La plèbe et ses hiérarques des virages veulent des têtes et ont trouvé leur roi. Christophe Bouchet, accusé de tous les maux (de tous les mots aussi), fait un coupable parfait.
Le boycott d’un match dont tout le monde se fout
Quel pari culotté ! La venue de Strasbourg est aussi enthousiasmante que la sortie du dernier Hervé Villard. Se priver d’un tel choc (sic), est-ce un sacrifice ou un soulagement ? Le moment n’a pas été choisi par hasard. Strasbourg, Ajaccio, Nantes, Caen. Voilà des affiches qui font rêver et dont il sera difficile de se priver. Bizarrement, le boycott devrait reprendre lors de la venue d’Auxerre et le déplacement à Lyon. Qui pourra dire encore que le calendrier est mal fait ?
La vrai faux alibi des résultats
La saison passée, à l’heure de la qualification pour la finale de la coupe d’UEFA, une banderole immense drapait déjà le virage sud : « dirigeants, cassez-vous« . Les résultats ne sont donc pas la raison. Les luttes de pouvoir et l’argent sont les mamelles de ce ballet sinistre dont nous sommes les témoins impuissants et qui se fait toujours au détriment de qui ? Du club bien sûr.
Saint-Anigo n’a pas choisi ses joueurs
Voilà en substance une des contrevérités qui est régulièrement dans la dialectique des anti-Bouchet. Pourtant c’est Anigo qui a contacté Fabrice Fiorese par l’intermédiaire de Frédéric Déhu, Bouchet n’ayant fait qu’entériner les souhaits de son entraîneur. C’est Anigo qui a recruté Bruno Cheyrou en lui faisant miroiter une place de titulaire. C’est aussi lui qui a voulu Eduardo Costa pour muscler son milieu de terrain. Quant à l’ultime argument, « Anigo a proposé 5 joueurs et tous lui ont été refusés« . Qui étaient-ils ? Des joueurs hors de prix (4 fois le salaire de Drogba pour un Koller ou un Tommasson, qui ne voulaient pas venir (ce qui se passe actuellement à Marseille ne leur donne pas tord) ou qui sont partis par la suite vers des grands d’Europe. Il faut avoir les pieds sur terre. Aucun club français ne peut se payer un Etoo ou un Ibrahimovic (sauf Monaco mais c’est un autre problème).
C’est moi le vrai supporter, c’est pas toi
Avec cette même énergie autodestructrice, les relais du no man’s langue nous abreuvent régulièrement de la même diatribe : qui ne saute pas n’est pas marseillais, qui ne va pas au stade n’est pas un vrai supporter, qui ne chante pas n’est un vrai chanteur, y a t’il un match de foot après la mort, le maillot phocéen se lave t’il mieux à l’envers qu’à l’endroit. Il y a donc une échelle d’amour pour son club comme il y a eu la pensée du « sous-homme« . Tout cela part du même principe : si tu n’en es pas, tu n’en es pas. Pendant que ces guerres intestines (le mot est bien choisi car tout çà sent bon la merde), nos adversaires se régalent.
La préférence marseillaise
Quoique s’en défendent les groupes (c’est donc bien qu’ils sont conscients que leur attitude va dans ce sens), l’entraîneur marseillais n’est pas le fusible qui doit sauter. Là où dans n’importe quel club de la planète on demanderait la démission du responsable sportif, à Marseille on demande celle du président. Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Anigo a une qualité essentielle qui lui permet d’être épargné par la vindicte : il est marseillais.
L’intérêt sportif comme mot d’ordre
Les groupes de supporters reprochent aux dirigeants de prendre les supporters pour des tiroirs caisse, notamment par le fait du développement du merchandising, parent pauvre du club avant l’arrivée du président Bouchet. Or les groupes de supporters en font eux aussi (et ils ont bien raison). Les bénéfices dégagés permettent aux groupes de financer leurs tifos et au club d’acheter des joueurs. Est-ce une hérésie ? Non mais nul besoin d’être cohérent pour tenir ce type de discours apparemment.
