L’Olympique de Marseille a, au cours son histoire plus que centenaire, connu plusieurs morts et plusieurs renaissances. L’épopée des Minots au début des années 80 a coïncidé avec une de ces résurrections. Depuis, ce club que l’on aime tant a connu une existence à échelle humaine. Une croissance progressive, un succès foudroyant sous la houlette d’un mentor charismatique, une grosse bêtise, la maison de correction et une adolescence instable. Depuis quelques saisons, malgré un père adoptif absent qui ne subvient qu’aux besoins primaires, l’OM retrouve le droit chemin et commence à se bâtir un avenir. Alors que l’année commence, les premiers résultats sont encourageants. Est-ce enfin un signe de maturité ?
Les vacances ont pourtant été agitées… Le meilleur élément de la classe a voulu faire l’école buissonnière, et la seule recrue de poids est dispensée de gym pour encore de longs mois. Mais, malgré le fait d’avoir été recalé lors de l’examen final au Stade de France en avril dernier, le groupe phocéen est resté soudé et quasi inchangé. Le nouveau professeur principal étant issu de l’établissement, les premières interrogations en football hexagonal ont été un réel succès et placent l’OM au rang de premier de la classe. A l’heure de confirmer sur la scène européenne face à des Young Boys qui ne sont pas des surdoués, et malgré les absences de nombreux élèves, il est important de ne pas rendre feuille blanche et d’avoir au minimum la moyenne sur ce contrôle. Le reste de l’année scolaire en dépend…
Bien entendu, une défaite serait synonyme d’une mauvaise appréciation dans le carnet, mais l’équipe a-t-elle les moyens d’assurer toutes les matières dès cette année ? Il faut parfois savoir faire une impasse pour se concentrer sur l’objectif final : le diplôme qui ouvre les portes de la coupe aux grandes oreilles…
En face, le nouveau proviseur Gernot Rohr a souhaité apporter un nouveau règlement intérieur et une discipline défensive de fer. Mais encaisser trois buts à la maison et ne pas vaincre face à une équipe réduite à 9 en dit long sur le retard qu’ont les Suisses sur le niveau. Et même s’ils avaient pris de nombreux cours du soir, le possible forfait d’Hakan Yakin serait synonyme de redoublement.
Mais la méfiance est de mise, car tout va très vite dans le football, et cette vérité prend des proportions exponentielles à Marseille. A chaque saison son cancre, celui à qui on octroie un bonnet d’âne et que l’on conspue à la récréation… Certains comme Mamadou Niang font le dos rond et connaissent une popularité égale à leur ratio de buts par match, d’autres comme Péguy Luyindula sont exclus malgré un talent certain. Il faudrait bien plus qu’une dissertation pour décrire les différents profils de joueurs et les conséquences sur le comportement des supporters. Certains pensionnaires de la formation phocéenne, la jeunesse dorée promise à un brillant avenir, ont parfois pris des routes bien sinueuses et ont emprunté une carrière où les débouchés sont rares. Jérémy Gavanon, actuellement en CAP Stéphane Porato, et Ahmed Yahiaoui, qui étudie le Nicolas Ouédec au FC Sion, peuvent en témoigner. En ce moment, c’est le jeune Thomas Deruda qui ramasse et qui endosse le rôle du bouc émissaire. Ou comment casser un joueur sur des rumeurs, des articles tapageurs et quelques contre performances. On affirme souvent que les enfants sont méchants. Et si certains arrêtaient de se comporter comme des gamins ?
Cette année enfin, nous pouvons enfin atteindre la maturité tant espérée… Pour sortir de cet âge ingrat avec ses crises d’adolescence, et enfin voir un OM adulte et prometteur, il faut prendre les succès comme ils viennent, et savoir encaisser les mauvaises notes. En cas de zéro pointé ce soir, il faudra apprendre de nos erreurs. Et qui sait, si de nouveaux élèves viennent étrenner leur plume d’ici à la fin du mois, si les Olympiens ne vont pas être reçus avec mention…