La Ligue des Champions, saint Graal des compétitions européennes et par laquelle vient le salut de toutes les équipes ambitieuses, semble à la fois si proche, et tellement loin… Les souvenirs d’Anfield, ou du retour des Olympiens au Vélodrome avec l’hymne qui résonne, resteront parmi les faits marquants de cette saison, et on croirait presque que c’était hier. Mais la raclée infligée par Liverpool a mis un terme douloureux à l’aventure, et ce n’est pas un grand club qui se présente aujourd’hui devant nous, ou du moins pas un grand club de ces dernières années. Le retour à la réalité de la Coupe UEFA fait que les rêves de la Coupe aux grandes oreilles semblent de lointains fantasmes. La Ligue des Champions semble également très loin de portée, tant les résultats du club ont été indignes d’un prétendant au podium national durant la première partie de saison. Mais depuis janvier, ce but semble tellement plus accessible, tant les hommes de Gerets avancent à pas de géants. Rêves déçus, espoirs fous, telles seraient résumées les émotions liées à ce club phocéen qui retrouve ce soir son jardin européen.
Le mois de février réservera quoi qu’il arrive de grands moments à l’Olympique de Marseille. Le match de Coupe de France face à Monaco, et la victoire à Nice, combinées avec une double confrontation contre le Spartak et de la réception de nos copains parisiens, font un mélange détonnant et explosif. Réussir toutes ces épreuves serait-il un défi insurmontable pour Lorik Cana et ses coéquipiers ? Avec un milieu qui a enclenché le mode 300, une animation offensive façon Gladiator, et un gardien quasiment aussi imprenable que Troie, tout porte à le croire. Et cela deviendrait une certitude si la défense n’était pas dans un délire » Astérix aux Jeux Olympiques « .
Les Moscovites font bien moins peur que par le passé. Certes ils sont à prendre avec beaucoup de sérieux, car une fois dans l’arène ils peuvent se transformer en mirmillons, combattants lourds et solides. La rigueur et la puissance russe peut réserver de bien mauvaises surprises, en témoigne la désillusion connue face au Zenit. Mais le Spartak ne possède pas autant de talent que le récent champion, et n’a pas disputé de rencontre officielle en 2008. Que valent donc physiquement les Titov ou Kalynychenko face à des joueurs affutés et des fauves tous droits revenus du Ghana ? Les faiblesses défensives, dues aux pépins physiques de leur arrière garde, pourraient être fatales à nos hôtes moscovites. Niang, en parfait thrace, est prêt à exploiter la moindre brèche, et Cissé ornera peut être son casque doré qui témoigne de sa confiance retrouvée. Avec de telles armes, l’issue de cet affrontement dans le cirque du Vélodrome ne laissera, espérons le, que très peu de doutes.
Le terme de ce combat n’est bien sur pas la mise à mort de l’adversaire, mais bien de sortir sous les vivats de la foule, pouces levés, et applaudissements nourris. Le match retour s’annonce en effet particulièrement difficile, se mettre à l’abri ne sera pas du luxe. Un bouclier de 2 buts apparaît comme le minimum pour ne pas plier sous le glaive de Moscou, et espérer une campagne européenne digne de ce nom.
A l’OM, on a toujours eu un faible pour la révolution, comme en témoignent les nombreux portraits d’Ernesto Guevara qui tapissent les travées du stade. Ce soir, pendant les 90 minutes face au Spartak, c’est pourtant Spartacus qui représentera le mieux un OM souvent indomptable. Malgré des années de disette sous le règne de l’empereur en tongs, les Marseillais ne sont jamais tombés dans l’esclavage de la morosité et de la médiocrité. Haïr puis encenser, siffler puis applaudir, détester puis adorer, on retrouve toutes les facettes des jeux de la Rome antique dans cet Olympique de Marseille. Ce cirque, c’est en Europe qu’il prend ses meilleurs attraits. Faites entrer les gladiateurs dans l’arène !