OM-Troyes : Peu importe le flacon…

Six journées de championnat auront eu raison des belles intentions de début de saison.  » Redonner du plaisir « , tel était alors le credo de José Anigo. L’important, c’est de  » produire du jeu « , martelait Jean Fernandez, expliquant que les résultats s’en suivraient naturellement. Quelques mois plus tard, autre son de cloche : il […]

Six journées de championnat auront eu raison des belles intentions de début de saison.  » Redonner du plaisir « , tel était alors le credo de José Anigo. L’important, c’est de  » produire du jeu « , martelait Jean Fernandez, expliquant que les résultats s’en suivraient naturellement. Quelques mois plus tard, autre son de cloche : il faut avant tout  » consolider la base défensive « , tant pis pour le spectacle. Le déplacement à Sochaux et surtout le match de jeudi furent le plus patent manifeste de la nouvelle philosophie – inutile désormais de chercher une signification autre que folklorique aux trois petits mots brodés sur le logo ciel et blanc…

Reste que ce repli stratégique aura au moins eu un mérite : stopper l’hémorragie défensive du début de saison. A Sochaux comme à Anvers, l’OM aura gardé ses cages inviolées – fait suffisamment rare pour être signalé. Mais quel crédit doit-on porter à cette performance ? Est-ce un exploit de ne pas encaisser de but face à la 17ème attaque de Ligue 1 – 3 buts en 7 matches ! – ou encore contre une équipe belge au nom imprononçable, dont les attaquants on ne peut plus glamours s’appellent Pius N’Diefi ou Jürgen Cavens ? L’exigence proverbiale du supporter marseillais ne serait-elle plus qu’un mythe ? Sa patience est louable, et pour le moins déconcertante ; reste à savoir s’il s’agit de sagesse ou de résignation – plus probablement des deux…

Un supporter si sage – et/ou résigné – qu’il serait prêt à brader les ennuis de l’OM contre de l’ennui…  » Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse « , telle pourrait être sa devise – l’ivresse étant en l’occurrence réduite à l’âpre satisfaction du résultat sec. Une devise qui résonne étrangement, dans un club où l’on a pour habitude de s’enorgueillire d’incarner la passion footballistique dans toute sa splendeur… Le (non-)jeu en vaut-il simplement la chandelle ? Avant de répondre par l’affirmative – et tel est notre souhait – attendons que l’OM ait réalisé une série digne de ce nom, susceptible de conforter Jean Fernandez dans ses choix frileux.

Autant dire qu’une telle série passe par une victoire ce soir face à Troyes. Ce qui ne devrait être qu’une formalité pour un OM en bonne santé est aujourd’hui un test grandeur nature. Une victoire, et l’on pourra affirmer que les options défensives étaient un remède désagréable mais nécessaire au rétablissement de l’équipe ; un nul ou une défaite, et ledit remède sera décrié comme étant pire que le mal… Et ce même si la vérité, comme souvent, se tient entre les deux postures extrêmes : assurer ses arrières était un besoin impérieux, mais brider toute velléité offensive relève de la gageure – les Lillois l’ont appris à leurs dépens face à Benfica. Puissent les olympiens connaître un autre sort… et un soupçon d’ivresse.