Il était temps qu’elles arrivent, ces vacances de Noël! L’Alain en avait besoin, lui qui a passé tout le premier semestre dans ses carnets à spirale, à taper de la règle sur les doigts tendus de ses élèves. Le zéro pointé obtenu lors des partiels de décembre n’a pas été compensé par de piteux oraux : seule une session de rattrapage, accordée par un jury serbe, lui a évité d’être recalé. Autant dire que l’ancien major de l’ESTAC, qui affichait fièrement ses feuilles de match sur le frigo du stade de l’Aube, supporte mal son nouveau statut de fumiste; le tableau noir en sait quelque chose!
Oui mais voilà, tout a une fin, et après un repos bien mérité, il faut reprendre le chemin du campus. Se replonger dans ses notes, réviser ses schémas tactiques, apprendre par coeur ses combinaisons. Dépoussiérer sa chambre de bonne : faudrait peut-être penser à retirer tous ces posters d’Arsène Wenger, tout de même! Procéder à quelques emplettes, aussi ; la promo 2004 a bien besoin de quelques rafistolages!
Et surtout, une fois l’esprit bien aéré, revenir sereinement sur les raisons de l’échec. Refuser les excuses faciles : non, le caïd de l’amphi – un Bosniaque peu locace – n’a pas menacé de mort le jury ; non, les deux fayots du premier rang, Dédé et Paulo, n’ont pas pompé leurs phases de jeu. Au lieu de jalouser la réussite des autres, peut-être faudrait-il penser à revoir sa copie, hein l’Alain?
Car la copie n’est pas parfaite, c’est peu dire. Des fautes récurrentes ont raison de la patience des correcteurs les plus permissifs : les attributs ne sont pas toujours à leur place, et la table de 10 a vraiment du mal à rentrer… Quelques élèves réticents l’auraient bien couverte de rouge, d’ailleurs. Le respect du maître, c’est plus ce que c’était : difficile d’être un hussard noir de l’Olympique en 2004… Il se murmure que certains, lassés des humiliations devant toute la classe, penseraient à un changement d’établissement, voir à demander au directeur une mutation du pédagogue-tortionnaire.
Mais, tout bourreau qu’il est, celui qui aime à se décrire comme un » chercheur » du football ne peut ignorer que cette science n’est pas exacte, et donc que les solutions à adopter ne sont pas universelles. Point de théorème de Pythagore qui ne tienne, les réalités du ballon rond sont mouvantes, partielles, subjectives : le professeur Perrin n’a pas intérêt à faire l’impasse sur la théorie de la relativité. Car c’est l’enjeu désormais : soit Perrin prendra acte de ses erreurs, et reverra sa méthode ; soit il persévèrera dans celles-ci, et mourra avec elles.
Le second semestre, qui vient de reprendre, sera donc marqué par cette interrogation : Perrin a-t-il retenu la leçon? S’il est trop tôt pour le dire, la pré-rentrée a apporté certains éléments de réponse. Face à Strasbourg, on a vu notre ex-prof de gym encourager ses joueurs de vive voix, là où il les aurait jadis ignoré ou insulté. Il a également oser mettre à Celestini le bonnet d’âne, et a expédié Vachousek au coin. Par contre, toujours pas de remise en cause tactique, toujours pas de numéro 10. Mais peut-être a-t-il raison quand il dit que les changements les plus mineurs peuvent avoir les effets les plus spectaculaires? Nous serons bientôt fixés. Et il n’y aura pas de rattrapage…