Quelle politique de formation pour l’OM ?

A l’heure où l’UEFA parle d’instaurer un fair-play financier et la crise économique passant par là, de plus en plus de clubs de football professionnels (re)prennent conscience de l’importance de la politique de formation. A l’instar des FC Nantes, FC Sochaux de l’époque et du Stade Rennais aujourd’hui, les gros clubs européens, et plus particulièrement […]

A l’heure où l’UEFA parle d’instaurer un fair-play financier et la crise économique passant par là, de plus en plus de clubs de football professionnels (re)prennent conscience de l’importance de la politique de formation. A l’instar des FC Nantes, FC Sochaux de l’époque et du Stade Rennais aujourd’hui, les gros clubs européens, et plus particulièrement français, investissent des millions d’euros dans ce qui devrait être nos grands joueurs de demain et d’après demain. L’OM n’échappe pas à la règle, puisque le club vient de finir de construire son centre de formation dernier-cri, qui devrait, si l’on écoute les personnes en interne, propulser la formation du club vers les sommets. Petit zoom sur l’usine à Nasri de demain.

La formation, ça sert à quoi ?

La formation, on en entend parler tous les jours, au boulot, à la télévision, dans des magazines spécialisés, dans l’Équipe, pendant les matchs de football… Mais qu’est-ce que c’est réellement ?
Regardons pour commencer la définition du Larousse :  » Action de donner à quelqu’un, à un groupe, les connaissances nécessaires à l’exercice d’une activité  » Cette phrase, qui peut paraître basique et inutile, est en fait très intéressante si on y regarde de plus près. La définition parle de connaissances nécessaires à l’exercice d’une activité. La formation c’est donc bien le fait d’inculquer des connaissances à quelqu’un. Si on ramène cela à notre sujet, le football, on peut voir à travers cela des thèmes comme le sens tactique et l’intelligence de jeu. Bref, des sujets qui reviennent bizarrement à la mode depuis que les Espagnols ont soulevé la dernière Coupe du Monde. Mais soyons réalistes, si l’intelligence de jeu et l’aspect tactique sont des éléments très importants dans la « constitution » d’un joueur de football, il manque au moins deux autres aspects, qui sont d’abord la technique qui va permettre de mettre en place concrètement sur le terrain ce sens tactique, et ensuite le physique qui fera que le joueur pourra mettre à profit sa technique pendant la durée d’un match de football.
On voit donc bien que tout est lié, comme une sorte de chaîne, et si un maillon est fragile ou manquant cela fragilise l’ensemble pour au final donner une « chaîne de merde ». Rien de mieux qu’un exemple pour illustrer ces propos :
 » Sentir le jeu « , c’est-à-dire avoir un sens tactique aiguisé et une certaine intelligence sur le terrain, c’est inné mais cela s’apprend aussi. Un bon footballeur, c’est une bonne technique des 2 pieds, un bon physique pour tenir 90 minutes, et un cerveau qui fonctionne à peu près correctement. Si je sens le jeu, je vais me dire : « c’est le moment de faire la passe, cela va créer un décalage et ouvrir une brèche pour mon équipe ». 1- Sentir le jeu

 » Être bon techniquement « , c’est-à-dire savoir faire un bon contrôle, une bonne passe, frapper au but, savoir tacler, faire une tête et pour les plus doués éliminer un adversaire direct par des dribbles, c’est ça être bon techniquement. Mais si je suis bon techniquement et que je ne sens pas le jeu, cela ne sert strictement à rien. On me prendra pour un joueur faisant des gri-gri, chercheur de pétrole avec mes râteaux sur la pelouse, en clair, un joueur très spectaculaire mais très inutile. L’inverse est vrai, si je sens la bonne passe à faire, mais que j’ai les pieds carrés, j’ai beau sentir le jeu, je ne sers à rien. 2- Être bon techniquement

