Récit d’un déplacement à Anfield Road(1ère partie)

Vendredi 5 mars, il est 4h du mat sur mon île où s’achève nos vacances, et je suis réveillé. Il faut dire que dans deux heures les Maldiviens de service vont se pointer avec leurs brouettes pour récupérer nos valises en vue de notre proche départ, hélas ! Le rêve s’achève, mais ma nostalgie s’arrête […]

Vendredi 5 mars, il est 4h du mat sur mon île où s’achève nos vacances, et je suis réveillé. Il faut dire que dans deux heures les Maldiviens de service vont se pointer avec leurs brouettes pour récupérer nos valises en vue de notre proche départ, hélas !

Le rêve s’achève, mais ma nostalgie s’arrête lorsqu’une pensée effleure mon esprit : il est 4h, donc 23h à Marseille… et le match doit être fini (même s’il y a eu les prolongations, les tirs aux buts…: seule la qualification compte, peu importe la manière….).
En fait, je ne sais même pas à quelle heure a eu lieu le match !

Ben oui, excusez-moi, je sais, je ne suis pas allé à Dniepnobidule, j’avais réservé avant aux Maldives. C’est aussi à l’est, mais la latitude et la température ne sont pas les mêmes.
Vite mon portable, car même sur une île de 1 km de long sur 50 m de large, en plein milieu de l’Océan Indien, il fonctionne. Hélas !
Mais heureusement on peut le couper et ne le ressortir que pour connaître les résultats (Aie, aie, aie, si mes parents tombent sur cet édito, je suis bon pour une engueulade (même à mon âge on peut en recevoir !)).

Allo ?
Ca va ?
Alors combien ?
0-0….et on joue à Liverpool ! :applause:
Tiens le tirage a déjà eu lieu ?

Quelques mots et bises plus tard :
Put*** ANFIELD ROAD !
C’est quand ?
Bon , le planing : 1/8èmes : jeudi prochain !…. Je n’ai aucune réunion de prévue….Allez congé !

Et voilà impossible de se rendormir, je m’installe sur un transat sur la plage, et attend le lever de soleil… les images se mélangent : Liverpool, le Vél, les crabes qui courent sur le sable, une crainte passagère vite ballayée : les hooligans, le soleil qui se lève, même un bébé requin de 50 cm qui chasse à 1 m du bord…un autre chasseur : Drogba…j’entends le réveil qui sonne à 8 m de là…Vite, évitons de réveiller les enf***** qui n’ont pas finis leurs vacances !

23h15 plus tard, je fais ma revue de presse de la PROVENCE (match aller, Nice, match retour….) et un passage éclair sur le site pour faire un petit coucou à mes équipiers… : Est on passé 3èmes aux pronostics (Allez les Dalmates !). Et puis dodo !

Samedi matin, je téléphone au CCS pour savoir comment cela va se passer :
A quelle heure le départ ?
Combien (bien sûr !) ?
Sera t-on parqué ou pourra t-on se balader ?
Bon je confirmerai lundi soir après m’être assuré de ne pas avoir de contraintes jeudi au bureau.

Je passerai sous silence le match de dimanche soir, vous savez où, et le score n’a pas besoin d’être rappelé !

Lundi au bureau, mon dieu que c’est dur : la reprise, la baffe d’hier soir, la longue liste des mails qui défile sur mon micro… !
Heureusement, rien ne vient contrarier mon plan pour jeudi, et le soir je passe aux Allées pour confirmer sans oublier de pousser jusqu’au Vél pour acheter les places pour le match retour.

Et nous y voilà donc aujourd’hui, jeudi 11 mars 2004, il est 6h30.
Jusqu’à présent je n’ai pas eu de stress, car on a rien à perdre, Liverpool est largement favori et l’OM trop inconstant pour que l’on puisse s’avancer sur un pronostic.
Sur le site j’ai pronostiqué 3-0 pour Liverpool, mais en précisant bien, que c’est parce que je n’ai jamais donné un seul résultat de bon cette année et que je compte continuer encore pour ce match….

Bon, un dernier coup d’oeil à la météo : entre 4 et -2 °, et chute de neige demain matin….Il faut donc bâcher : pantalon de ski, sous pull, pull, laine polaire, anorack, bonnet, écharpe, gants et chaussures de montagne…L’expérience de Belgrade profite.
On rajoute dans le sac un peu de ravitaillement (la bouffe anglaise….), un jetable (autres appareils interdits)…
Un petit déjeuner copieux, il est 7h15, il faut partir. Deux bisous au pitchoun qui se lève : Drogueba va marquer qu’il me dit ! Je veux bien…

Et direction Marignane, l’écharpe à la fenêtre…
Parking P1, déjà beaucoup de voitures.