Le mensonge comme une arme de destruction poussive
Pour atteindre l’objectif no-Bouchet, outre les manifestations haineuses et les invectives qui descendent des gradins de façon préméditées et organisées, la rumeur est à Marseille une arme redoutable. Qui n’a pas connu un colporteur ayant vu Isabelle Adjani sur un lit d’hôpital à la Timone. Pour le foot, c’est pareil. Robert-Louis Dreyfus veut partir et Christophe Bouchet est chargé de liquider l’affaire. Bouchet a obligé Didier Drogba à accepter, contre son gré, un salaire 4 fois supérieur et à jouer dans une équipe de branquignoles comme Kezman, Makelele, Cech, Carvalho, Duff, Cole, Lampard, Smertin, Tiago, Robben, GudJohnsen (qu’on me dise encore que l’argent n’est pas important dans le football moderne). Tout cela est évidemment faux mais qu’importe, elles seront colportées durant des mois même si c’est avéré.
La machine à perdre
Pour qui a vécu les épisodes des voitures de Pirès et de Dugarry à la Commanderie, on connaît le caractère improductif du côté obscur. Intelligemment, les groupes ont donc choisi le boycott au lieu de la violence. Leurs troupes n’ont pas toutes obtempérées puisqu’une bonne partie s’est bien présentée dans le virage sud dès la première seconde du match. Et pour quoi faire ? Pour siffler et insulter joueurs et dirigeants du club ! Aujourd’hui, Pedretti ne sait plus faire de passe, Costa est doux comme un agneau, Lizarazu fait des bourdes de débutant, Luyindula a perdu son sens du but, Bamogo se Bakaïse, etc … Est-ce le président qui les met dans cet état ?
La communication boomerang façon Bouchet – Diouf
La passion intense des supporters pour leur club les pousse à être attentif aux moindres déclarations. Or Bouchet l’a bien trop ouvert. La « meilleure équipe depuis 10 ans« , « Drogba est intransférable » (même si les plus avertis savaient bien que c’était uniquement pour faire monter les enchères), « la cerise sur le gateau » (qui était paraît-il un certain Dhorasoo), « des résultats pas inquiétants« . Et tout çà pour quoi ? pour faire plaisir au bon peuple. Cette politique du su-sucre se retourne désormais contre lui. A Marseille, il faut fermer son clapet et choisir de rien promettre pour ne pas décevoir. Diouf n’est pas en reste mais poursuit un autre style. A l’heure où l’équipe joue comme les poussins pré-honneur, notre Pape (pas celui du Vatican) nous prend pour des billes avec des tirades dont lui seul a l’audace : « il a tout lieu d’être satisfait » (en parlant d’Anigo après la pénible victoire contre Strasbourg), « pas de crise à l’OM« ). Bref, c’est du grand n’importe quoi et ils semblent l’assumer.
La vérité vient toujours de la plume de Dédé
L’excellent OMnet sous la plume du non moins excellent André de Rocca, a publié un texte fort à propos : « Si l’équipe de l’OM déçoit, c’est que quelque part ceux qui ont négocié les recrutements, en l’occurrence le président Bouchet, le directeur sportif Pape Diouf et l’entraîneur José Anigo ont une part de responsabilité. Pour autant, il faut raison garder, ce n’est pas Christophe Bouchet qui a demandé à Fabien Barthez de rester comme un « santibelli » sur le corner qui a permis à Boskovic de réduire le score; ce n’est sûrement pas non plus Pape Diouf qui a dit à Ferreira de laisser le même Boskovic libre de tout mouvement pour le but de l’égalisation; et promis juré ce n’est pas José Anigo qui a demandé à Lizarazu de donner à Mendy le ballon de la victoire parisienne! Les joueurs de l’OM aiment José Anigo, José Anigo aime l’OM mais on ne me lèvera pas de l’idée que les premiers profitent du second qui les protège beaucoup plus que ne le voudrait la logique. »
L’option espagnole comme seule sortie de crise
Personnellement favorable au système des grands clubs espagnols, l’élection du président de l’Olympique de Marseille par les abonnés permettrait de mettre les acteurs de ce triste spectacle devant leurs responsabilités. Des candidats avec des programmes bien établis et chiffrés pourraient alors se confronter démocratiquement sans qu’une partie du stade ne puisse s’arroger le droit de parler au nom de « tous« . Robert-Louis Dreyfus ne serait bien sûr plus de la partie pour venir au secours de finances insuffisantes. Etre responsable, c’est aussi ne pas croire au Père Noël. Passer d’une logique de contestation à une logique d’action, voilà selon moi le seul remède au mal olympien.