En stage commando la saison passée, l’ancien entraineur de Bordeaux, Toulouse et Saint-Etienne avait réussi à mobiliser un groupe réduit qui, avec plus de courage que de talent, était parvenu à accrocher la deuxième place du classement derrière le Paris Saint-Germain. Depuis début septembre, Baup n’a hélas plus la main et ses joueurs montrent des limites collectives assez inquiétantes. Trop peu en tout cas pour contenter un public marseillais que l’on sait exigeant, trop peu pour satisfaire aux ambitions d’un club qui doit ramener la troisième place de L1 en fin de saison. Certes, l’Olympique de Marseille est actuellement à la 4ème place du classement à 9 longueurs du LOSC et à 8 de Monaco mais l’évidence est que le compte n’y est pas en terme de football.
Un coach qui ne connait pas le turn-over
Cela fait 2 mois que la presse, les supporters lui reprochent de ne pas faire assez de turn-over, de ne pas laisser souffler certains de ses cadres, d’épuiser ses meilleurs atouts. Le 10 novembre dernier face à Sochaux, 4 jours après avoir joué en Champions League face à Naples, Elie Baup a aligné à nouveau son équipe-type avec un Mathieu Valbuena totalement épuisé dès les premières minutes, un Alaixys Romao très en deçà de ses performances passées, un Nicolas Nkoulou moins incisif qu’à l’accoutumée. Car bien que qualifiés directement pour la Ligue des Champions, les Marseillais ont beaucoup joué depuis le 11 août : 17 matchs en 3 mois. Baup n’a pour le moment utilisé que 21 joueurs quand Deschamps, lui, en utilisait habituellement 25 ou 26. Il aura fallu attendre le 26 novembre pour voir Mario Lemina titulaire alors que Romao est aux abois depuis 3 mois. Incompréhensible. Plus fort, Baup ne cesse d’aligner Cheyrou et Morel dont on sait qu’ils sont peu appréciés du public. Le premier est connu pour cadrer 1 tir sur 100 et d’être lent comme un 30 tonnes. Le second multiplie les bévues depuis des mois et n’a manifestement pas le niveau pour rester à l’OM. On n’imputera bien sur pas à Baup les blessures d’Ayew (contractée avec le Ghana), de Valbuena ou de Payet mais il aurait été important de mieux les protéger.
Un coach qui ne sait pas transcender ses joueurs
Un bon entraineur est capable d’exploiter 100% du talent de ses joueurs, de les faire progresser, de les faire se transcender. Depuis un an et demi, quel Olympien est dans ce cas ? Aucun. Morel est toujours aussi mauvais (voire pire qu’avant), Nkoulou devient un joueur ordinaire, Mendes est aux abonnés absents, Romao erre au milieu depuis 3 mois, Gignac a toujours la pointe de vitesse d’un pupille asthmatique, J. Ayew est dans une spirale négative, Valbuena est épuisé, A. Ayew n’a pas progressé, Payet est moins bon qu’au LOSC et Thauvin n’en fait pas plus qu’à Bastia (même si bien sur il est plus dur de briller à Marseille qu’en Corse). Comment donc, dans ces conditions, espérer de bons résultats ? C’est évidemment impossible. Certes Elie Baup n’est pas le seul coupable et on peut lui associer Franck Passi qui a été choisi « on ne sait pourquoi » puisque sans expérience, sans réelle compétences pour le très haut niveau. N’est-il donc pas temps de changer de guide d’autant que Baup, que l’on dit formateur, laisse Lemina et Imbula sur le banc. Avoir une politique de recrutement jeuniste et un entraineur qui ne les utilise pas, voilà un drôle de paradoxe.
Une communication soporifique
Trop habitués probablement aux truculents mots d’Eric Gerets qui savait si bien imager ses propos, les Marseillais avaient eu du mal avec la communication de Didier Deschamps, sorte de maestro de la langue de bois. Puisqu’à Marseille plus qu’ailleurs, certaines phrases un peu hautes font toujours du dégât, Elie Baup a décidé de suivre une troisième voie et d’oublier son tempérament de méridional. Plutôt affable et agréable en privé, Baup se montre fermé face à la presse depuis son arrivée. Pas un mot plus haut que l’autre. Électrocardiogramme plat. Ce choix guidé par la peur du dérapage a aussi son inconvénient : Baup est vu comme un coach sans caractère, sans saveur. A trop cadenasser la communication, elle en vient à ne plus passer. Pour ne rien arranger, le coach phocéen est depuis quelques semaines sur la défensive avec des résultats inquiétants depuis 2 mois. « Vous nous mettez la tête dans l’eau, mais nous, on essaye de la sortir« , expliquait-il à la presse il y a quelques jours. Est-ce que ce sont les supporters, les journalistes qui font les compos de match, la mise en place tactique, les entrainements ou le match en lui même ? Non. Le résultat est au final médiocre. Deschamps avait déjà lourdement pâti de sa com’ glaciale face à des Marseillais qui apprécient la faconde habituelle aux gens du sud (et à certains Belges). Avec bien moins de crédits que l’ancien capitaine de 93, Baup lui a emboité le pas. Pas touché, pas coulé.
Après plus d’un an de présence à l’OM, Elie Baup n’a toujours pas réussi à mettre son empreinte à quelques niveaux que ce soit dans le club. Pire, le coach marseillais s’est enfermé dans des mauvais choix conduisant son équipe à la défaite dès que l’OM est en position l’outsider. Dans ces conditions, quel intérêt de le garder en place ?