Le Terminal 1 est déjà bien rempli. 5 avions au départ, le mien doit décoller à 10h30.
Mauvaise nouvelle pour les Ultras : un vol prévu à 9h00 est reporté à 14h00 (problème technique sur l’avion qui se trouve en Grèce…). En fait, ils décolleront vers les 15h00…
Quelques supporters ont trouvé le moyen de venir sans leurs cartes d’identité : retour à la case départ…et ne rejouent pas !
L’EQUIPE et la PROVENCE multiplient encore leurs ventes, les points relais sont assaillis, les bonbons se vendent bien ainsi que les jetables.
Il y a également la queue au Change, vivement que nos amis anglais se mettent à l’Euro. Il est vrai qu’au travers de nos déplacements européens nous apprécions l’universalité de cette monnaie. Tant pis pour les collectionneurs de ferrailles…, quoique chaque pays a ses pièces.

Après avoir récupéré auprès de Jacques (Pélissier) les cartes d’embarquement, passage au portique, bip, bip…non ce n’est pas moi.
Certains font le plein de cigarettes au Duty-free, et les autre lisent les journaux ou font des plans sur la comète…
Enfin, Angélique Joly (quel nom difficile à porter face à une horde de supporters en délire) annonce l’embarquement pour notre vol.

Petit problème : a bord un journaliste qui se trouve mal avant de décoller. Il ne s’appelle pas Berckamp, mais c’est tout comme. Il n’en mène pas large.
Enfin, décollage à 10h50 avec 20 minutes de retard (correct) à destination de Liverpool. 2h10 de vol prévus.
J’en profite pour dormir et prendre des forces avant la longue journée qui nous attend.
De toute façon, il n’y a que des nuages à voir.
Enfin nous arrivons à 12h00 (heure locale :-1h) au John LENNON Airport . A quand le RAIMU ou FERNANDEL aéroport ?

Les cars nous attendent mais avant je me fais alpaguer par 2 journalistes d’une radio locale :
 » Do you speak english ? « 
-“Yèsse ! E littel bit”
– » The score « , ou quelques chose comme ca .
– » 2-1 for Liverpool « , faudrait pas les vexer…
– » Do you think an exciting game ?  »
– » Aaah, yèèèèsse  » (tu parles, si on se fie aux dernières prestations de l’OM …mais il ne faut pas leur dire).
Ils comprennent vite qu’il vaut mieux essayer avec un autre…

Nous partons donc vers le centre ville et les cars se garent sur le parking proche de l’Albert Dock. Nous sommes à 10 minutes du Centre. Rendez-vous à 18h30 heure française (on ne va pas changer la montre pour une ½ journée).

Ballade dans les rues piétonnes, visite des pubs (canons (chansons et chopes) avec les anglais, grands magasins, la boutique du club (on pourrait s’en inspirer), visite du Cavern Quarter : magasin en sous-sol dédié aux Beatles (pas Battles !), pub où ils firent leur première apparition en public (21/02/1961)…et le tout décoré avec des statues des idoles…
Pour rester dans l’ambiance, près du port le fameux  » Yellow submarine «  qui trône sur une pelouse.

Quelques pintes, quelques photos avec les casques des bobbies sur la tête, quelques défilés en chantant … plus tard, il est temps de retourner aux cars qui se sont multipliés sur le parking.Il y en 2 qui viennent de Belgique, d’autres du Nord, et même de Marseille. Des voitures se sont également rassemblées. Il y a un 206 immatriculée en 13 et ils ont fait le voyage à 5 dedans !!!

Nous partons donc vers les 19h (heure française) vers le but de notre voyage : ANFIELD ROAD le Temple des Reds détenteurs de 7 trophées européens.

Une fois descendus du car la tension monte d’un cran car nous commençons à réaliser où nous arrivons. La police montée est là, nous chantons, les plus nerveux sont les chevaux. Nous sommes un peu entassés sur un trottoir, il faut dire que le stade est bordée de ruelles (style Ray-Grassi pour les habitués de l’ancien Vél).
Un rapide déplacement jusqu’à la fameuse grille et la triste stèle en hommage aux victimes des 2 catastrophes qui ont endeuillé l’Histoire du club (Heysel et Sheffield), et je pénètre enfin dans l’enceinte mythique.
Ah si nous avions ça, personne ne parlerait d’Anfield Road mais plutôt du Vél !

Nous sommes placés derrière les buts. En fait, il y a un balcon au-dessus de nous. Pas de fossé, pas de barrières, pas de grillages, une dizaine de sièges de libres entre nous et les anglais: le rêve, une autre planète.