 » Avoir un physique adéquat « , c’est-à-dire avoir la forme nécessaire pour proposer une prestation physique quasi-constante pendant 90 minutes, est aussi important que les autres maillons, mais pas plus (dédicace à Patrick Le Lay). J’ai volontairement choisi le terme  » adéquat « , parce que il dépend des postes joués, mais physique ne veut pas dire  » Kader Mangane  » ou  » Taye Taiwo « , je peux jouer au foot sans physique de bodybuilder, il suffit de traverser la frontière espagnole pour le voir. Si je n’ai ni l’intelligence de jeu, ni la technique, alors mon physique ne sert à rien, je suis un coureur d’athlétisme au mieux, mais certainement pas un footballeur. Si je sens le jeu, si je sais mettre mon ressenti en place sur le terrain grâce à ma technique, et qu’en plus je fournis une prestation continue et homogène pendant 90 minutes, cela veut dire que ma chaîne de compétence est complète. 3-  » Avoir un physique adéquat  »

Ma chaîne de compétences

1- Sentir le jeu – 2- Être bon techniquement – 3 – Avoir un physique adéquat

Pour conclure cette partie, une petite image qui montre que la formation est bien un terme professionnel d’entreprise :  » La formation en football, c’est comme la logistique, si un maillon est pourri, l’ensemble l’est aussi « .

Quel avenir dans ce domaine pour l’OM et comment y parvenir ?
La gestion d’un problème, c’est un processus en 6 étapes. D’abord il faut identifier le problème (1) (la Ligue 1 c’est de la merde par exemple), pour ensuite proposer des solutions (2) (apprendre aux jeunes à pousser un ballon plutôt qu’une barre en fonte), y sélectionner la meilleure d’entre elles, ou du moins la moins mauvaise (3) (laisser une chance à tous les gabarits, même les plus petits), qu’il faudra ensuite mettre en place (4) (éducation polyvalente, axée sur notre chaine de compétences, sans préférence), tout en évaluant les premiers résultats (5) (j’ai deux Messi et trois Ronaldo dans la réserve), qui nous mèneront peut être à corriger certains points (6) (j’ai aussi un Samy Traoré et deux Moussilou).

A l’OM, le problème est identifié (1). Tout le monde le sait et le dit, la formation est insuffisante pour un club de ce standing.
Une solution a été proposée (2) et adoptée (3). Le nouveau centre de formation, qui devrait au moins proposer un outil de travail de qualité à nos futurs olympiens, illustre bien cette volonté d’action.
Reste les 3 derniers points de notre gestion du problème formation…
Comment y parvenir ? Quelques pistes…

La FFF vient de confirmer le DTN intérimaire, François Blaquart, dans ses fonctions. Le Directeur Technique National est la pièce maitresse de l’échiquier de la formation de notre football professionnel. C’est lui qui amorce les mouvements sur le plan national. Il nous a livré dernièrement ses premiers constats et ressentis en prenant comme exemple le FC Barcelone : « Il existe dans ce club une culture, un projet de jeu et une méthode de travail qui sont les mêmes de l’école de football jusqu’aux professionnels. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une réelle volonté politique pour appréhender la pratique différemment », a-t-il notamment expliqué. « Notre savoir-faire en matière de formation est très bon. Peut-être trop… Du coup, ces notions de plaisir et de liberté ont tendance à être occultées. Il faut revenir à des valeurs plus simples, sortir d’un système un peu trop rigide, privilégier un jeu plus offensif. »

Si on considère, à juste raison ou non, que le FC Barcelone est le club proposant le meilleur et le plus beau jeu du monde, grâce notamment à sa formation, on serait très inspiré d’essayer de copier leurs méthodes et les mettre en place à l’OM.
1- Le projet de jeu. A Barcelone, les équipes de jeunes adoptent le même système de jeu que l’équipe première, ce qui fait que les joueurs une fois matures, sont déjà adaptés et familiarisés avec le système en place.

2- Je sens le jeu, ce que je montre grâce à ma technique tout au long du match, puisque j’ai un physique adéquat.

3- C’est pas tellement plus compliqué que cela…