La coupure Ligue des Champions arrive à point nommé pour oublier l’espace de quelques heures une humiliante et pourtant amplement méritée 19e place en championnat. Ce soir on oublie tout et on en prend plein les mirettes dans un match qui verra les marseillais, premiers de leur groupe, opposés à leur talentueux dauphin.
Pour une fois l’OM va jouer contre une équipe qui devrait prendre le jeu à son compte. Un luxe après de nombreux matchs de Ligue 1 disputés contre des effectifs réputés moins forts et qui ont pour objectif principal de défendre leur but.
Les hommes d’Eric Gerets devraient donc avoir des espaces au Dragão, or une publicité pour une marque d’automobiles le répétait : le vrai luxe c’est l’espace. Cette rencontre contre un adversaire joueur annonce t-elle un jeu plus libéré des Olympiens ? Possible si on juge des difficultés éprouvées face à un adversaire qui conserve un bloc compact dans son camp. Serons nous cette fois dans le rôle de l’outsider se concentrant sur ses tâches défensives en espérant planter une banderille en contre ? On peut imaginer en effet que le technicien belge densifiera son milieu de terrain en alignant deux milieux récupérateur. Et puis comme il le rappelle avec facétie » Ce match a plus d’importance pour Porto « . Une façon de mettre la pression sur l’adversaire du soir.
Mais outre la tactique ce match sera avant tout un match d’hommes. Les Olympiens semblent incapables de produire du jeu, et bien c’est en sueur qu’il faudra honorer le maillot, à défaut de talent il faudra montrer du courage, à défaut d’automatismes il faudra de la solidarité. Après tout qu’importe la manière, l’OM est premier de son groupe et doit tenir son rang en Europe. Le club, propriété d’un milliardaire dilettante, endosse le rôle d’un aristocrate ruiné vivant en guenilles dans le château de famille, symbole d’un lustre passé. Mais après tout qu’importe la réalité, la trivialité du classement de L1, ce soir on dine dans le grand monde et on espère faire bombance. Et l’hôte du soir est aussi prestigieux que redoutable puisqu’il s’agit du FC Porto vainqueur en 2004 et invaincu à domicile depuis plus de deux ans sur la scène continentale. C’est donc cet ogre qu’il faudra dévorer.
Pour remplir cette délicate mission l’OM sera privé de deux joueurs, mais heureusement Rodriguez est du voyage. Il devrait donc logiquement reprendre sa place dans l’axe de la défense olympienne reléguant ainsi Ronald Zubar sur le banc. Gageons quand même que la chronique que » Zubie » mettra sans aucun doute en ligne sur son site officiel sera une nouvelle fois teintée d’un optimisme béat et d’une certaine poésie. Il faudra en revanche faire sans Karim Ziani. Mais au vu de ses dernières prestations, peu de supporters songeraient à s’en plaindre. Jacques Faty est également blessé et Taye Taiwo devrait donc bien tenir le couloir gauche, ce qui n’est pas sans susciter quelques inquiétudes. En effet le nigérian, à l’instar d’un grand nombre de tauliers de la saison dernière, est méconnaissable. Ses errements dans le placement ne semblent même plus compensés par son physique hors norme. Où est passé l’un des tous meilleurs latéraux de l’exercice précédent ? Eric Gerets pourra en revanche compter sur Samir Nasri, absent au match aller, et qui pourra faire profiter l’équipe de sa conservation de balle qui reste très au-dessus de la moyenne, même si son rayonnement sur le jeu de l’équipe n’est plus ce qu’il était.
Côté lusitanien on ne pourra que se féliciter de l’absence de Lucho Gonzalez qui reste le maître à jouer de Porto, mais l’effectif des hommes de Jesualdo Ferreira étant très riche le danger, une fois de plus, viendra de partout. Le match aller avait notamment mis en évidence les très remuants Meireles et Bosingwa. Quant à Quaresma, mis sous l’éteignoir par un étonnant Laurent Bonnart au Vélodrome, il aura peut-être envie de montrer un autre visage devant son public. Méfiance donc.
Les temps sont très durs actuellement et la seule doléance des supporters pour ce match, c’est de se régaler. Faire un festin qui nous fasse oublier la disette du championnat, tout en espérant que tout ça ne se termine pas, comme souvent lors d’un bon repas, par un doigt de Porto.