Lundi s’ouvre au tribunal correctionnel de Marseille le Nième procès sur les malversations financières qui ont eu lieu à l’OM. Cette fois-ci, c’est la période 1997-1999 qui est visée avec des transferts douteux.
La situation est assez ubuesque car le club est partie civile alors que Robert Louis-Dreyfus (l’actionnaire majoritaire) est poursuivi pour abus de biens sociaux. La SASP (Société Anonyme Sportive Professionnelle) Olympique de Marseille va donc chercher à comprendre si elle a subi des préjudices par ses anciens dirigeants ou membres. Il est d’important de noter qu’aucun responsable actuel du club n’est poursuivi dans cette affaire.
Les faits
L’enquête a démarré en juin 1999 avec la vérification de transactions concernant plusieurs transferts. Quelques mois plus tard (en décembre), le parquet de Marseille ouvre une information judiciaire contre X pour « faux, usage de faux en écritures, abus de biens sociaux et recel ». La justice soupçonne que des fonds ont pu être sortis de la trésorerie de l’OM, lors de transferts de joueurs, pour servir de complément de rémunération occulte.
Deux ans et demi plus tard (en juin 2002), Gilbert Sau est le premier mis en examen pour les transferts de Perez et Bakayoko. Un mois plus tard, c’est Rolland Courbis qui est mis en examen pour avoir perçu des rémunérations occultes lors des transferts de Moses, Bakayoko et Rojas (qui n’a finalement jamais joué à l’OM).
Après quelques autres mises en examen, c’est Jean-Michel Roussier qui y passe en novembre 2002 pour le transfert de 5 joueurs. En janvier 2003, c’est Yves Marchand qui est mis en examen pour les transferts de Berizzo, Montenegro, Bakayoko et Calandria.
Durant l’été 2004, RLD et son avocat sont à leur tour mis en examen suivi par quelques autres agents et intermédiaires.
Les acteurs
C’est donc presque 7 ans plus tard que les 14 personnes poursuivies vont s’expliquer devant la justice. Celles-ci sont :
– Robert Louis-Dreyfus (actionnaire majoritaire) à qui on reproche d’avoir validé un système de rémunérations occultes au profit d’agents, d’intermédiaires, de joueurs ou de dirigeants.
– Rolland Courbis (entraîneur de l’OM de 1997 à 1999) qui est poursuivi pour des rémunérations cachées dans le cadre des transferts.
– Jean-Michel Roussier (président délégué de l’OM de 1995 à 1999) qui aurait facilité la commission de malversations à l’occasion de transferts.
– Yves Marchand (président délégué de l’OM de 1999 à 2000) à qui il est reproché d’avoir favorisé les rémunérations occultes de joueurs.
– Denys Angeloglou (avocat de Robert Louis-Dreyfus) qui est accusé d’avoir rédigé et validé des rémunérations occultes à l’occasion de transferts de joueurs (depuis blanchi totalement par la justice des accusations qui lui étaient portées).
– Gilbert Sau (agent de joueurs) qui se voit reprocher des fausses factures lors des transferts de joueurs (il est à noter qu’il a déjà été condamné pour le transfert frauduleux de Pascal Nouma dans une autre affaire).
– Marcel Dib (directeur sportif de l’OM de 1996 à 2000) qui doit clarifier une négociation frauduleuse qui aurait entouré le prêt d’Edson Da Silva.
– Luciano D’Onofrio (agent de joueurs) qui aurait artificiellement gonflé le montant des factures payées par l’OM lors des transferts de joueurs et rétrocédé une partie à Rolland Courbis.
– Charles Camporo (directeur sportif des Girondins de Bordeaux) qui aurait adressé en mai 1998 une offre fictive pour faire grimper artificiellement le prix d’Arthur Moses.
– Edmond Adam (agent de joueurs) qui est poursuivi pour complicité d’abus de biens sociaux, faux en écriture privée et usage, recel d’abus de biens sociaux dans le contrat et les transfert de joueurs.
– Rolf Wegener (agent de joueurs) à qui on reproche un recel d’abus de biens sociaux dans un transfert.
– Jean-François Larios (agent de joueurs) qui est accusé de faux, usage de faux, complicité d’abus de biens sociaux dans plusieurs transferts.
