Quand la politique salit le sport…

La commission supérieure d’appel de la FFF a rendu son verdict, après avoir été saisie par la Fédération Française de Football, elle-même, qui jugeait que les 3 mois de suspension ferme, plus les 3 autres avec sursis, n’étaient pas assez sévère à l’encontre de Fabien BARTHEZ. La nouvelle sanction est une suspension ferme jusqu’au 31 […]

La commission supérieure d’appel de la FFF a rendu son verdict, après avoir été saisie par la Fédération Française de Football, elle-même, qui jugeait que les 3 mois de suspension ferme, plus les 3 autres avec sursis, n’étaient pas assez sévère à l’encontre de Fabien BARTHEZ.
La nouvelle sanction est une suspension ferme jusqu’au 31 décembre 2005. Cette sanction pourra être levée le samedi 15 octobre 2005 à la condition que le capitaine de l’OM accomplisse, avant cette date, dix activités d’intérêt général au bénéfice du football amateur.
On l’aura compris, on risque de ne pas revoir Fabien Barthez sur un terrain au mieux avant cinq mois, au pire au début de l’année 2006. Une décision inacceptable pour l’OM et pour le principal intéressé, qui ne s’attendait pas à une aggravation aussi lourde de sa condamnation.

Quels sont les recours envisageables ?

Les hautes sphères de l’OM s’apprêtent à vivre quelques jours agités. En effet, les hommes forts de la défense du gardien de but Phocéen vont devoir déterminer dans l’urgence une ligne directrice pour faire valoir les droits du divin chauve.
La première étape consistera à se rendre devant le CNOSF pour une tentative de conciliation. L’audience est prévue pour le vendredi 20 mai prochain et la discussion entre le médiateur et les deux parties en question, la FFF d’un côté et la défense de Fabien Barthez de l’autre, sera déterminante pour la suite de cette affaire.
Les plus optimistes se prennent déjà à rêver d’un allègement de la sanction infligée. Pas si facile que ça. En effet, la FFF a tout à fait le droit de refuser de revoir sa position et aucun texte ne peut l’obliger à faire preuve de clémence envers l’accusé.
Dans ce cas-là, comme l’a souligné l’avocat de Fabien Barthez, d’autres recours sont possibles pour tenter d’alléger la sanction.
L’OM peut saisir le tribunal Administratif qui jugera la sanction prononcée. En effet, la FFF dispose d’une délégation de service public en matière de football. Ainsi, toutes les décisions administratives et disciplinaires de la fédération sont susceptibles d’être attaquées devant les juridictions administratives.
Un éventuel appel devant la Cour Administrative d’Appel (CAA) ou un passage devant le Conseil d’État engagerait de très longs délais de jugement. De même que pour une saisine de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).
Quoi qu’il arrive, si la défense choisit de contre-attaquer à l’issue de son passage devant le CNOSF, on s’apprête à vivre de longs mois de procédures, sans aucune certitude sur les débouchés.

L’avenir de Barthez

Tout le monde craignait le pire. A l’issue de la tombée du verdict, la plupart des supporters Phocéens pensaient que leur portier aller annoncer sa retraite, lassé et dégoûté par cette affaire, et trahi par sa fédération.
Mais il n’en est rien. Fabien Barthez, tout compétiteur qu’il est, a décidé de poursuivre, comme pour se convaincre qu’il est capable du meilleur :  » Je continuerai quoi qu’il arrive « . On peut donc imaginer Barthez revenir à la compétition dans quelques mois malgré la longueur de sa peine.  » Je suis déçu par ma fédération mais je me battrai. Et là où je le fais le mieux, c’est encore sur le terrain « . Le gardien de but international sera donc encore Phocéen la saison prochaine et une retraite internationale n’est pas encore d’actualité. Il est même envisageable que Barthez garde les buts de la France à la prochaine Coupe du Monde, si son équipe est du voyage en Allemagne. Mais encore faut-il que les Bleus y participent et ça, c’est loin d’être fait.

La FFF où l’art de se tirer dans le pied

La FFF, par l’intermédiaire de son président, Mr Escalettes, vient de démontrer toute la stupidité de son acte. En faisant appel de la décision initiale, la Fédération s’est discréditée en contre-disant sa propre commission. Un geste difficilement compréhensible pour une commission apte à juger l’affaire, sans aucune consigne extérieure.
De plus, la FFF risque d’handicaper sa sélection dans la conquête d’un sésame pour l’Allemagne. C’est tout l’art de la France de s’autodétruire dans les moments les plus critiques.
Car, même si Coupet a le niveau international, la FFF vient de priver Raymond Domenech de son arme fatale en défense. Un Barthez au top peut maintenir le cap de son équipe à lui tout seul.
Et quelle serait l’indignation de la France si son équipe sortait du Mondial par manque de charisme, Barthez représentant quasiment à lui tout seul l’héritage de 1998. Sans lui, la France paraît bien menacée. En position critique, ce n’était vraiment pas le moment de couper l’herbe sous les pieds des Bleus.

Quant la politique prime sur le sport…

Le 21 avril, on pensait Barthez sorti d’affaire. La premier verdict était clément. Mais, et c’est là que le bas blesse, il a fallu que des voix s’élèvent pour s’indigner.
Le président de la Direction Nationale des Arbitres, Mr Saules, est furieux et demande un nouveau jugement plus sévère.
Puis, le Ministre des Sports, Jean-François Lamour, demande à son tour à ce que la FFF fasse appel. Ce que cette dernière s’empresse de faire.
Le monde politique vient de rentrer dans un débat qui ne le concerne pas. Avec son discours assassin, Mr Lamour vient de plonger Barthez dans les abysses.
La politique vient de dépasser le sport. Un homme inapte à prendre cette décision envoie Barthez au tapis en quelques minutes, sans aucun préavis. Car on imaginait mal la FFF, après tout ce cinéma, prendre la responsabilité de ne pas faire appel.
A dire vrai, personne ne le sait réellement. Peut-être le passé de sportif de haut niveau de Jean-François Lamour lui a-t-il permis de s’insurger ?
D’autres rumeurs, plus floues, parlent d’un intérêt majeur en vue des JO de 2012. Rien n’est prouvé mais le processus de démolition de l’immense champion qu’est Fabien Barthez est honteux.

Conclusion

Fabien Barthez est loin d’être tiré d’affaire. Et on ne le reverra pas sur le terrain avant quelques mois, sauf si un accord est trouvé avec le CNOSF. Mais rien n’est moins sûr.
Il faut cependant que justice soit faite. Le crachat de Casablanca est un acte répréhensible mais les torts sont partagés avec un arbitre au rôle malsain.
Une erreur de casting s’est glissée dans ce rocambolesque scénario. Jamais une affaire minime n’aurait du se transformer en lutte d’influence politique. Mr Lamour s’est discrédité, tout comme la FFF.
Des recours seront envisagés et les vrais coupables devront payer. Et si la défense l’emporte, des têtes devront tomber.