Sauf improbables qualifications face au Bayern Munich et face au Real Madrid, puis victoire face au Barça, l’OM ne disputera pas l’édition 2012-2013 de la Ligue des Champions. Car même si certains joueurs ont tardé à prendre conscience que la troisième place était hors de portée, la preuve s’il en fallait qu’ils vivent sur une planète différente, le miracle n’aura pas lieu. Un énorme coup dur qui marque un gros pas en arrière pour le club. Financièrement, sportivement, médiatiquement et dans tous les classements UEFA, l’Olympique de Marseille va reculer. Reculer pour mieux sauter ? C’est peu probable. Cet OM a besoin de la Ligue des Champions pour maintenir son train de vie. Le retard que génèrera l’absence dans la compétition phare européenne sera nécessairement très difficile à combler. Comme il le fut en 1999-2000, même si alors la trésorerie étaient encore plus mal maitrisée.
Deschamps a appris à se serrer la ceinture
Le coach olympien divise et c’est plutôt logique. Didier Deschamps incarne encore l’OM flamboyant de 1993 et l’équipe de France victorieuse de 1998 et 2000. Et quand Rolland Courbis peine à obtenir un titre, Didier Deschamps lui les collectionne. Il est l’homme qui a brisé la schkoumoune qui touchait le club depuis 17 ans. Son aura de gagneur est incontestable. D’un autre côté, il est aussi l’entraineur qui a bénéficié des plus gros moyens depuis que le club est né en 1899, et plus particulièrement sous l’ère Louis-Dreyfus. Lors des mercatos 2009 et 2010, l’OM a dépensé 83 millions d’euros (chiffres hors bonus, lesquels s’élèvent à au moins 10 millions d’euros) sur le marché des transferts. Une somme colossale, même s’il faut tenir compte des ventes qu’il a fallu compenser. A coups de millions, l’entraineur a pu monter l’équipe qu’il voulait, ou pas loin, mettant accessoirement la « larme à l’oeil » à Eric Gerets, son prédécesseur. Malgré tout, s’il y a eu certains mauvais choix de joueurs, Didier Deschamps ne peut pas être tenu responsable de l’état des finances marseillaises. Et lors de l’été 2011, Deschamps a appris à faire comme les autres avant lui : un recrutement à moindre coût. Résultat ? Mentalement, qualitativement et quantitativement, l’effectif 2012 parait être en deçà des précédents. Il n’est pas suffisant pour jouer sur les quatre tableaux.
Un football qui ne fait pas bander
Les attentes sont grandes, comme toujours à Marseille. Encore plus lorsque l’on a dépensé les précieux millions. Aujourd’hui, l’OM n’est pas beau à voir et … n’a plus de résultat. La pauvreté du fond de jeu était tolérée tant qu’il y avait des titres. La pilule devient maintenant plus difficile à avaler. Admiratif du grand Milan d’Arrigo Sacchi, Didier Deschamps mise sur des footballeurs athlétiques, au détriment de la technique. Sous son influence, le club développe un football qui va en contradiction avec son histoire. Il nous vient tout droit d’une époque où le football italien dominait les débats en pratiquant le Catenaccio. Le coach, qui a visiblement manqué les succès barcelonais et espagnols de ces dernières saisons, affiche peut-être tout simplement ses limites… Lucho aurait-il connu autant de difficultés avec d’autres techniciens à ses côtés ? La couleur a été affichée d’entrée : on se rappelle que la première année, il s’en est fallu de peu que Mathieu Valbuena et Hatem Ben Arfa ne soient bradés pour quelques millions, avant de devenir des acteurs importants de la victoire du championnat. Le second fut tout de même vendu pour pas grand-chose l’année suivante. Aussi, les conséquences du manque de spectacle sont clairement visibles au Stade Vélodrome et dans l’évolution des chiffres de merchandising du club.
