Depuis le départ de la génération Zidane, la sélection tricolore n’a connu que des crises avec le scandale de Knysna en 2010, les débordements de l’Euro 2012 (Nasri, M’Vila, Ménez), les night-clubbers d’octobre 2012 (M’Vila, Griezmann, Mavinga, Niang, Ben Yedder), l’interview d’Evra il y a 15 jours, les insultes de Ribéry à Houillier. Hier, elle en a connu une nouvelle d’une toute autre teneur. Dans le match aller des barrages, l’Equipe de France a compromis ses chances de qualification pour la Coupe du Monde 2014 face à la modeste équipe d’Ukraine. Au delà du résultat, c’est surtout la manière qui a écoeuré la plupart des supporters français. Aujourd’hui, assez logiquement, les médias se lâchent et allument tout ceux qui n’ont pas bougé durant la rencontre.
Ménès pointe « le laxisme de Le Graët et de Deschamps »
Comme tous les Français, Pierre Ménès aime l’équipe de France et doit souffrir de la voir ainsi humiliée. Il y a quelques semaines, les yeux dans les yeux, le journaliste de Canal+ expliquait à Didier Deschamps quelle erreur il avait faite de ne pas sanctionner Patrice Evra et de conserver des anciens meneurs de Knysna. Aujourd’hui, il tape là où ça fait mal avec justesse et réitère ses critiques. « Cette défaite à Kiev n’est que la partie émergée de la déliquescence globale de l’équipe de France, de ce que le public des Bleus constate depuis des mois. Je parle évidemment de motivation et de comportement. Je suis désolé de revenir sur l’affaire Evra, mais aujourd’hui l’absence de sanction et le laxisme de Le Graët et Deschamps ont ouvert la porte au tout et surtout au n’importe quoi. Une porte qui leur revient très fort sur les doigts aujourd’hui. » Peut-on bien jouer en équipe nationale sans avoir l’amour du maillot et une certaine tenue vis à vis de l’histoire de cette équipe ? C’est le difficile exercice que plusieurs joueurs tentent d’appliquer sans que les dirigeants ne les écartent. C’est bien là le paradoxe qui conduit peut-être à cette bérézina. Symbole de cet équipe de France perdue, Karim Benzema ne devait pas avoir une goutte de sueur sur son maillot alors qu’il est entré en jeu en cours de seconde période.
Praud pointe ces joueurs qui « s’en foutent du maillot »
Un ton plus haut, Pascal Praud y va encore plus fort. Selon lui, les Français « n’en peuvent plus de cette équipe de France. Ils ne peuvent plus voir Patrice Evra sur un terrain ! Ils ne veulent plus voir les anciens de Knysna. » Difficile de dire le contraire tant les Français ont été choqués du retour d’Eric Abidal et de Patrice Evra notamment. Franck Ribéry a réussi, lui, à se refaire une virginité jusqu’à ce qu’il craque encore face à Gérard Houillier.
Le journaliste d’i-Télé poursuit. « Pourquoi il y a fracture ? Parce qu’ils s’en foutent du maillot de l’équipe de France et que ça se voit ! Ils s’en moquent ! Comment Patrice Evra peut être sur le terrain ? C’est le capitaine de Knysna, le type qui est resté dans le bus ! Comment c’est possible ? Mais où est-on ? Didier Deschamps, champion du monde, qui tolère ça ? » Personne ne comprend son choix, lui, qui pourtant en tant que joueur a toujours été très correct. La peur de perdre ? La peur de prendre des sanctions et de se priver de bons joueurs ? Ses non-choix lui reviennent comme un boomerang.
Larqué dénonce la « défaite du football français »
Très pessimiste avant la rencontre sur les chances des Français face aux Ukrainiens, Jean-Michel Larqué est conforté dans son jugement. « C’est la défaite de Didier Deschamps comme c’est la défaite du football français. Je veux bien qu’on fasse l’union sacrée. Mais l’union sacrée derrière une équipe qui ne gagne pas un match officiel face à une équipe dans les vingt premières au classement FIFA depuis 2006. (…) Vous vous rendez compte de la honte ! » L’Ukraine n’est effectivement ni le Brésil, ni l’Argentine, ni l’Espagne ou l’Allemagne. Pourtant hier soir, les Français se sont finalement créés peu d’occasions et en ont concédé beaucoup. Triste défaite mais finalement logique.
En étant continuellement dans le compromis et la demi-mesure, Didier Deschamps et Noël Le Graët n’ont réglé aucun problème et pire encore ont amené le désamour à cet équipe de France qui, déjà, en manquait cruellement. Le 13 octobre 2013, Le Parisien montrait ainsi que 82% des Français avaient une « mauvaise opinion » de l’équipe de France. Malgré cette crise morale, le sélectionneur et son président n’ont fait que minimiser la scandaleuse interview de Patrice Evra à TéléFoot une semaine après. En cas d’élimination, que faudrait-il faire ? Le grand ménage probablement.
Reste qu’il demeure un réel espoir encore de se qualifier mais il faudra probablement laisser à Clairefontaine certains éléments qui semblent nuisibles au collectif.