On dit généralement qu’après être tombé de vélo, il faut se remettre en selle immédiatement afin de chasser de son esprit cette mauvaise chute. Après le premier gadin de la saison à la Beaujoire, un déplacement européen chez un anonyme tchèque était la meilleure occasion de repartir de l’avant. Mais l’Olympique de Marseille est tombé deux fois de suite, et c’est donc avec un capital confiance légèrement écorché que les hommes d’Albert Emon vont évoluer ce soir. Si Toulouse effectue un début de saison à la hauteur des espérances que laisse entrevoir son effectif, les olympiens doivent confirmer ce qu’est redevenu le stade Vélodrome. Une place forte.
Au soir de la victoire à Montpellier, le parcours de l’OM suscitait l’admiration et le respect. Des succès à la pelle, une défense inviolée en championnat dans le jeu, une attaque prolifique, bref le bilan brillait de mille feux, comme les parures en vente place Vendôme. Mais la joaillerie phocéenne est en partie ternie par les deux dernières sorties. A Nantes, c’était presque prévisible. Là où les équipes du championnat jouent Lyon avec respect et perdent avec le sourire, la venue de l’OM déclenche la poussée de testostérone annuelle chez les adversaires. Certains adversaires, moribonds pendant 36 journées, puisent dans ces oppositions un courage et une envie impressionnante, tels des révolutionnaires chinois place Tiananmen. Sans crier au scandale – il faut bien assumer son statut – un championnat est toujours plus compliqué quand on porte le maillot ciel et blanc.
Le TFC, depuis l’arrivée d’Elie Baup, et grâce au recrutement ambitieux qui porte enfin ses fruits cette saison, est un réel danger. Car on pourrait passer, en moins de 10 jours, d’une situation idyllique à un début de crise. Tout va vite à Marseille, parfois même trop… Et quand on voit la réussite du coach à la casquette face aux phocéens, nul doute que la bande de journaliste à l’affût déclarera déjà l’état de crise. Les plumes acérées sont en stand by depuis trop longtemps pour ne pas sauter sur l’occasion. Ce comportement, estampillé place Pigalle, caractérise le traitement réservé à l’Olympique de Marseille dans les médias. Quand tout sourit, ces derniers se frottent les mains car un OM fort, c’est vendeur. Mais le moindre fléchissement est exploité comme sur une place financière. Le contexte marseillais est réputé difficile ? Il le serait moins sans tout ce tapage médiatique…
En cas de résultat négatif en début de soirée, c’est place Bellecour qu’on va se frotter les mains. Un nouveau titre comme une voie d’autoroute, la L1 ressemblerait encore un peu plus au championnat norvégien ou au championnat écossais… Il n’y a bien qu’Aulas pour jubiler et pour passer entre les mailles du filet lors de chaque irrégularité. Pour le bien du foot français, il voulait que les autres se délestent de leurs perles. La vérité c’est qu’il vaudrait mieux une adversité forte, une pression sportive, s’il veut enfin voir son club compter. Mais à force d’obtenir des décisions favorables (exemptés de la Coupe de la Ligue, affaires Clerc ou Ribéry…), on voit mal ce qui pourrait déstabiliser la maison lyonnaise quand l’adversité sportive pauvrissime est alliée à un favoritisme gerbant de la part des instances. Si Bernie Ecclestone dirigeait la L1, Aulas ferait des cauchemars tous les soirs…
On pourra dire que le supporter marseillais est rageux et que se plaindre sans cesse n’apporte rien. La meilleure réponse, ça sera de voir un succès sur le terrain, et de soutenir avec encore plus de passion ce club qui nous est cher. Thierry Roland avait parié un tour de la place de la Concorde à poil en cas de succès des Bleus à la Coupe du Monde, et il pourrait faire de même sur un sacre olympien en fin de saison sans prendre trop de risques. Mais le jour viendra où l’OM reprendra sa vraie place, celle des grands hommes. Pour cela il faut gagner les rencontres importantes, celle contre Toulouse est… Capitole…