Après un début de saison particulièrement inquiétant, Vincent Labrune avait pris la décision début décembre de licencier Elie Baup, jugeant celui-ci plus en mesure de gérer son vestiaire. Faute d’entraineurs de qualité disponibles à cette période de l’année, le président marseillais a donc décidé de nommé dans la foulée son directeur sportif, José Anigo, à la tête de l’équipe, pensant que ce dernier était l’homme idoine pour remobiliser les troupes. Malheureusement, après presque deux mois de présence, l’ancien minot ne semble pas parvenir à redresser la barre du navire phocéen et l’OM continue toujours de décevoir.
L’OM presque déjà en roue libre
Depuis le début de la saison, l’OM souffle le chaud et le froid et est capable dans un même match d’osciller entre actions de classe et phases de jeu dignes d’une équipe amateur. Eliminés de toutes les coupes dans lesquelles ils étaient engagés, avec notamment un très remarqué zéro pointé en Ligue des Champions, il ne reste maintenant aux Olympiens plus que le championnat pour espérer accrocher une place européenne au terme de l’exercice. Un objectif lui aussi bien loin d’être acquis puisque l’OM pointe à l’heure actuelle à la 5ème place du championnat avec 8 points de retard sur le 3e, Lille, qui compte un match supplémentaire.
L’effectif et les jeunes pousses
La politique de recrutement de cet été a fait beaucoup parler. Axée sur des jeunes joueurs avec un potentiel de progression important. Certains s’épanouissent déjà (Florian Thauvin est devenu un titulaire indiscutable et dans une moindre mesure Benjamin Mendy), ou ont rongé leur frein sur le banc avant d’avoir une chance de se montrer (Mario Lemina), tandis que d’autres ont clairement déçu (Dimitri Payet et Giannelli Imbula) et perdu leur place de titulaire au sein du onze de José Anigo.
Cependant, l’intégration difficile de ces nouveaux joueurs serait apparemment le problème majeur si l’on en croit plusieurs cadres de l’OM qui trouveraient l’investissement de ces nouvelles recrues bien insuffisant. Parmi eux, Souleymane Diawara et Benoit Cheyrou ont relevé ouvertement dans les médias ce problème interne. Ce qui ne semble pas infondé compte tenu des lacunes criantes dans leurs compartiments de jeu respectifs.
Outre l’aspect technique, cette équipe semble manquer d’un véritable leader sur et en dehors du terrain, comme pouvait l’être auparavant Gabriel Heinze ou même Joey Barton la saison dernière. Le type de joueur qui impose un duel physique intense à ses adversaires sur le rectangle vert et qui sait également remonter ses troupes quand il le faut. Un profil rare qui fait cruellement défaut à cet OM toujours très fragile mentalement dès que la situation n’est plus à son avantage.
Un système de jeu qui fait débat
Après l’entêtement d’Elie Baup, durant toute sa durée de présence, dans un inamovible 4-2-3-1 quel que soit l’adversaire. José Anigo a tenté par la suite plusieurs systèmes et semblait trouver petit à petit un équilibre même si l’ensemble restait encore brouillon. Seule réussite notable, un André-Pierre Gignac beaucoup plus à l’aise dans un dispositif à deux pointes qui lui a permis d’inscrire 9 buts lors des 7 derniers matchs grâce notamment à son entente avec Florian Thauvin, qui laisse présager de bonnes choses pour la suite.
Point fort de la saison 2012-13 (4ème défense de L1), la défense est aujourd’hui devenue le point faible. Difficilement compréhensible au premier abord puisque l’arrière garde provençale a conservé la même ossature, en enregistrant seulement le renfort de Benjamin Mendy sur le côté gauche. Ce secteur de jeu fait ainsi preuve d’une fébrilité et d’un manque de confiance flagrant. Néanmoins, les Marseillais demeurent actuellement la 5ème défense de Ligue 1. Pourtant, les cadres qui la compose n’ont plus le même rayonnement sur le jeu, avec en tête un Nicolas Nkoulou qui ne dégage plus la même sérénité et enchaine les prestations insipides.
De son coté, le milieu de terrain n’est pas forcément plus rassurant avec les prestations en dents de scie d’Alaixys Romao et un Benoit Cheyrou imprévisible, capable du pire comme du meilleur. C’est là que l’option André Ayew peut reprendre de l’ampleur, même si le Ghanéen n’a pas forcément été très convaincant à ce poste par le passé.
L’autre problème réside également dans la gestion des hommes. Le turn over a été inexistant sous Baup et les organismes en ont subi les conséquences. Autre non sens, une simple amende pour les retards à l’entraînement payée dans un pot commun destiné a financer une future sortie collective au restaurant. Une sanction qui n’incite pas forcément au sérieux et amène plutôt des comportements laxistes, comme a pu le démontrer par exemple Giannelli Imbula dont l’attitude a été plusieurs fois pointé du doigts.
La volonté de devenir le « Borussia Dortmund » du sud en menant une politique axée sur les jeunes pousses est ambitieuse, mais il faudrait se donner les moyens d’encadrer au quotidien ses joueurs avec des personnes qualifiés. Guy Roux avait ses travers, mais il n’empêche que sa pédagogie particulièrement stricte a mené beaucoup de joueurs vers les sommets en son temps.
Le nouveau Vélodrome qui dessert l’OM
Un dommage collatéral, un mal pour un bien selon certains, mais cela pénalise l’OM. Financièrement certes, mais d’un point de vue sportif également. Le bilan à domicile est catastrophique (4 victoires / 1 nul / 4 défaites) soit déjà une défaite de plus que sur l’ensemble de la saison dernière. De plus, avec la couverture du stade, la pelouse est devenue digne d’une formation de district. Un défaut qui n’a semble-t-il pas été soulevé dans les plans des architectes et qui pose aujourd’hui problème car il est loin de favoriser la performance. Et comme un problème n’arrive jamais seul, cette dernière a été partiellement changée en début d’année, mais avec les intempéries, cela n’a finalement pas eu l’effet escompté.
Tous ces différents éléments ne poussent pas véritablement à l’optimisme. Toutefois, l’étincelle entrevue avec l’attaque qui devient plus prolifique, le retour de Valbuena, puis celui d’André Ayew dans les prochains jours, pourront peut-être permettre au club olympien de remonter la pente. Les travaux du Vélodrome touchant bientôt à leur fin, il serait donc temps pour les joueurs phocéens de rectifier le tir car les supporters marseillais, eux, perdent tous petit à petit la flamme.