Jeudi 5 octobre 2006, c’est sous les coups de 20h30 que sonna la fin officielle de la brillante carrière de Fabien Barthez. Cette annonce, bien qu’attendue depuis des semaines, fait mal au coeur car elle laisse un vide dans nos surfaces françaises. Fabien est bien plus qu’un gardien, c’est un personnage atypique, il avait ce petit plus qui sépare un joueur du statut de très bon à celui de mythe.
Sa carrière débute le 21 septembre 1991 avec Toulouse lors d’une rencontre l’opposant à Nancy. Cette saison, il dispute 26 matchs, dont un extraordinaire contre l’OM. Bernard Tapie décida de l’engager sur le champ comme doublure, rôle qui évoluera très vite.
Arrivé donc à Marseille lors de la saison 92/93, il est tout d’abord le remplaçant du fantasque Pascal Olmeta. Mais ce dernier va se blesser, Fabien prend alors les gants pour ne plus jamais les lâcher. Lors de sa première saison olympienne, il montre des qualités exceptionnelles pour un gardien de son âge, aidant les olympiens à rester au sommet du championnat et à passer étape par étape le parcours européen jusqu’à la derniere marche. Cette finale, où il domine des attaquants de classe mondiale tels que Van Basten ou Massaro, va montrer au monde son talent qui lui permet de soulever la coupe aux grandes oreilles faisant ainsi de lui le plus jeune gardien titulaire vainqueur de la Ligue des Champions (détrôné depuis par Casillas pour quelques mois).
La saison d’après est encore réussie pour notre Fabien qui connaît à la fin de celle ci le bonheur et une grande désillusion. Lors de l’été 94, il connait l’immense joie de sa première sélection en équipe de France contre l’Australie. Tout aurait pu être radieux pour lui mais voila, l’OM est relégué en D2, et là où bon nombre de joueurs sont partis craignant pour leurs carrières internationales, Fabien, lui, montre une fidélité à toute épreuve pour l’OM en restant afin d’aider le club a remonter le plus vite possible.
Malgré le titre de champion de D2, la Ligue décide de maintenir l’OM en seconde division pour soucis financiers, et pour Fabien il est alors temps de partir d’un club qu’il aime tant. Le Divin Chauve se dirige vers la Principauté de Monaco où il va passer cinq saisons. Il y devient champion de France pour la première fois officiellement en 1997 (il est aussi champion en 2000, le titre de 1993 avec l’OM est retiré suite à l’affaire OM VA). Mais le coeur de Fabien bat toujours pour l’OM comme en témoigne ses déclarations au moment de « l’affaire Gallardo », où lorsque toute la France du foot se déchaîne sur notre club, lui, le partenaire monégasque de Marcelo, déclare qu’il ne faut pas en faire une affaire d’état et que Gallardo n’a quasiment rien étant donné qu’il peut toujours s’entraîner et jouer correctement.
Durant cette période monégasque, Fabien change progressivement de statut en équipe de France passant de remplaçant lors de l’Euro 96 à titulaire juste avant la Coupe du Monde. Lors de cette compétition il est impeccable, réalisant des parades de classe mondiale. Sa décontraction lors des grosses échéances étonne même ses propres coéquipiers (la fameuse « gigite » avant les tirs au but contre l’Italie en quart de finale puis le fait qu’il ne sait même pas que la France est qualifiée suite au loupé de Di Biagio). Si on ne devait retenir qu’une seule image de lui lors de cette coupe du monde cela serait incontestablement sa sortie autoritaire contre Ronaldo en finale.
Après cette épopée qui fait de lui le meilleur gardien au monde, l’Euro 2000 arrive. Cette compétition est de nouveau l’occasion de constater toute la classe de ce gardien hors norme qui mène son équipe à une nouvelle victoire malgré le premier choc qui l’opposa au célèbre collina qui siffle un pénalty en faveur de l’Espagne alors qu’il n’y a pas faute mais justice était faite puisque Raul le rate.
L’été 2000 est marqué par son transfert vers le grand Manchester d’Alex Ferguson afin de remplacer Schmeichel pour une somme avoisinant les 80MF. Il est rapidement surnommé « Fabulous Fab » et étonne les britanniques par son style de jeu spectaculaire. Il réalise là bas deux très bonnes saisons où il fut champion dès sa première année.
Arrive le premier gros échec de cette génération doré de l’équipe de France en 2002 avec le mondial en Corée qui tourne vite en véritable cauchemar. Malgré ce naufrage collectif, un homme tient bon et cette homme n’est autre que notre Fabien national qui sauve la France d’une plus grosse humiliation.
Lors de son retour à Manchester, Fabien fait une bonne moitié de saison puis commet quelques bourdes qui n’empêche pas Manchester d’être champion. Mais une élimination en quart de finale contre le Real Madrid avec un triplée de Ronaldo et Barthez est montré du doigt (alors qu’il ne peut pas grand chose sur chacun des buts) et a comme conséquence de voir Fabien finir la saison sur le banc.
