Y’a d’la joie du côté de Massilia ces derniers temps… Contre toute attente, notre bon José est passé du statut de nigaud à celui d’homme providentiel. Certes, nos joueurs ne se sont pas transformés en artistes, mais il n’y a plus personne pour les traiter de peintres, encore moins d’artistes-peintres… Ce groupe respire la joie de vivre et l’enthousiasme, et cela se ressent sur le terrain. Les pisse-froid se sont mués en chauds-lapins, les autistes en boute-en-train, et – surtout ! – la peur a changé de camp : l’OM a retrouvé son âme.
Une âme qui avait disparue sous l’ère perrinienne. Le renouveau coïncide avec le retour à une défense à trois façon Goethals, qui a permis de faire de l’OM un vrai bloc-équipe. Le système Perrin péchait en effet par un manque de cohésion : les trois lignes restaient alors trop distantes les unes des autres, ce qui avait le double inconvénient de nuire à la fluidité du jeu et d’empêcher un pressing dense et efficace. Aujourd’hui, avec quatre milieux et deux latéraux positionnés très haut, l’OM forme un véritable rouleau compresseur, dont la paire Flamini-N’Diaye est la pierre angulaire.
Mais cette résurrection – lâchons le mot ! – ne saurait être réduite à une simple retouche tactique. C’est surtout au niveau de l’état d’esprit, de la volonté et de la confiance que les changements sont les plus spectaculaires et les plus décisifs. L’OM dépressif de Perrin a repris des couleurs sous la houlette du Johnny Clegg marseillais : Anigo a beau se décrire comme un » Africain blanc » (sic), c’est surtout vers le nord qu’il puise son inspiration… Car si Marseille est une ville méditerranéenne, son football a toujours été influencé par le fighting-spirit britannique. L’OM d’aujourd’hui est, comme ses plus illustres devancières, un subtil dosage de football latin – l’OM est avant tout une équipe française – et de ce jeu conquérant et volontaire qui est l’apanage des équipes britanniques, notamment celles des pays celtes. Un mélange de folie et de hargne qui rend l’OM des bons crus si enthousiasmant, là où beaucoup d’équipes laissent de marbre en dépit de qualités techniques indéniables…
Or, pour le supporter olympien, la résurrection tombe à pic… Une des causes de la chute de Perrin fut son incapacité à vaincre les rivaux de Marseille, et tout particulièrement le PSG, qui était devenu sa bête noire… Une situation difficile voire impossible à gérer quand on connaît l’importance que les supporters marseillais accordent aux confrontations OM-PSG. Le match de ce soir est pour ces derniers l’occasion d’une formidable revanche : l’OM d’Anigo sait relever les plus grands défis – il l’a prouvé en Coupe d’Europe – et c’est avec un optimisme légitime que l’on peut envisager ce grand classique du championnat de France.
Gare toutefois à une euphorie excessive ! Le PSG du tortionnaire bosniaque a beau être ennuyeux (pour rester poli), il disputera la Ligue des Champions l’an prochain, et taquinera jusqu’au bout Lyonnais et Monégasques dans la course au titre. Le parallèle avec l’OM de l’an dernier est tentant – on y observe la même dissymétrie entre de bons résultats et une qualité de jeu très pauvre – mais il a ses limites : le PSG de cette saison, en outre de ses vertus collectives, compte en ses rangs des individualités talentueuses, comme les Argentins Sorin et Heintze, le lusitanien Pauleta ou encore l’Iroquois Ljuboja, dont l’adresse balle au pied n’a d’égale que la maladresse ciseaux et tondeuse en mains. De plus, si l’OM 2002-2003 tirait son épingle du jeu au sein d’une L1 au niveau historiquement faible, le Paris de coach Vahid joue les premiers rôles dans un championnat en plein renouveau, comme l’attestent les parcours européens de Monaco et de Marseille et, dans une moindre mesure, de Lyon et de Bordeaux.
C’est donc un adversaire respecté et respectable que l’OM tentera de vaincre ce soir. Une victoire est possible, à condition de disputer un vrai match européen. Les olympiens devront ressortir ce soir la tenue de gala qu’ils ont arborée jeudi face à Newcastle. Anigo va-t-il aborder ce match comme une rencontre de Coupe d’Europe ou de championnat ? Nous le verrons à sa tenue…
Survet’ ou Armani, voilà donc la principale interrogation de la soirée : à José de donner le ton. Plus qu’un choix vestimentaire, un symbole. Qui a dit que l’habit ne faisait pas le moine ?