Quelles perspectives pour l’OM ?

Interrogé par le quotidien La Provence au sujet du mercato olympien, Eric Gerets livre des précisions sur la méthodologie employée au sein du club et répond de la sorte aux rumeurs insinuant qu’il n’aurait pas eu son mot à dire dans le recrutement. Une interview très intéressante qui révèle certains problèmes récurrents d’un club qui […]

Interrogé par le quotidien La Provence au sujet du mercato olympien, Eric Gerets livre des précisions sur la méthodologie employée au sein du club et répond de la sorte aux rumeurs insinuant qu’il n’aurait pas eu son mot à dire dans le recrutement. Une interview très intéressante qui révèle certains problèmes récurrents d’un club qui peine à se stabiliser en haut de classement de la Ligue 1, amenant ainsi à s’interroger sur les tenants et les aboutissants de la planète OM.

Une harmonie surprenante
L’entraîneur marseillais divulgue en effet avoir passé beaucoup de temps à se concerter avec les dirigeants :  » on a multiplié les réunions de travail, j’ai exposé mes idées. J’avais des noms de joueurs en tête, mais le club ne les a pas engagés. Les dirigeants m’ont donné des explications et je les ai tout à fait acceptées.  » Celles-ci sont simples, faute de ressources économiques suffisantes, le club n’a pas pu s’aligner sur les ambitions du Belge. Il ajoute néanmoins :  » j’ai un droit de veto. Pape et José n’agiraient pas contre mon avis. Bien sûr, si j’ai le sentiment que l’on insiste sur un jeune, j’accepte. Qu’est-ce que j’ai à perdre dans cette histoire ? Rien. Si c’est la philosophie du club, j’estime qu’un entraîneur n’a pas à intervenir contre ça.  » Homme d’honneur toujours fidèle à lui-même depuis son arrivée sur le Vieux-Port, il ne manque pas de féliciter les deux compères José Anigo et Pape Diouf :  » mes dirigeants savent très bien dans quelle direction on veut aller. Nous sommes sur la même ligne. (…) Ces derniers accomplissent, d’ailleurs, un travail formidable pour moi. Tout fonctionne !  » Etant difficile d’imaginer l’ancien coach de Galatasaray se faire dicter ces belles paroles, on peut constater à raison que l’entente entre les divers protagonistes de l’OM n’est pas si mauvaise que l’on aurait pu le penser. Malgré l’absence flagrante d’un attaquant, celui-ci consent à utiliser les seuls moyens mis à sa disposition. Ses paroles trahissent cependant la pénurie de liquidité à laquelle sont confrontés les dirigeants.

Les difficultés budgétaires
A l’échelle européenne, Marseille peine logiquement comme chacun des clubs du championnat français, la spécificité de la Ligue 1 n’étant plus à démontrer. La sévérité de la DNCG, la lourdeur des charges salariales et le manque de développement structurel constituent de terribles fléaux quasiment insurmontables pour espérer rattraper les rivaux étrangers. Pour autant, l’Olympique de Marseille reste le club le plus populaire de l’hexagone. On pourrait ainsi penser qu’il dispose d’atouts intéressants pour espérer glaner des titres nationaux et concurrencer ainsi une écurie lyonnaise dont le règne peu passionnant tarde à prendre fin. Cependant, malgré la volonté des dirigeants visant à restreindre la masse salariale, celle-ci reste conséquente et, en l’absence d’investissement de Robert Louis-Dreyfus, englobe la quasi-intégralité des recettes. En cas de non-participation à la très rémunératrice Ligue des Champions, l’OM boucle d’ailleurs difficilement ses exercices budgétaires. Une partie des plus-values réalisées sur les transferts sert, selon toute probabilité, à compenser les déficits récurrents. Concernant la saison en cours, il ne dispose notamment pas de l’intégralité de l’argent rapportés par le départ de Franck Ribéry. Le club étant incapable de se constituer une enveloppe pour le mercato de manière autonome, les dirigeants se sont vus contraint de mener une réflexion au sujet de la stratégie à suivre.

Le changement de politique
Avec plus ou moins de réussite, José Anigo et Pape Diouf travaillent afin de réduire les dépenses et pérenniser le club. A l’instar de ce qui se fait à Arsenal depuis quelques années, ils ont peu à peu adopté un dérivé de politique de formation. L’objectif semble désormais résider dans le fait d’encadrer de jeunes talents par des cadres expérimentés afin de faciliter leur épanouissement. Cet hiver, les recrutements de Charles Kaboré et Elliot Grandin ont notamment été effectués dans l’optique d’une éclosion future. De nombreux clubs français ayant adopté la même stratégie, cette politique nécessite cependant une très bonne organisation et une cellule de recrutement performante. En termes de recrutement des jeunes, celle de l’OM livre des résultats plutôt probants. Les Mathieu Valbuena, Steve Mandanda, Taye Taiwo, à degrés divers, en sont l’exemple cette saison. Le centre de formation distille également des joueurs intéressants auxquels il est cependant difficile de donner leur chance. En raison du besoin rapide de résultats, on ne dispose pas à Marseille de la même patience que dans des clubs comme Auxerre ou Le Mans. Ainsi, nombre d’entre eux sont prêtés à des clubs de Ligue 2 afin de peaufiner leur apprentissage. Le problème réside cependant dans la constitution de l’effectif des  » cadres  » pour lequel Marseille ne dispose que de peu de fonds. Que faire pour y remédier ?

Les minces solutions
En terme de recettes, les solutions ne sont pas infinies dans le domaine du sport. Les droits TV étant négociés de manière collective en France, l’essentiel des possibilités restantes résident dans les divers sponsors, les primes obtenues grâce aux résultats notamment en Coupe d’Europe, le merchandising, les recettes guichets et les plus-values réalisées sur les transferts. Concernant les recettes guichets, l’OM ne dispose pas des marges de manoeuvres anglaises et l’augmentation appliquée en début d’année semble difficilement renouvelable. Les primes liées aux résultats en Coupe d’Europe et Championnat dépendent de la faculté du club à afficher des performances régulières, évidemment incontrôlables. Les plus-values sur les transferts sont elles liées à une forme de réussite peu évidente à optimiser. Difficile de faire chaque année des affaires telles celles réalisées avec Franck Ribéry ou Didier Drogba. Côté sponsors, les sondages, les audiences et les affluences attestent de la pôle position de l’Olympique de Marseille en France en terme de popularité. Le club devrait donc bénéficier du contrat de sponsor le plus élevé de l’hexagone ce qui n’est pas le cas (voir ici). Le merchandising, pourtant l’une des priorités de Robert Louis-Dreyfus à son arrivée, ne progresse que lentement.

Il reste ainsi plusieurs chantiers à développer qui, s’ils sont maximisés, pourraient permettre à l’OM de prétendre à reconquérir sa suprématie nationale en terme de rentrées d’argent. Pour cela il faudra néanmoins compter sur la bonne volonté d’un actionnaire principal qui a jusqu’alors orienté les politiques du club selon ses humeurs, ses centres d’intérêt et sur les compétences de dirigeants qui font parfois des choix douteux. Néanmoins, dans l’état actuel des choses et sans repreneur motivé et accompagné d’un portefeuille digne de celui d’Abrahmovic, les possibilités de rivaliser avec les ténors européens et de conserver chaque année ses meilleurs joueurs sont quasiment nulles.