Et ce en dépit des quelques absences recensées : Benoit Pedretti, suspendu, ne sera pas là pour souhaiter la bienvenue à ses anciens coéquipiers, et ne pourra être remplacé par Sylvain N’Diaye, blessé ; Abdoulaye Meité, à peine revenu de blessure, est quant à lui incertain. Mais tous les autres seront là et bien là, notamment les joueurs clés du récent renouveau olympien : Barthez, Déhu, Costa et Luyindula, au sommet de leur forme – sans oublier le jeune Nasri, qui bien que  » fatigué « , devrait tenir sa place.
Tous les ingrédients sont donc réunis pour assurer à l’OM une quatrième victoire de rang, et c’est logiquement qu’un succès est attendu. Mais comme le football détruit plus souvent les certitudes qu’il ne les conforte, gardons-nous de toute confiance excessive : le plan de jeu le mieux élaboré ne peut réduire à zéro le facteur  » imprévus « ; en effet, si les Sochaliens ouvraient la marque, les Olympiens sauraient-ils adapter leur partition à cette nouvelle donne ? La réponse à cette question sera lourde de sens – et de conséquences – car elle en soulève une autre : cet OM-là est-il capable, comme toute grande équipe, de s’adapter à l’inattendu, ou n’est-il qu’un interprète studieux capable de réciter sa partition, mais jamais de la dépasser ? Réponse(s) ce soir…