Strasbourg, septième ville de France, préfecture du Bas-Rhin. Strasbourg, ville européenne, siège du Conseil de l’Europe, du Parlement européen ou encore de la Cour européenne des droits de l’Homme. Ne cherchez pas plus loin la symbolique : l’obtention d’un précieux ticket pour le Graal européen passe impérativement par une victoire face aux mangeurs de bretzels. Pour grapiller son retard sur Auxerre, Sochaux voire Paris, l’OM ne peut plus se permettre de laisser filer des points dans son antre.
Une victoire s’impose. Les Strasbourgeois, paradoxalement, sont encore bien loin de l’Europe du football. L’arrière-garde alsacienne, fort au courant des tractations européennes, ne rechigne pas à appliquer les accords de Schengen : nulle part ailleurs la suppression des contrôles aux frontières de la surface de réparation n’a été appliquée avec autant de zèle. Quant à l’attaque, en dépit de l’extra-communautaire Mamadou Niang, elle est aussi inefficace qu’un technocrate de Bruxelles : le remplacement du maître Ljuboja par l’élève Chapuis n’y est pas pour rien. Merci Erasmus.
Mais tout n’est pas à jeter par-dessus Rhin chez nos adversaires du dimanche. L’effectif est composé de joueurs plutôt talentueux. Des nationaux (Bassila, Le Pen, le vieux Martins…), des produits du terroir (Lacour, Ehret…) côtoient des communautaires (Dorsin, les frères Farnerud…), mais aussi des ressortissants de futurs pays membres (Les Tchèques Drobny et Kobylik) : le Racing est bien à la pointe de l’intégration communautaire, et de l’élargissement vers l’Europe de l’Est…
Or c’est vers l’Ouest que les Strasbourgeois puisent leur inspiration sur le terrain. Depuis la nomination d’Antoine Kombouaré, la Menau se régale d’un jeu fluide et léché, qui rappelle le Kanak au bon souvenir de la Jonelière. Un jeu mobile, basé sur la technique et la vivacité: l’ancien Parisien se veut héritier de Coco Suaudeau, pas d’Arthur Jorge. En termes de spectacle, nul ne s’en plaindra. Par contre, au niveau comptable, le bon Antoine n’a pas retenu grand-chose des rébarbatives leçons du moustachu portugais ; treizièmes de Ligue 1, les Strasbourgeois troqueraint volontiers quelques belles phases de jeu contre une paire de points.
Mais des points, justement, les hommes d’Anigo en ont déjà trop laissé filer, y compris sur leurs terres. Dimanche, on ne leur demandera ni strass ni paillettes. Pas de plaisir, encore moins de folie, juste les trois points. Les trois points : dans le mot d’ordre de cette fin de saison résonne un aveu d’impuissance. De lassitude aussi : c’est en la saison prochaine, et en elle seule, que se cristallisent désormais tous nos espoirs. La seule chose que l’on espère encore de cette saison, c’est qu’elle ne compromette pas la suivante. Le recrutement à venir laisse entrevoir des jours et des joueurs meilleurs : mais sans l’Europe, à quoi bon ? Le match de jeudi à Liverpool l’a confirmé : rien ne remplace l’ivresse des joutes européennes.
On peut donc espérer que le désir de retrouver celles-ci l’an prochain décuplera les forces olympiennes. Un surcroît de motivation qui devrait compenser l’usure physique et les lacunes techniques du groupe. Mais attention au piège toutefois ! On se souvient que la débaûche d’énergie déployée à Dniepr fût chèrement payée en Corse. Il faudra la jouer fine, gérer l’effort, montrer autant de sang froid que face aux Reds. Parce qu’à défaut de talent, c’est dans le sang, justement, ainsi que dans les larmes et la sueur, que s’achèvera la construction européenne… de l’OM !