Cela faisait bien longtemps qu’un été n’avait pas donné lieu à autant de transactions, du côté de Marseille. Ce mercato rappelle ceux des débuts des années 2000, lors desquels on gommait tout pour repartir de zéro, en faisant venir des joueurs complètement farfelus. Il a en tout cas été mené de manière énergique par Vincent Labrune, qui n’a économisé ni sa cafetière, ni son imagination. Le patron phocéen a activé quelques circuits de recrutement inédits et, il faut l’avouer, parfois bien obscurs.
Le départ de sept titulaires
Pour Daniel Riolo, le mercato phocéen avait bien commencé, puisque le club était parvenu à se délester de la plupart de ses ego. Titulaires l’année passée, Rod Fanni, André-Pierre Gignac, Jérémy Morel, André Ayew, Giannelli Imbula et Dimitri Payet ont tour à tour quitté le bord de la Méditerranée. La valeur de la masse salariale a ainsi décru à vitesse grand V, tandis que le déficit de 30 millions d’euros a été résorbé et que les caisses du club se sont (très légèrement) remplies. La vente de Florian Thauvin et le prêt avec option d’achat obligatoire de Mario Lemina sont venus s’ajouter à cette première vague de départs. Les deux éléments ayant été l’objet de propositions considérées comme « hors marché », et donc irrefusable, par VLB.
L’OM s’est donc séparé de plusieurs jeunes, avant même qu’ils n’ « explosent » sous ses couleurs, et de la majorité de ses cadres. Difficile de ne pas y voir un affaiblissement conséquent de la qualité de l’effectif.
Une stratégie indéterminée
L’OM a procédé à 39 mouvements, selon la LFP. Des chiffres dignes des années Tapie. D’une certaine manière, Vincent Labrune a tiré un trait sur le passé et s’est assis sur la majeure partie des héritages du travail de ses prédécesseurs, Jean-Claude Dassier ou Pape Diouf. Il a quasi totalement reconstitué l’équipe, ce qui est loin d’être un gage de réussite, si l’on en croit l’histoire marseillaise : il faudra de nombreux mois pour que les automatismes se créent, ce qui constitue autant de retard sur la plupart des concurrents. On peut également s’interroger sur la cohérence des choix du boss phocéen. Les arrivées de dernières minutes de Mauricio Isla, Rolando et Paolo de Ceglie posent question, alors que la priorité paraissait être de trouver un concurrent de qualité à Michy Basthuayi. Ces trois joueurs sortent d’un exercice compliqué et l’on voit mal ce qu’ils peuvent apporter. Les venues de Lucas Silva et Lassana Diarra sont quant à elles plus séduisantes.
Depuis 2012, les dirigeants phocéens privilégiaient le recrutement de jeunes Français. Cet été, le rendu est bien différent. VLB, dont le réseau se développe saison après saison, paraît s’être fait des amis influents en Serie A, en Liga, en Liga Sagres, voire en Premier League. Une collaboration active avec Doyen Sports, le fameux fonds d’investissements de Nelio Lucas, Fettah Tamince, Erick Thohir et quelques autres restés dans l’anonymat, est évoquée.
L’ombre de Doyen Sports
Ces dernières semaines, de nombreux médias se sont intéressés à Doyen Sports, lequel aide certains clubs à « conserver ses meilleurs joueurs » et à « être plus compétitif », selon son patron Nelio Lucas. Pour parvenir à cela, il rachetait jusque-là une partie des droits des joueurs, ce qui s’apparente à de la tierce propriété (ou la TPO, third-party ownership, Ndlr) et est interdit par la FIFA depuis le 1er mai 2015. Il investit désormais directement dans les clubs (comme Milan ou Porto, Ndlr) et a annoncé, en décembre 2014, qu’il mettrait des billes « en France la saison prochaine »…
Du côté de Marseille, le projet Dortmund est aujourd’hui une stratégie désuète. Le fait, hypothétique, que Doyen Sports ait mis un pied dans le club pourrait expliquer le départ de nombreux joueurs ne faisant pas partie de leur portefeuille. Cela justifierait également les nouveaux circuits de recrutement olympiens. D’après 20 Minutes, le fonds d’investissements est intervenu lors des transferts de Giannelli Imbula, Matheus Doria, Modou Sougou, ou encore à l’occasion de l’arrivée de Michel. Certaines théories vont même jusqu’à lier le départ de Marcelo Bielsa à cette collaboration, mais nous n’irons pas jusque-là. On ne peut d’ailleurs pas ne pas parler de la démission de l’Argentin, laquelle n’a pu avoir qu’un impact négatif sur les affaires provençales.
On saura, d’ici quelques mois, si Vincent Labrune est un génie ou, simplement, un président inexpérimenté. À première vue, la saison ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices : pourvu d’un effectif complètement chamboulé, à n’en pas douter affaibli et assemblé sans ligne directrice claire, Michel devra se transformer en magicien pour créer une bête de compétition. Quant à l’association supposée avec Doyen Sports, difficile d’y voir un intérêt au sortir d’un mercato si inquiétant. Une fois de plus, on ne peut que déplorer que les ambitions de Margarita Louis-Dreyfus ne soient pas en harmonie avec le standing et la popularité de l’OM.