L’OM manque le bon wagon
Avec l’arrivée d’Al Jazeera, la prochaine édition de la Ligue des Champions sera très lucrative. Les droits TV seront notamment pas loin d’être doublés. Autrement dit, les trois clubs qui y participeront auront les moyens de se renforcer. De plus, le PSG, avec ses nouveaux propriétaires, et les Lillois, avec leur nouveau stade et leur équipe de dirigeants actuellement autrement plus en réussite que les nôtres, vont disposer de moyens supplémentaires qui devraient leur permettre de tenir leur rang en championnat en 2013. Non contente de briser la dynamique des 5 ou 6 dernières années, la non-participation à la Ligue des Champions va nous priver des moyens de rivaliser avec tout ce beau monde. Compte tenu du déficit 2012 et du manque à gagner 2013 (sur la LdC et le stade), l’OM devrait être en très grandes difficultés lors du mercato. A moins que Margarita Louis-Dreyfus ne pose dans les 40 millions d’euros sur la table, chose qui parait peu probable. Il faudra donc vendre, non pour se renforcer, mais pour survivre. Et espérer quelques recrues gagnantes du calibre de Franck Ribéry, Didier Drogba, Mathieu Valbuena ou Nicolas Nkoulou plus récemment, pour faire quelques plus-values supplémentaires et se reconstruire à l’échelle nationale.
Les stars du vestiaire
« Ce n’est pas la même motivation en Ligue 1 », déclarait Souleymane Diawara, après un match de Ligue des Champions. Gaby Heinze parti, certains se croient peut-être en vacances. Ou alors au FC Hollywood. Il faut croire que quelques-uns d’entre eux ont besoin d’une maman qui leur dise quoi faire, match après match, qui les motive, tandis qu’aucun n’a le caractère pour taper du poing sur la table. Ont-ils oubliés, à la Commanderie, que le maillot phocéen représente l’opposé de ce qu’est le foot business ? Ce maillot nécessite une faculté pour le don de soi, un penchant pour la solidarité, qu’on soit le meilleur joueur du monde ou, plus probablement nous concernant, un joueur lambda. Sous Tapie, malgré les millions dépensés, l’équipe était une bande de potes, qui multipliait les activités à l’extérieurs, les barbecues, etc.. Les Boli, Mozer, Sauzée, Di Meco ou Casoni n’auraient pas accepté qu’un mec se la raconte, ne mouille pas le maillot ou, à l’inverse, auraient donné leur peau pour protéger leurs coéquipiers sur le terrain. Ils n’avaient pas besoin qu’on leur dise, dans les vestiaires, qu’il faut être solidaire, qu’il faut tout faire pour gagner et qu’il faut défendre son partenaire lorsqu’il prend un gros tampon.
Avec ces résultats, force est de constater que Steve Mandanda n’a pas la carrure pour porter le brassard olympien. D’ailleurs personne ne l’a dans cet effectif, hormis peut-être André Ayew qui a 22 ans. Preuve que l’on est tombé bien bas. On voit bien aussi que l’idée de faire élire le capitaine par les joueurs n’était pas un éclair de génie : le vrai boss du vestiaire est parti l’été dernier à la Roma.
Vincent Labrune reste l’homme qui a fait virer Pape Diouf, alors que ce dernier paraissait avoir réussi, à peu de choses près, à pérenniser le club. Il en subit aujourd’hui les conséquences et doit être en train de piger que le poste n’est pas à la portée du premier venu. Nous verrons bien comment il justifie la situation lamentable du club au terme de la saison. Il ne faut pas s’attendre à une révolution, tant l’ère Louis-Dreyfus ne correspond pas à la période où les responsabilités sont assumées.
Côté équipe, quand les choses vont mal sur le terrain, il y a souvent un hic explicatif dans les vestiaires. On devrait en savoir plus en fin d’année, lorsque L’Equipe sortira son article traditionnel sur les coulisses phocéennes. Le groupe professionnel de l’OM version 2012 manque en tout cas de caractère et la plupart des joueurs ne sont pas taillés pour ce maillot. Il résulte d’une succession de mauvais choix qui incombent certainement en partie à Didier Deschamps. Ne devrait-on maintenant pas profiter de cette fin de saison pour lancer des minots afin de les aguerrir ? Il n’y a pas grand risque de faire pire en championnat.
L’OM devra compter sur un recrutement plus malin pour espérer se refaire une santé pécuniaire. Etant donné les décisions prises depuis l’été dernier, on peut éventuellement compter sur un malentendu…