– Bernard Almeras (facturier et intermédiaire) qui est poursuivi pour complicité d’abus de biens sociaux, recel d’abus de biens sociaux, complicité de recel d’abus de biens sociaux lors de plusieurs transferts.
– Hervé Goursat (agent de joueurs) à qui on reproche des faux, usage de faux, abus de biens sociaux, complicité de recel d’abus de biens sociaux dans un transfert.
Les déclarations
Les mots de l’actuel directeur général olympien (Thierry de La Brosse) sont assez incroyables et mettent en avant la situation ubuesque de ce procès : » nous ne sommes pas convaincus qu’il y ait eu de leur [les dirigeants de l’OM de l’époque] part des malversations, mais nous sommes motivés pour en savoir plus « .
Un des avocats du club (Bruno Lombard) reconnaît aussi que la position de l’OM dans ce dossier » peut paraître singulière « .
Thierry de La Brosse continue dans ses déclarations étonnantes par » on part du principe que notre actionnaire sortira blanchi, car nous avons la certitude qu’il n’a pas commis d’abus de biens sociaux. […] Peut-on raisonnablement penser que quelqu’un aurait investi autant (200 M&euro sur sa fortune personnelle), pour s’enrichir ensuite aux dépens de l’entreprise ? « .
A l’opposé, Pierre Dubiton (directeur administratif et financier de l’OM avant et après cette période), affirme que Robert Louis-Dreyfus n’a pas été abusé dans 90% des cas car » il sait l’essentiel et car il signe les documents « .
Les conséquences, l’avenir
Les supporters et l’entourage de l’OM sont habitués à ces incessants rendez-vous devant les tribunaux pour les dirigeants du club et cet événement va sans doute passer inaperçu ou presque (on peut d’ailleurs noter qu’une nouvelle enquête vient de débuter sur la période de présidence de Christophe Bouchet).
Au-delà de cet imbroglio judiciaire, l’enjeu majeur pour le club et son avenir est le fait qu’on peut espérer que Robert Louis-Dreyfus (qui encourt une peine de 5 ans de prison et 375.000 euros d’amende) décide enfin de quitter le club qu’il plombe depuis des années.
En effet, l’actionnaire majoritaire de l’OM est la principale cause de l’échec de l’OM depuis une dizaine années. Après avoir mis beaucoup d’argent durant les premières années, il s’est aperçu qu’il avait mis en place une bande d’incompétents qui ont plus pensé à leurs intérêts personnels qu’à celui du club.
Depuis quelques années, il a décidé de ne plus renflouer les caisses du club ce qui a permis d’éviter (ou plutôt de limiter) les dérives mais le résultat sportif est le même : aucun trophée, quasiment aucune raison de vibrer, des années de transition à la pelle, une médiocrité qui s’est installée alors que l’OM reste le club le plus populaire et remplit tous les stades de France (à part peut-être le Vélodrome qui se vide lentement mais sûrement vu la qualité lamentable de son équipe).
Il est temps que ce sombre personnage décide de quitter l’OM qu’il aura lamentablement couler à cause de son absence (il faut un président qui préside, qui prend les décisions et gère le club) et de ses choix humains (comme il ne s’est pas investi, il a du s’entourer et déléguer ce qu’il a très mal fait).
Si Robert Louis-Dreyfus décide de conserver son jouet encore quelques saisons, le club va immanquablement dans le mur car rien ne change, saison après saison, et aucun changement n’est en vu. Le club et ses dirigeants semblent se contenter de cette pitoyable médiocrité qui fait que l’OM ne joue même pas une coupe européenne toutes les saisons et que toute la ville est en liesse quand son équipe ramène un 0-0 de Paris.
Sans un changement majeur (de politique, d’ambitions, d’objectifs et donc d’hommes) dans les semaines ou mois qui viennent, l’OM aura bien du mal à se relever d’une période aussi longue de résultats lamentables.
J’espère donc que ce procès enfoncera Robert Louis-Dreyfus et le décidera enfin à partir ce qui sonnera le glas de son ère à la tête de l’OM, une des ères les moins glorieuses de la longue histoire olympienne. Si tel n’était pas le cas (comme RLD semble l’affirmer avant le début des audiences), préparons nous à encore à subir des années de disette marquées par de piteux résultats et une mort lente et certaine de l’OM…