Les dirigeants mancuniens décident lors de l’été 2003 de recruter le gardien américain Tim Howard ouvrant ainsi le marché américain au déjà richissime Manchester. Alex Fergusson, qui veut retitulariser Barthez pour la saison 2003-2004 est obligé de le mettre en tribune (Barthez avait demandé à l’être plutôt que sur le banc) écoutant ainsi les consignes des hauts dignitaires des Red Devils obligeant la titularisation du nouvel arrivant. Les raisons de cette mise à l’écart sont expliquées à Fabien qui ne perd pas pour autant son sens du professionnalisme. Il se met alors à travailler encore plus à l’entraînement sans se plaindre dans les médias. Certains devraient prendre exemple sur lui…
A l’automne, l’histoire d’amour entre Fabien et la cité phocéenne va renaître avec comme raison la blessure de Cédric Carrasso (deuxième gardien à l’époque) lors d’un match de bienfaisance contre l’équipe de France. Les dirigeants de l’époque se voient dépourvu de second gardien et une idée germa d’un coup dans leurs têtes: faire revenir Fabien qui est en disgrâce à Manchester. L’OM n’est pas seul sur les rangs (Arsenal notamment voulait recruter le portier de l’équipe de France) mais son coeur est olympien et quand les dirigeants marseillais lui proposent ce challenge, il accepte. Un problème juridique sur sa date d’arrivée va retarder le transfert qui se finalise lors du mercato hivernal. Deuxième soucis, l’arrivée de Fabien va mettre sur le banc Vedran Runje, chose qu’il n’accepta pas du tout et une autre polémique commença à naître du coté de la cité phocéenne. Les deux gardiens entretiennent visiblement de bons rapports mais cette situation n’est pas vivable pour le Croate qui doit laisser sa place.
Le retour de Fabien dans les cages olympienne est marqué par une qualification contre Strasbourg où il marque le penalty décisif lors d’une séance de tir au but dont il est le héros. Sous les ordres d’Anigo, l’équipe emmenée par le goléador Drogba va vivre une magnifique épopée européenne où Fabien montre alors à quel point avoir un gardien de sa classe peut être important. Mais la carrière de Fabien est toujours mouvementée et en finale le chauve italien expulse Fabien honteusement en déclarant à la fin du match « j’étais obligé de le sortir car Barthez aurait pu stopper ce penalty ».
Passé cette déception, Fabien doit se consacrer de nouveau à l’équipe de France dans leur opération « rachat » au cours d’un Euro 2004 qui est une nouvelle fois une déception. Éliminé par de modestes grecs (futurs vainqueurs de l’épreuve) au stade des quarts de finale, il est une nouvelle fois un des seuls français à justifier sa réputation par des performances exemplaires.
La saison 2004-2005 est décevante pour l’OM avec de mauvais résultats sportifs et de nombreux mouvements dans l’organigramme olympien, ce qui n’empêche pas Fabien de réaliser de très bons matchs. Cette saison est marquée par « l’affaire du crachat » dans un match amical contre le WAC. Le monde du foot et même celui de la politique vont alors s’emparer de l’affaire attaquant Fabien de toutes parts sans avoir vu les raisons de son acte. Il faut faire un exemple et Fabien va en payer les conséquences, il écope de 6 mois de suspension auquel il faut rajouter dix TIG alors que la commission a donné 3 mois en première instance. Cet alourdissement de sanction vient d’une pression ministérielle…
Cédric Carrasso assure alors l’intérim pour le début de la saison 2005/2006. Fabien revient de suspension sans avoir voulu créer de polémique mais une nouvelle histoire va lui tomber sur la tête sans qu’il ne le veuille : la jalousie d’un gardien aux mèches blondes va faire parler la France et tenter de le déstabiliser. Pendant sa suspension, le gardien d’un club quart de finaliste va assurer l’intérim mais la vanité et l’orgueil mal placés vont créer un débat qui va durer des mois. Ce gardien connu pour ses célèbres pubs pour des céréales entre alors dans une véritable campagne électorale où les français jugent plus le sourire que le programme. Seulement, ce qui aurait pu éventuellement marcher en politique ne l’est pas en foot, et les performances sportives priment. C’est pourquoi le Divin Chauve continue d’être le n°1.
Cette dernière saison en club est très bonne. L’OM frôle la troisième place et échoue de justesse en finale de coupe de France dans un stade de France qui a tant souri à Fabien par le passé. L’occasion pour lui de faire un dernier pied de nez en n’allant pas chercher sa médaille de finaliste, prétextant une envie pressante.
La dernière compétition de la grande carrière de Fabien Barthez arrive alors. La Coupe du Monde en Allemagne où les Français ne partent pas favoris au début de la compétition. L’équipe de France monte en régime et réalise de très belles performances contre des équipes comme l’Espagne ou face aux brésiliens. Barthez est au diapason de son équipe en réalisant de très bons matchs. Pour ce qui va être alors son dernier match de sa brillante carrière, Fabien va vivre une seconde finale de coupe du monde, malheureusement elle n’eut pas la fin espérée…
Et voila que notre Divin Chauve s’éclipse laissant une trace dans l’histoire, comme étant le meilleur gardien français de tous les temps. Ils nous a fait le plaisir d’avoir marqué non seulement le football français mais aussi l’histoire de notre club. Pour nous avoir fait vibrer, rêver et gagner, nous ne pouvons que dire Merci à ce grand monsieur du foot et lui souhaitons bonne chance pour sa future vie en dehors des pelouses de France et de Navarre…