Quand Barton se frotte à la « mentalité L1 »

Mardi dernier, Joey Barton a quitté l’entraînement prématurément, passablement énervé par le manque d’implication de certains coéquipiers lors d’un exercice à 5 contre 5. Un coup de sang minimisé par Elie Baup lors de la conférence de presse qui a suivi. Car l’entraîneur aguerri sait bien que l’Anglais fait partie de ces footballeurs imprégnés par […]

Mardi dernier, Joey Barton a quitté l’entraînement prématurément, passablement énervé par le manque d’implication de certains coéquipiers lors d’un exercice à 5 contre 5. Un coup de sang minimisé par Elie Baup lors de la conférence de presse qui a suivi. Car l’entraîneur aguerri sait bien que l’Anglais fait partie de ces footballeurs imprégnés par le fighting spirit qui, à l’instar de Roy Keane ou de Gabriel Heinze, n’acceptent pas que leurs partenaires se relâchent, même hors compétition. N’en déplaisent à certains idéalistes, si certains footballeurs sont capables de se prendre en main, d’autres ont besoin d’être encadrés et tirés vers le haut. Ce sont les mêmes raisons qui avaient conduit Eric Gerets, à son époque, à donner le brassard à Lorik Cana, un joueur craint par tous. Attendu au tournant par les journalistes, Joe n’est donc pas sorti de ses gonds pour les raisons auxquelles ils pouvaient s’attendre…

Le mode « glandouille » de la Ligue 1

De la grêve de Knysna à la sortie nocturne de M’Vila and co, quelques heures avant une rencontre décisive, on ne peut pas dire que les Français se soient particulièrement mis à l’honneur ces denières années. Leur impopularité est d’ailleurs certainement plus importante que jamais dans l’Hexagone. Et la migration de quelques internationaux outre-Manche, qui sacrifient le challenge sportif pour augmenter leurs émoluments (pourtant déjà colossaux), n’est pas faite pour arranger les choses. Là où le bât blesse, c’est qu’une bonne partie de ces multi-millionaires ne se bougeaient pas les fesses à l’entraînement, voire en match, en France, et avaient une hygiène de vie à la Johnny Hallyday. En Angleterre, ils découvrent le professionnalisme (le vrai) et l’exigence. Il ne faut pas se leurrer, si la France n’a remporté que deux coupes d’Europe dans toute son histoire, c’est que le problème est réel : la mentalité de la plupart des starlettes de Ligue 1 est tout simplement délétère. Manque d’éducation, de valeurs ou simplement de lucidité, chacun se fera son opinion.

A l’OM, certains se croient-ils au club Med ?

Si Souleymane Diawara clame lors de la plupart de ses interviews, sans avoir une once de honte, que sortir est un droit et qu’il n’a de leçon à recevoir de personne, c’est bien parce qu’il sait que tout l’environnement de l’élite française est rodé à ce type de comportement. Didier Deschamps, qui s’est pour sa part frotté au professionnalisme italien durant plusieurs saisons, n’a d’ailleurs eu de cesse de le répéter : « en Ligue 1, les joueurs français disposent d’une liberté beaucoup plus importante que dans les grands championnats. Dans les grands clubs étrangers, si tu ne te soumets pas à la concurrence quotidienne, si tu n’acquiers pas cette mentalité qui te pousse à te dépasser, sans jamais t’accorder la moindre excuse, jour après jour, entraînement après entraînement, tu es dehors. En L1, la liberté est à la limite de la permissivité. Et parfois au-delà… » N’en déplaise au Sénégalais, la première partie de saison nous a appris que le pire bad-boy du football anglais était plus sérieux que certains tauliers de notre effectif. Comme quoi, l’Olympique de Marseille, malgré ses valeurs de générosité, est dans le même bateau que ses concurrents de L1.

Barton comme Heinze

Il y a maintenant une saison et demi, l’Argentin Gabriel Heinze a quitté l’OM. Un professionnel sur le bout des ongles et un véritable leader capable, entre autre, de se transformer en cuisinier le temps d’une soirée, la veille d’un match, pour placer ses coéquipiers dans les meilleures dispositions, et que certains qualifiaient dans l’effectif de… « dictateur ». Car, habité par une soif de victoire de véritable compétiteur, l’ancien Madrilène et Mancunien imposait une rigueur et n’a pas hésité à rentrer dans les collègues qui se comportaient mal. Un peu comme Joey Barton l’a fait mardi, en somme, et comme Steve Mandanda devrait plus souvent le faire. Le groupe a finalement explosé après son départ. L’Argentin, même s’il n’avait plus la vitesse de ses 20 ans, était le véritable bras armé de Didier Deschamps dans le vestiaire. L’ex-coach phocéen a certainement pensé lui trouver un successeur en la personne d’Alou Diarra. Mais l’ancien capitaine bordelais était visiblement trop concentré sur ses propres prestations, très médiocres, en vue de l’Euro, pour se préoccuper des performances de son club, ou mieux, de celles de ses partenaires.

Par définition, si cet OM est une équipe à « réaction » (comme elle est souvent qualifiée), cela signifie que les Phocéens ne sont pas toujours à fond et c’est évidemment inadmissible. Le carton rouge pris hier par Joey est d’ailleurs indirectement la conséquence du resquillage de certains. Car on ne peut clairement pas dire que tout le monde mouille le maillot dans cette équipe (et notamment à la récupération). Etant donné les difficultés éprouvées par Steve Mandanda pour gérer la pression qu’il se met lui-même, nul doute qu’Elie Baup serait bien inspiré de donner le brassard à un autre joueur. Et si Joey Barton parlait français correctement, il serait certainement le plus à même de sortir les Marseillais de la « Souley attitude »… Dans cette optique, le départ de Loïc Rémy, conjugué à l’arrivée d’un caractère bien trempé comme celui d’Alaixys Romao, pourrait déjà faire du bien.